La consécration.

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Après cet événement, chacun reprend sa route pour quelques jours. L'oral approchant, nous décidons sans nous consulter de nous y préparer chacun de notre côté.

Je pense que nous avons tous les deux besoin de temps pour réfléchir à la suite. Chloé doit sans doute essayer ses nouveaux habits, réfléchir à la manière dont elle veut se comporter, quelle femme elle souhaite devenir, ce genre de réflexion intense qui exige d'être seule et tranquille.

Pour ma part, je me prépare psychologiquement parce que je sais que notre contrat va parvenir à son terme. Je peux le sentir.

La pression, l'envie et la frustration montent en moi, j'attends ce moment avec impatience. L'oral en lui-même est une bagatelle, je suis certain de mes compétences et de mes connaissances et Chloé est suffisamment studieuse pour que ce soit un succès.

Mais ce sera l'occasion pour ma muse de s'émanciper et de s'assumer, un moment auquel j'ai envie d'assister en me tenant au premier rang.

Je résiste à l'envie d'appeler Justine pour assouvir mes pulsions, je sais qu'elle est en période d'examens et je n'ai pas envie de la déranger juste pour me détendre. J'ai suffisamment d'orgueil pour ne pas vouloir me laisser contrôler par des pulsions primitives.

Je ne suis pas un animal, après tout.

Au lieu de ça, je décide de réserver toute cette envie pour Chloé, je prends sur moi et conserve mes forces pour la damoiselle.

Le matin de l'oral je me réveille en avance. Nu sur mon balcon, face à la ville, je déguste mon premier café de la journée. L'air frais du matin vient me caresser la peau, je tends le bras, attrape mon paquet et en sors une cigarette.

A moitié allongé dans le fauteuil, le briquet craque, la flamme jaillit, la clope crépite alors que j'inspire. Devant moi, la métropole s'éveille avec le soleil derrière les montagnes.

Le ciel se teint doucement d'un ocre qui remplace le noir tacheté de la nuit, les lumières s'allument aux fenêtres des immeubles et la fumée s'élève en volute bleutée devant mes yeux.

Il y a une forme de beauté très romantique dans ce paysage, je savoure pleinement cet instant unique, perdu dans ma bulle avant de devoir me préparer pour l'université.

La cigarette terminée, la tasse vidée, je taille soigneusement ma barbe, coiffe mes cheveux en une queue de cheval et sélectionne dans ma penderie un costume digne d'aller avec mes mocassins pour l'oral.

Je décide finalement d'envoyer un message à Chloé :

Je veux que tu mettes tes nouveaux habits pour aujourd'hui.

Simple mais efficace. Je garde les effusions pour nos retrouvailles parce que j'ai la certitude qu'elle obéira. Ca lui tient sans doute plus encore à coeur que moi. Chloé a envie au fond d'elle de montrer à tout le monde sa transformation.

Peut-être que la damoiselle comptait déjà le faire sans mon message, ou peut-être qu'elle avait besoin d'un dernier encouragement avant de se lancer dans le grand bain.

Dans tous les cas, cette journée sera déterminante pour elle.

Et quelque part, en un sens, pour moi aussi.

La place devant l'université pullule de gens pressés se rendant à leur prochain cours. Pour ma part, je suis tranquillement adossé à un pilier du parvis, mes lunettes de soleil sur le nez, à guetter ma complice.

L'afflux d'étudiants se tarit finalement, ne laissant derrière lui que ceux qui désirent flâner sur les bancs ou qui s'apprêtent à partir pour la bibliothèque.

On l'appelle MephistoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant