La Scène d'exposition.

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Je ressors du cours en baillant. Ce n'est pas que la prof est inintéressante, mais on nous sert du romantisme à la louche depuis quatre ans. Alors certes, le Master nous permet d'aborder des thématiques différentes et avec davantage de profondeur, mais le sujet reste le même.

Je m'étire bruyamment et accroche du regard Chloé qui se faufile entre un groupe d'élèves discutant de vive voix.

Je me rapproche subrepticement d'elle et marche à ses côtés.

C'est l'heure de la deuxième manche.

-On va chez toi ?

Elle sursaute et me lance un regard en coin.

-Une autre fois, j'ai un cours sur les poètes de la Pléiade là.

Je ricane et l'attrape par le bras pour la tirer discrètement vers moi.

-Quelle horreur, raison de plus pour sécher et aller chez toi. Allez, en avant jeune fille !

Consternée, elle regarde autour d'elle pour voir si on nous observe, puis elle soupire.

-Allons Chloé, ne me dis pas que tu as déjà oublié les termes de notre accord ?

Chloé secoue la tête mais fait la moue.

-Parce que ça inclut aussi de sécher les cours et rater mon année ?

Je ne peux m'empêcher de ricaner.

-Ca inclut toutes les fantaisies qui me passent par la tête, aussi folles soient-elles. Et puis, ce n'est pas comme si tu avais besoin d'assister aux cours vu ton niveau, alors autant prendre un peu de bon temps en ma compagnie, tu ne penses pas ?

Elle fait la moue mais je peux voir que mon compliment la touche. Aussi, elle cesse de résister et me suit sans discuter davantage.

Arrivés chez elle, la damoiselle s'empresse de faire du café pendant que je prends place dans le canapé. Comme la dernière fois, je jette un coup d'œil distrait à ce qui m'entoure pendant que je l'entends s'agiter dans la cuisine. Elle revient dans la pièce après quelques minutes et dépose une tasse fumante sur la table basse devant moi, avant de prendre place dans un siège en face.

Dans le silence le plus complet, alors qu'elle me dévisage avec curiosité, se demandant sans doute ce qui l'attend, je prends ma tasse et souffle doucement dessus.

Je lui rends son regard sans ciller et je trempe mes lèvres dans le café brûlant; Mon dieu que j'aime ce contact chaud, en particulier lorsque je le sens descendre dans ma gorge. Ca fait partie des petits plaisirs de la vie que j'affectionne tout particulièrement.

Mais pas autant que l'idée que j'ai en tête pour la pauvre damoiselle devant moi.

-Merci, je lui dis après ma première gorgée. Pour le café.

Ma soudaine prise de parole lui fait écarquiller les yeux, puis elle hoche timidement la tête. C'est amusant de voir comment mademoiselle bronche à peine quand je lui bouffe le cul dans des toilettes publiques, mais qu'elle perd ses moyens dès qu'il s'agit de recevoir un compliment sur son hospitalité.

Quelque part, c'est assez touchant.

Le silence se prolonge, je vois bien que ça la met mal à l'aise et j'en profite. Je veux la faire mariner encore un peu, qu'elle ne sache pas sur quel pied danser et se perde en conjectures. Est-ce qu'elle s'attend à ce que l'on poursuive notre petite séance de tout à l'heure ? Ou au contraire regrette-t-elle de s'être allée comme ça ?

Il faut que j'en ai le coeur net, que je la pousse à m'avouer ses pensées.

La tasse vidée, je la repose sur la table et me lève brusquement. Je m'approche d'elle tranquillement, contourne le fauteuil et viens me positionner dans son dos.

On l'appelle MephistoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant