— Maman, c'est quoi ce point qui brille ?
Sous son allure de dragonne, la reine releva la tête et souleva ses grandes paupières couvertes d'écailles pour apercevoir l'infime détail dont lui parlait son enfant. Il fallait dire qu'avec ses yeux gigantesques, Enora pouvait difficilement distinguer autre chose que la toile grise du ciel, mais il était hors de question que sa fille s'enrhume. Alors elle souffla, et deux volutes de fumée anthracite eructèrent de ses narines.
Calissa, blottie confortablement contre son ventre, battait de ses mains potelées pour éclater ses bulles brûlantes qui les accompagnaient. Des tatouages éphémères habillèrent sa peau cannelle de mille arabesques, avant de s'effacer, emportées par le vent.
Enfin, la reine reprit forme humaine, et enlaça son enfant par la taille. Du haut des falaises glacées, il valait mieux éviter de la laisser s'approcher du bord. Calissa était imprudente : ses nombreux bleus marquant ses bras d'enfant en attestaient.
— Quel point ? demanda-t-elle en pivotant la tête, et dénombrant un nombre incalculable d'étoile.
— Celui là ! indiqua l'enfant qui pointait d'un geste vague le firmament.
Et une flammeche jaillit de son index. Elle survécut quelques minutes, avant de s'éteindre, tuée par le froid hivernal. La surprise passée, la petite princesse rayonna de fierté, oubliant sa question délicate.
— Maman, maman, tu as vu ? Tu as vu ? j'ai réussi ! Je suis une vraie dragonne, comme toi !
Enora hocha la tête.
— Tu as toujours été une vraie dragonne, mon petit ange.
En prononçant cette simple phrase, Enora anima plus d'étoiles dans les yeux de sa fille que dans le ciel.
— Ça veut dire que je pourrais me transformer ?
Sa mère lui caressa les cheveux d'un geste tendre. Hélas, non.
— Pour ça, il faudra encore attendre un petit peu, stipula-t-elle en tapotant sur le nez de sa fille impatiente.
Cali fit la moue, déçue de ne pas pouvoir déployer de grandes ailes osseuses, ou d'arborer de flamboyantes écailles sur ses joues. Elle tourna la tête, en direction des différents campements qui jonchaient le sol granuleux.
— Maman, pourquoi Tilly n'a pas pu venir avec nous ? demanda-t-elle de sa voix fluette, peinée.
— Le mont de cristal est réservé aux reines, et aux futures reines. Ta sœur est destinée à être une princesse toute sa vie. Lorsque tu seras majeure, toi tu gouverneras.
— Mais c'est pas juste ! gronda la fillette. Tilly a le même âge que moi. Nous devrions être reines toutes les deux !
Enora pouffa de rire, resserrant ses bras autour de sa petite dragonne qui prête à s'enfuir, se débattait déjà.
— Ça ne fonctionne pas comme ça. Viens, je vais te montrer quelque chose.
Intriguée, Cali se mit debout, la main piégée contre celle de sa mère, et elles se mirent à avancer. Sur le plateau montagneux, ce coin était le seul que la neige, et le froid mortel, avaient épargné. Un coin qui se rétrécissait d'année en année comme pour présager un malheur sur le royaume des dragons.
Rapidement, Enora rabbattit un pan de sa cape pour engloutir sa fille et ainsi la préserver de la poudreuse qui ne manquerait pas de la terroriser. Elles penetrèrent dans la grotte, au centre de la plaine glacée.À l'intérieur, on pouvait asseoir plusieurs figures autour d'une table ronde. Enora prit place, portant sa fille sur ses genoux. Une fée, aux cheveux blancs comme le lys s'assit à sa gauche . Une autre femme habillée d'un chaud manteau de fourrure, et de griffes de fer, accapara la place de droite. Peu à peu, la table se combla de dix reines. En temps normal, elles se comptaient au nombre de douze, mais l'une les avait quittées bien tôt, l'autre n'était pas encore arrivée.
Cali les devisagea, silencieuse, une par une. En face d'elle, une autre enfant s'amusait à tresser ses cheveux de serpents, malgré le bandeau qui lui couvrait les yeux.
A son âge, Calissa ignorait tout des dangers du monde des ombrumes. Partagé en douze royaumes, il mélangeait viscieuses et féeriques créatures. Toutes désignées par le même nom : ombrumes. Les flamboyants phénix, les discrets fantômes ou encore les gorgones et leur reine aux instincts meurtriers.
Enora soupira : elle n'aimait pas l'idée que sa fille soit amenée à converser avec ces geleuses d'âmes. Pas plus que celle de céder à son enfant un jour le lourd fardeau du trône.— Tu vois ce symbole ? demanda-t-elle à la petite dragonne en désignant le dessin d'une flamme gravée dans le bois.
Elle passa sa main au dessus de la gravure, et un halo de lumière ocre jaillit de sa paume. Quand il s'étouffa, l'emblème du royaume, le crachat d'un dragon, apparut au dos de sa main.
— Ça fait mal ? s'enquit la petite Cali d'une voix hésitante.
— Pas le moins du monde. Tu veux essayer ?
La petite acquiesça. Elle avança prudemment ses doigts, et déplia son poing, manquant de le retirer quand une première chaleur lui caressa la peau.
Elle sourit.— Maman, regarde, regarde, j'ai la même marque que toi !
Certaines reines échangèrent avec Enora un regard complice. La plupart avait déjà un enfant, d'autres s'attendrissaient de voir les premiers pas de la jeune Calissa dans cette grotte. Comme elles plus jeunes.
— Ça veut dire que tu seras une grande reine, ma Cali, s'enchanta sa mère, en lui frôlant la joue.
— Une grande reine comme toi ?
Elle se pencha en avant, veillant à ce qu'aucune des autres Majestés ne l'écoute,et lui murmura :
— Mieux encore. La plus grande reine que le monde des ombrumes n'ait connu.
***
Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien.
Premier jour, premier jeu.
Pour commencer, je vous propose un émoji-film.Le concept est simple. Je vous montre quatre emojis, et vous devez deviner quel film se cache derrière.
Cette année, je ne prendrais que des films en rapport avec l'hiver.
💀🎅👻🎃
🎅🧚♀️🐇😴
❄️👶🐅🐘
🧊🚢❤️💎
Plein de bisous et à demain 😘
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Brun Cannelle (terminée)
FantasyPersonne ne peut oser dire non à la princesse Calissa, première fille du roi des dragons. Personne ne peut envisager lui tenir tête Personne ne peut espérer la rabaisser. Du moins, c'est ce que Calissa croyait. Jusqu'au jour, où une étrange let...