Chapitre 39

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PDV Alissandra :

La tête posée contre le cou de Lysandre je m'abandonnais aux limbes du sommeil. Malgré les ténèbres envahissant rapidement mon esprit, une brûlure lancinante dévorait mon épaule et se propageait jusqu'au bout de mes doigts. Mes oreilles bourdonnaient légèrement, mon corps était moins impacté par les effets du poison de la lame mais il n'en demeurait pas moins que je les ressentais. J'allais avoir du mal à bouger pendant un moment. Je tentai d'assembler mes pensées pour réfléchir mais d'un souffle Hypnos éteignit ma conscience, me plongeant dans le noir.

Il ne fit pas noir longtemps, juste après cela, j'ouvris les yeux et regardais le paysage m'entourant, à ma plus grande surprise je n'étais pas dans la forêt mais plutôt dans une plaine, je m'avançais un peu et une bourrasque m'apporta une odeur que je reconnus difficilement. Je n'étais pas dans une plaine mais sur une falaise en bord de mer. Les embruns m'apportaient l'odeur iodée et l'humidité de la vaste étendue d'eau. Je continuai jusqu'à ce qu'un pas ne me sépare plus que du vide. L'étendue bleutée et immense s'offrait ainsi à moi dans toute sa splendeur. Je m'étendis sur le dos, profitant de la tendresse de l'herbe verte de la falaise. Le vent caressait mon corps avec douceur et les bruissements de l'herbe après son passage me berçaient. Je restais longtemps ainsi à observer la course des nuages dans le ciel. Si seulement ma vie pouvait être aussi paisible que cet endroit. Un bruit de pas attira mon attention et je me redressai vivement. Il n'y avait personne autour de moi et pourtant je sentais une présence proche. Des cailloux roulèrent et le son de leur chute se répercuta contre le flanc de la falaise, je regardais en contre-bas, intriguée, un chemin pour descendre jusqu'au bord de mer était apparu. Je décidai de l'emprunter et de voir où il me mènerait. Je retirai mes chaussures avant de mettre les pieds dans le sable. Je frissonnais. Je n'avais vraiment pas l'habitude de marcher sur ce genre de terrain. Je continuais ma progression, ralentit par le terrain qui s'affaissait sous mon poids à chaque pas. Une vague me surprit et je fus trempée jusqu'aux genoux. Cette douche fraiche me fit du bien et je continuais tranquillement ma balade onirique. Je finis par arriver à une embouchure de fleuve, je ne pouvais plus avancer. Soudain un autre bruit attira mon attention juste à côté de moi, dans les rochers. Je m'avançais prudemment mais à part quelques crabes, je ne vis rien de vivant. J'escaladais un peu l'amas rocheux et finis par découvrir une anfractuosité dans la roche de la falaise. Elle semblait suffisamment grande pour laisser passer un humain. Je me faufilais dedans, j'avançais prudemment en longeant une paroi, mes yeux n'eurent cependant aucun mal à s'habituer au manque de lumière de l'endroit, j'essayais de percevoir des détails autour de moi quand je sentis une sorte de lame froide dans ma main, suivit par une brûlure, je venais de me tailler. J'allais regarder ma main quand soudain une lumière bleutée m'aveugla, quand je rouvris les yeux je fus très surprise, le boyau dans lequel je me trouvais était rempli de cristaux bleus qui s'étaient tous mis à luire, je regardais alors là où je venais de me tailler et m'aperçus que c'était l'un d'eux qui m'avait blessé. J'abandonnais la paroi et continuai mon exploration, profitant de la lumière produite par les cristaux. Je finis par arriver dans une salle immense. Les cristaux du plafond étaient tous aussi grands et impressionnants. Au milieu, se tenait un lac qui lui aussi brillait, je m'approchais et vis des cristaux au fond de celui-ci. Je le contournais et fis le tour de la salle, les autres tunnels étaient bien trop étroits pour me laisser passer. Je contournais une importante concrétion et vis un cristal étrange, il était haut et large et sa face semblait perpendiculaire au sol. Je la caressai du bout du doigt, elle était lisse comme une glace. Je posai ma main contre et y appuyais mon front en fermant les yeux, elle était froide et cela me soulageait. J'entrouvris les yeux et vis une goutte de sang glisser le long de la paroi cristalline. Je remarquai mon reflet sur celle-ci, étrange pensai-je, je ne l'avais pas vu avant. Je me redressai et bondis en arrière. Ce n'était pas mon reflet. C'était un garçon de mon âge, vêtu d'un sweat-shirt à capuche noir et d'un pantalon crème. Ses cheveux châtains et courts étaient en batailles. Il me fixait, calmement, de ses yeux en tous points pareils au miens. J'approchai doucement ma main et la posais sur la paroi, évidement il avait eu le même mouvement que moi, comme un miroir normal. Je m'approchai de l'étrange reflet et il me sembla que la surface du cristal s'était réchauffée, comme si une simple vitre nous séparait. Nous nous fixions depuis un moment quand tout à coup son regard se détourna de moi et fixa un point derrière, ses yeux revinrent sur moi et ses lèvres bougèrent puis il disparut. Je n'eus pas le temps de réfléchir d'avantage, un rocher tomba juste à côté de moi, je courus vers la sortie en évitant les débris rocheux qui tombaient et sortis de la grotte avant qu'un éboulis ne ferme son entrée. Je regardai le ciel, il était devenu gris, des nuages s'amoncelaient, l'air se chargeait en électricité. Les vagues commençaient à devenir agressives et je me dépêchais de remonter la falaise avant de me faire emporter par l'une d'elle. « Cours » c'était ses derniers mots, ça j'en étais sûre, et ce fus ce que je fis. Mais ce qu'il m'avait dit avant je n'avais pas réussi à l'interpréter, je continuai de courir pour m'éloigner de la falaise et rejoindre le couvert de la forêt. Par temps d'orage cela n'était pas très malin mais je n'avais aucun autre endroit où m'abriter. Des trombes d'eau s'écoulèrent du ciel, comme si celui-ci n'avait pas pleuré depuis des siècles, je ne voyais rien tant le rideau de pluie était dense. J'évitais comme je le pouvais les arbres qui apparaissaient devant moi par surprise, me pris les pieds dans d'innombrables rochers, pour une raison inconnu, mes chaussures avaient disparu depuis que je les avais retiré à la plage, mes pieds étaient douloureux et saignaient, je ne les voyais pas mais je sentais le sang chaud couler. Un éclair s'écrasa non loin de moi et j'accélérais, souhaitant trouver une caverne pour me réfugier. C'est ce qui se passa peu après, je me ruais à l'intérieur et un éclair foudroya le sol juste devant l'entrée. Je m'écroulais, j'étais en sécurité, du moins de l'orage. Je rampais et m'adossais à un rocher, j'étais trempe et dégoulinante, je regardais mes pieds et commençais à retirer les éclats de roches plantés dedans. Je sentis un mouvement derrière moi mais ne bougeais pas, j'avais déjà une idée sur l'identité de la personne.

L'âme d'un dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant