9-L'amour D'une Mère

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«Evangeline, Aidez-moi s'il vous plaît  »

Un nouveau mirage s'étala au fond de la grotte, éclairé par des milliers de cristaux colorés. Calissa tendit une main vers eux, hypnotisée par son propre reflet couvert de givre.

«Sans en dire plus, la reine des fées comprit. Elle installa la jeune princesse sur un lit-nuage, et demanda à ce qu'on lui apporte de chaudes couvertures, ainsi qu'une bouillotte.

Enora la regardait avec espoir, mortifiée.

— Est-ce qu'elle est...

— La mort ne l'a pas emportée, expliqua la reine ailée en secouant sa chevelure blanche. Je ressens encore un peu de magie en elle.

— Vous allez pouvoir la réveiller, n'est-ce pas ? s'enquit le roi, un poing sur le matelas féerique.

Personne ne comprenait mieux l'amour d'un parent pour son enfant que la reine Evangeline. Génitrice de douze enfants, elle leur apportait toujours l'attention dont ils nécessitaient.

— Les meilleurs médecins arriveront d'une seconde à l'autre. Ils sauveront votre petite Calissa, j'en suis certaine.

En effet, la porte principale s'ouvrit en trombe, et des fées en uniforme vert encerclèrent rapidement l'infortunée. Evangeline conseilla aux parents de s'écarter, le temps que bon nombre de soins médicaux soient donnés.

Enora refusa, pretextant vouloir suivre jusqu'au bout le rétablissement de sa fille. Les portes de refermèrent, et le mirage s'envola.  »

Des perles de rubis, ou de sang séché, plurent depuis le plafond. Calissa entendit des pleurs, des excuses, des remords. Parmi eux, elle repera le timbre de sa mère.

« — Il y a forcément un moyen de la sauver !

En plus des bouillottes et des couvertures enchantées, Calissa avait été la cible de tant de sortilèges que son teint avait pris une étrange nuance bleutée.

— Il y en a un, admit Evangeline, revenue seule dans l'infirmerie royale. Mais, vous devez savoir qu'il n'est pas sans conséquence.

Pourtant la reine des dragons n'hésita pourtant pas. Elle confirma d'un signe de tête sa decision. Puis, d'un geste doux, elle accola sa main à la joue pâle de sa fille.

— Accroche toi, ma Cali, tu vas t'en sortir, lui susurra-t-elle, avant de se tourner vers l'ailée. Ne prévenez pas Emiguel avant d'avoir terminé. Il s'y opposerait.

Enora, prenez un moment pour y réfléchir. C'est un rituel dangereux et...

— Si l'une de vos filles  était dans le même état que Cali, prendriez vous une minute pour y réfléchir ? répondit la dragonne, plus agressive.

Evangeline ne rétorqua rien. Elle leva la tête, et impassible , donna son premier ordre aux médecins royaux :

Faites le.  »

La vision se brouilla, peut-être pour épargner à Cali les souffrances indescriptibles qu'aurait endurées sa mère. Peut être parce que la magie de cette grotte avait ses limites en matière de bienséance.

« Lorsque la scène reprit, Enora reposait, allongée sur un autre nuage. Le père de Calissa s'était précipité à son chevet, pétri d'angoisse.

— Qu'est ce que tu as fait ?

— Notre fille s'est réveillée.

— Tu aurais pu te tuer.

Brun Cannelle (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant