12- Sous Le Masque

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— Je te tiens ! s'écria Edward en la retenant par le poignet.

Il la remonta rapidement, d'une force que la princesse ne lui connaissait pas, et la prit dans ses bras au terme d'une étreinte étouffante.

— J'ai cru... j'ai cru que j'allais te perdre, avoua-t-il en enfouissant son nez contre son cou parfumé.

Tilly reprit son souffle doucement. Ce n'était pas  la hauteur de la tour qui l'avait tant effrayée : se transformer en dragon aurait été un jeu d'enfant à une telle distance du sol. Elle avait plutôt  craint ce qui rodait en dessous du balcon : un froid mortel, tapissé de neige et de verglas.

— Tu...tu as de bons réflexes, murmura-t-elle, lovée contre son torse.

— De bons réflexes, répéta-t-il, haletant, comme éveillé d'un monstrueux cauchemar. Heureusement...

Puis il secoua la tête.

— Nous devons rentrer. Ce n'est pas normal. Ce lieu est sous la protection de la déesse lune. Il ne devrait pas se détruire.

Avec tendresse, Tilly passa une main sur sa joue blanche.

— Calme toi. Je vais bien. La balustrade a l'air ancienne, c'est normal de la voir se rompre. À notre retour, nous demanderons aux fées de la réparer. C'était une très jolie surprise, je t'assure.

— Non, je t'assure, plaida-t-il d'une voix blanche. Elle veut nous avertir de quelque chose.

Tilly n'avait jamais cru à l'existence de la Déesse lune. Du moins, elle ne croyait plus que sa magie astrale habitait encore le monde des ombrumes. Son petit ami était pieux, et elle le respectait. Toutefois, elle aurait parfois préféré qu'il ne ramène pas toujours tout à cette divinité d'un ancien temps.

La princesse se leva, sans décrocher ses mains de celles de son bien aimé. Comme sa mine inquiète n'avait pas fondu de son visage, elle se mit en quête de mots qui sauraient le rassurer.

Elle n'eut pas le temps d'en prononcer un seul.

Ses yeux s'écarquillèrent. Un tapis de givre couvrait les débris de rampe. Bleu comme la mort, vif comme un serpent. Il coula sur le sol de pierre, remontant progressivement jusqu'aux pieds de la princesse qui se serra davantage contre son petit ami. Terrifiée, elle ferma les yeux, et avant qu'elle n'ait pu émettre le moindre cri, Edward l'avait déja ramené chez elle.

Elle s'attendit à une étreinte—ou un bisou léger sur le front—maintenant que le danger avait été évité. Mais Edward s'était déjà  détaché d'elle, et la tira par le bras jusqu'au téléporteur le plus proche.

— Il faut qu'on prévienne ton père au plus vite.

Véritable merveille magique, les téléporteurs permettaient tous déplacements entre les douze royaumes. Une façon aisée de se balader, du pays boisé des elfes, à l'univers ténébreux et sec des vampires. Tilly en empruntait  rarement : ses ailes s'occupaient de l'emmener où bon lui semblait —tout en brûlant le petit pain de trop qu'elle avait consommé au petit déjeuner.

Sa sœur, en revanche, était à l'origine du nombre édifiant de machines présentes dans le palais.

Tandis qu'Edward pianotait pour la troisième fois sur dix joyaux incrustés dans un plateau de pierre, Tilly se balançait sur ses pieds, nerveuse.

— Par la lune ! jura-t-il. Pourquoi ça ne fonctionne pas ?

— On le préviendra demain. Quand il reviendra. Un petit plaisantin a sûrement trafiqué la magie de la tour. Ce n'est rien.

Brun Cannelle (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant