6- Perdue Au cœur De L'hiver

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Bien qu'elle ait revêtu son plus chaud manteau, et des gants de laine blanche, Calissa tremblait de froid.

Oui, de froid, évidemment. Comment la peur pourrait avoir un quelconque lien avec ses dents claquantes et ses pas maladroits?

Ridicule.

— Eh oh, maître chanteur ! appela-t-elle en plaçant ses mains en porte voix. Je suis là.

La forêt des ombres, ou forêt noire, portait merveilleusement bien son nom : impossible d'y voir à plus de deux mètres. Si encore, Calissa avait pu se transformer pour survoler ces bois, la terreur n'aurait pas glacé son sang. Mais, là, perdue parmi une centaine d'arbres— qui dans la pénombre ne s'apparentait plus qu'aux barreaux sombres d'une immense cellule—, une seule envie la pressait : celle de retourner au château.

Tilly avait peut-être raison : elle aurait mieux fait de rétablir la vérité avant que ce mystérieux individu ne le fasse.

Mais l'idée de voir sa si belle réputation partir en fumée lui étreignit la gorge.

Non, elle avait bien fait de venir. Peu importe qui se cachait derrière le masque de son maître chanteur, il ne représentait rien face à elle. Rien du tout. Quand bien même, il serait assez fou pour mettre sa menace à exécution, Cali n'aurait qu'à nier.

Voilà, c'était aussi simple que ça.

En venant jusqu'ici, la princesse faisait preuve d'une immense bonté, laissant l'opportunité à ce goujat de s'excuser, genoux à terre.

Soudain, une branche craqua dans son dos. Elle sursauta.

— Je sais que vous êtes là ! tonna-t-elle d'un ton qu'elle voulut autoritaire.

Un second craquement jaillit, suivi d'un grondement. Et avant que la princesse n'ait pu se retourner, une masse sombre s'était écroulée à ses pieds.

— Aie, gémit le fautif en relevant la tête.

Cali leva le bras, et la flammèche écarlate  qui flottait contre sa paume, éclaira l'inconnu, et le tapis de lianes qui l'avait projeté au sol.

— Alors c'était vous ? grinça Calissa.

Le paysan.

— vous pensiez vraiment pouvoir faire chanter votre future reine ? houspilla-t-elle, en le fusillant du regard. Vous n'avez même pas pris la peine de mettre un masque et me donner le  plaisir de l'arracher. Pathétique !

— Vous faire chanter ? s'exclama-t-il, jouant un peu trop bien l'effarement. Non, non, je venais simplement pour mon père, et...

— Et bravo, vous venez de mettre votre sœur à la porte ! Vous pouvez être fier de vous.

Son menton recouvert de boue, s'affaissa, tandis qu'il ouvrit la bouche comme un poisson.

Touché.

— Marisa! Non, non, elle n'y est pour rien. Elle ne voulait pas que je vienne. S'il vous plaît, elle aime son travail, elle ferait tout pour le garder.

Coulé, petit poisson.

— Il fallait y réfléchir avant de m'envoyer cette lettre.

Alors qu'il s'apprêtait à riposter —grave et suicidaire  erreur —des clochettes tintèrent doucement. Cali, comme Terence tournèrent la tête. Les buissons s'agitaient doucement, se balançant au rythme des cliquetis.

Cali s'approcha, intimant d'un lourd regard à son compagnon forcé de ne pas trahir le moindre bruit. Et, raisonnable pour la première fois, il obéit.

Elle écarta les branches et...

Découvrit une petite fille, qui riait.

Elle n'était pas dragonne, Cali doutait même qu'elle soit ombrumienne avec ses yeux, si noirs qu'on  les aurait confondus avec de l'onyx, et sa peau de porcelaine. Elle ressemblait à une nymphe des bois, ces créatures qu'on ne trouvait que dans les contes que les nourrices, — ses parents— lui lisaient, dans son enfance . Quand Tilly et elle se blotissaient l'une contre l'autre devant le feu de bois crépitant, et qu'une servante leur apportait des sucreries. Toujours en cachette, bien sûr.

Sauf que cette nymphe là n'avait rien d'enchanteur. Habillée d'une armure de lierre, coiffée d'une couronne d'épines et se balançant autour d'un sceptre—ou bien une canne —de bois, Cali la soupconnait déjà  de pratiquer en secret la magie noire, ou les malédictions.

Pourquoi loger en plein cœur de la forêt des ombres sinon ?

Cependant, elle n'eut pas le temps d'énoncer le fond de sa pensée puisque la petite cessa enfin de rire.

— Vous êtes drôles tous les deux, s'amusa-t-elle de sa voix cristalline. On dirait le début d'une belle histoire d'amour. Ils se détestent, ils apprennent à se connaître puis ils tombent éperdument amoureux.

— Pardon ? lachèrent à l'unisson Terence et Calissa.

— Vous voyez ? Fait l'un pour l'autre, répliqua l'enfant en haussant les épaules.

Elle avança d'un pas et attrapa Calissa par la manche.

— Suis moi !

La Princesse fronça les sourcils. Peu de gens se permettait de la tutoyer. Elle se debarassa de sa poigne plein de boue, en esquissant une grimace.

— Il me semble que tu ne sais pas qui je suis. Je suis la princesse Calissa de la dynastie Ageon et.. Je n'irai nulle part  !

La petite fille prit une grande inspiration.

— On m'avait prévenu que tu réagirais comme ça.

Elle se tourna vers Terence, toujours au sol comme un ver.

— Promis, je ne la blesserai pas.

Puis elle souffla sur sa paume, et une poudre bleue s'envola jusqu'à la princesse, lui engourdissant les jambes.

L'obscurité voila ses yeux.

Le sommeil étourdit sa conscience.

Elle tomba sur un nuage de branches.

***

Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien ?

Aujourd'hui, vos personnages sont à l'honneur puisqu'il s'agit d'une impro personnage 🥳.

Vos personnages sont propulsés au XXi ème siècle. Comment réagissent-ils ?

Vos personnages rencontrent enfin leur idole. Qui est ce ? (un chanteur, un acteur, un auteur, une personne lambda... ) et comment réagissent-ils ?

Vos personnages ont l'occasion de voyager dans le passé, à condition d'être né à cette époque. Où vont-ils et que disent-ils à leur eux du passé ?

😘😘Des bisous

Brun Cannelle (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant