L'âme d'un dragon

Chapitre 13

PDV Alissandra :

Je marchai rapidement le long du couloir, observant chaque box, à l'affût d'une odeur étrange, d'un comportement anormal venant de la part d'un des dragons. Ils étaient tous très méfiants, ils reniflaient attentivement et observaient leur nourriture sous toutes les coutures pour être sûrs qu'elle ne présente aucun risque. L'air de la dragonnerie était lourd, quelque chose se préparait mais je ne savais pas quoi, les dragons non plus. Je repensai à l'enquête. Je me disais que nous faisions fausse route. Il nous manquait trop de paramètres pour que nous puissions vraiment enquêter mais pouvais-je leur révéler tout ce que je savais ? Ce n'était plus que des souvenirs venant hanter mes nuits comme des spectres sans visages. L'homme de mon cauchemar, je l'avais bien reconnu mais hélas c'était un cauchemar, un de mes vieux souvenirs, reste de mon passé qui était réutilisé par mon esprit et le visage inconnu, du monstre glaçant mes nuits, remplacé par celui d'un homme que je haïssais au moins autant que lui. Xavier de la Rochefoucauld. Il était vrai que je n'avais eu aucun remord à trancher la gorge de cet homme et jouir de son dernier soupir, lorsque le Gouvernement avait ordonné sa recherche, mort ou vif avait-il précisé. S'il ne m'avait opposé aucune résistance et n'avait pas blessé Walkyrie, à l'heure qu'il était, il croupirait en prison et ce pour l'éternité.  Seulement, donner vie à mon penchant sombre à cette époque, faite de ténèbres pour moi, revenait à signer son arrêt de mort. Des soldats et gardes appartenant au Gouvernement en avaient aussi fait la douloureuse expérience. Au moins à cette époque-là, on me laissait en paix, j'avais l'immunité diplomatique ou un truc qui s'en approchait. Bref j'avais carte blanche pour mes activités à la seule condition que j'accomplisse les missions qui m'étaient données. Je souris doucement, je me souvenais du jour où je les avais rencontrés comme si c'était hier.  Trévor et Maki se disputaient déjà, c'était de jeunes recrues, auparavant j'avais croisé Silver dans des couloirs, elle paraissait assez rêveuse, très silencieuse. Ignis et elle se contentaient d'observer les plus jeunes se disputer pour une peccadille. Puis je les avais revu dans la dragonnerie, ils parlaient tranquillement à leurs dragons. Je les connaissais déjà car je passai ma vie ici quand je n'avais aucune mission. Mes pas résonnaient dans la dragonnerie et ils s'étaient tous tournés pour m'observer. Je ne leur avais prêté que peu d'attention et m'étais rendu à la couveuse. On m'avait confié la surveillance d'un œuf orphelin que j'avais ramené de mission. La mère avait été tuée par le Chasseur, Walkyrie et moi avions pris l'œuf et avions montré notre détermination à l'élever. Le Gouvernement n'avait émis aucune contestation. J'entrai dans la couveuse et Walkyrie jeta un regard par la fenêtre, son box se trouvant à côté pour mieux veiller dessus. De magnifiques zébrures violettes traversaient la coquille parme. Ce serait certainement un dragon de poison. Je sentis des regards sur moi, je tournai la tête et remarquai que Maki nous observais. Je sortis alors de la pièce après une dernière caresse à l'œuf. Je me serai énervée contre eux si Walkyrie n'avait pas rugit. Je me tournai et rentrai précipitamment dans la couveuse. L'œuf bougeait et elle avait senti que c'était la bonne cette fois. Veiller à une bonne éclosion d'œuf de dragon était chose délicate. Silver était venue, en me disant que c'était elle qui avait géré l'éclosion de son propre dragon. Après de longues heures, le petit ou plutôt la petite dragonne était enfin parmi nous. Maki avait utilisé ses pouvoirs pour la nettoyer et Ignis pour la sécher. Elle était toute petite et je la pris dans mes bras pour l'amener à Walkyrie. C'est grâce à elle que nous nous étions rapprochés. Ils avaient tous des pouvoirs et parlaient le dragon comme moi. L'année qui passa fut magnifique, entre de bonnes missions et l'éducation de la petite Corail, Trévor essayait de l'initier à l'utilisation de poison comme Valirdium s'en foutait totalement. Il ne rencontrait pas le succès attendu et cela devenait très drôle parfois. Hélas pour chacun de nous l'année se termina dans le malheur. Corail se fit tuer par le Chasseur et je me décidai à le poursuivre. Les quatre autres me suivirent. C'était l'année de nos 14 ans. Bientôt cela ferait 3 ans que nous le poursuivions à travers tout le pays. Je déambulais dans le couloir et m'arrêtais à une fenêtre pour observer le paysage. Je remarquai que les fleurs d'un vase s'étaient fanées. Je fis quelques signes de la main et elles refleurirent plus belles qu'avant. Un autre souvenir affleura à mon esprit, un souvenir doux et beau de mon enfance.