Epilogue.

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Le vent souffle sur la place, faisant s'agiter les branches et s'envoler les feuilles au-dessus des centaines d'étudiants qui la traversent.

Assis sur le parvis de l'université, adossé à un pilier, je me perds dans la contemplation de cette nature délaissée alors que ma cigarette se consume entre mes lèvres.

Le semestre touche à sa fin et je mentirais en prétendant que j'ai vu le temps passer ces derniers jours.

J'ai passé le reste de la journée avec Chloé, somnolant contre elle, nos corps emmêlés jusqu'à ce que je récupère des forces. Puis, alors qu'elle dormait paisiblement, j'ai rassemblé mes affaires et je suis rentré chez moi sans un mot.

Je n'ai pas eu de nouvelles de la soirée, sans doute se reposait-elle. Mais je sais que je vais la revoir aujourd'hui.

Cela ne manque pas, aujourd'hui encore elle fait forte impression. J'admire sa silhouette alors qu'elle fend la foule dans ma direction. Je lui adresse un discret signe de tête alors qu'elle me sourit et presse le pas.

J'écrase ma cigarette sur le marbre de l'escalier. La cloche retentit, sonnant l'intercours. Les étudiants se pressent en direction de leurs salles respectives dans un joyeux chaos qui symbolise la fin du semestre et donc la fin des partiels.

-J'avais peur de ne pas te voir ce matin, me salue-t-elle une fois devant moi. Tu es parti sans prévenir hier du coup j'ai eu peur d'avoir quelque chose qui aurait déplu.

Je la rassure d'un sourire.

-Tu n'as pas apprécié ? Je lui demande en la fixant du regard.

-Oh si bien sûr ! C'était... c'était... incroyable ! Mais... et toi ? Tu as apprécié ?

-Tu as été parfaite Chloé, au-delà de toutes mes espérances.

Mes mots la rassurent, je vois ses épaules se détendre, pourtant la gêne persiste chez elle.

-Je suppose que maintenant c'est fini ? me demande-t-elle finalement.

Je sais à quoi elle pense, elle voudrait plus. L'intimité qu'on a partagé est unique et surtout parfaitement nouvelle pour la damoiselle. Malheureusement je suis incapable de lui donner davantage et il faut qu'elle l'entende.

-Notre contrat touche à son terme, j'ai rempli ma part et tu as payé le prix. Maintenant tu vas pouvoir poursuivre le chemin que tu t'es tracé. Tu as ouvert une porte, c'était la première étape et tu l'as franchie avec brio. Mais cela ne fait que commencer. Tu es débarrassée de tes chaînes, tu es libre et la vie te tend les bras alors à toi de la saisir, d'en profiter un maximum pour n'avoir aucun regret.

-Et toi et moi, alors ?

Je souris.

-C'est-à-dire ?

Elle est embarrassée mais prend son courage à demain, comme elle a appris à le faire avec moi jusqu'à présent.

-Est-ce que c'était vraiment la dernière fois..?

-Tu voudrais recommencer ? je lui demande avec un sourire moqueur.

Chloé prend le temps de réfléchir à ses prochains mots.

-Je mentirais en prétendant que ça ne me fait rien que tu coupes court à notre relation comme ça. Je pense que j'ai besoin de digérer tout ça avant de prendre une quelconque décision mais... mais si après ça j'en avais envie, tu t'occuperais encore de moi comme tu l'as fait hier ?

Mon sourire se fait plus doux, caressant, rassurant.

-Si l'envie te prenait, Chloé, tu n'aurais qu'à demander. C'est ce que je t'ai toujours répété et c'est encore plus important maintenant. Il te suffit de formuler tes désirs.

Elle hoche la tête, se mord la lèvre et pose la question qui la hante.

-Tu penses vraiment que ça n'aurait pas marché entre nous ?

Ma main se pose sur sa tête et la caresse doucement alors que nos regards s'entremêlent.

-J'en suis intimement convaincu. Je n'ai rien à t'offrir, Chloé. J'étais là pour t'aider à te relever et t'affirmer, mais regarde-toi maintenant. Tu es belle, désirable, fière, assurée. Tu es resplendissante, tu es devenue une femme forte et indépendante. Tu n'as pas besoin de moi, tu n'as besoin de personne. Pour ce que ça vaut, je suis particulièrement fier du chemin que tu as parcouru et ces moments que nous avons partagé demeureront gravés dans ma mémoire.

Mes mots ont l'air de la toucher et un triste sourire illumine ses lèvres.

-Quelque part je suis heureuse si j'ai pu moi aussi t'offrir quelque chose.

Je lui rends son sourire, me recule et fais demi-tour en agitant la main.

-Prends ton temps et appelle-moi si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver.

Justine, restée en retrait durant tout l'échange, lui adresse un signe de tête et m'emboîte le pas, mon sac entre les mains.

-Tu aurais pu rester avec elle.

Ce n'est pas un reproche, juste une observation.

-Tu sais bien que non, c'est toujours pareil.

-Pourtant là ça aurait pu être différent. Tu l'as dit toi-même, elle n'est pas comme les autres.

Je secoue la tête et décide de m'allumer une seconde cigarette.

-Tu sais comme je suis, je ne peux pas me contenter d'une relation stable et saine, j'ai le vice dans la peau et un besoin irrépressible de le partager. Chloé est une fille bien, elle mérite mieux qu'un type comme moi. Il lui faut un prince charmant sur son beau cheval blanc, pas un démon manipulateur et volage.

Justine sourit à son tour. Ce n'est pas la première fois qu'elle assiste à une scène de ce genre, elle a l'habitude. Elle tend la main, vole ma cigarette et la porte à ses lèvres pour en tirer une longue bouffée.

-Et quel genre de femmes faudrait- il à un démon manipulateur ?

C'est à mon tour de sourire.

-Une succube, un peu comme toi.

Mon bras entoure ses épaules, je l'attire à moi tandis que l'université s'efface peu à peu derrière nous, gardant avec elle les souvenirs de ce semestre fort en émotion, et la douce Chloé enfin émancipée.

On l'appelle MephistoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant