Chapitre 5

834 49 3
                                    

 Je suis en train de passer en revu toutes les photos et vidéos que nous avons pris cette semaine. Il y a de quoi alimenter les réseaux du foyer pendant un moment, et de quoi faire une bonne publicité au pilote britannique devenu parrain.

A peine l'argent reçu, Jeff a commencé les travaux dans la cuisine, pour tout aménager mieux, rendre tout plus simple. Grâce à tout ça, le foyer va être refait à neuf et agrandit pour accueillir encore plus de gamins dans le besoin.

George a passé la semaine à leurs côtés. Leurs histoires l'ont vraiment touché. Il doit repartir demain, et je peux lire dans son regard qu'il n'a pas envie de les laisser là. Mais parfois il faut accepter qu'on ne peut pas aider tout le monde autant qu'on le voudrait. Si je pouvais tous les accueillir chez moi et leur offrir la vie de rêve, je le ferais. Ce n'est pas le cas.

L'heure des au revoir arrive, il leur promet qu'il reviendra. Je tique sur sa promesse, j'ai horreur des promesses qu'on n'est pas sûrs de tenir, surtout quand on fait ces promesses à des enfants qui vont s'y accrocher chaque jour, jusqu'au moment où ils seront déçus.

Je l'attend dans la voiture pendant qu'il finit de dire au revoir. Quand il me rejoint, il est plongé dans ses pensées, ne disant pas un mot. Submergé par l'émotion ?

Qu'il reste silencieux, ce n'est pas quelque chose qui me dérange, étant donné que nous sommes incapables d'aligner la moindre conversation personnelle sans se sauter à la gorge. Une semaine de cohabitation n'aura rien changé à ça, nous nous sommes évités autant que possible dès que le contexte n'était plus strictement professionnel.

Au bout de quelques kilomètres, il commence enfin à parler.

— Tu ne leur as toujours pas dit pour Imola.

Ce n'est pas une question, c'est un reproche. Je n'y réponds pas, je n'ai pas l'énergie de me battre avec lui, la journée a été longue et j'ai hâte d'être ce soir pour sortir avec mes amis, comme nous l'avions prévu à la base avant que mes plans ne soient chamboulés.

Il soupire face à mon silence.

— Pourquoi tu ne leur as rien dit ?

Je hausse les épaules.

— Tant pis, je vais leur dire en rentrant.

Je laisse échapper un rire tout sauf de joie. Mais je n'en dit pas plus.

— Est-ce que tu vas daigner m'adresser la parole ou je vais devoir continuer à parler seul pendant tout le trajet ? Vivement qu'on arrive chez toi, où j'ai au moins le droit à des humains qui me respectent. C'est dingue cette manière de toujours me faire comprendre que je ne suis rien de plus qu'un homme banal à tes yeux.

Je m'arrête brusquement sur le bas côté, au frein à main, alors qu'il s'accroche de toutes ses forces à sa poignée.

— Tu es complètement tarée ! Tu sais ce que ça va te coûter si j'ai un accident à cause de toi ? Je crois que tu ne te rends pas bien compte, là.

Je me tourne vers lui et le regarde droit dans les yeux.

— Tu es encore moins bien qu'un homme banal, tu es un homme qui fait des promesses alors qu'on sait tous les deux qu'après ce soir tu ne reviendras plus. Demain, tu prendras ton taxi, ton avion, et mes gamins n'auront plus l'occasion de te voir. Tu as eu énormément de contenu pour tes réseaux cette semaine, certains commencent déjà à se poser des questions sur le bienfondé des accusations. Soit dit en passant, tant que Carmen n'aura pas fait une déclaration publique, nous ne pourrons rien pour ta si jolie réputation. Maintenant, ose me mentir droit dans les yeux et me dire que tu reviendras voir ces gamins un jour.

HELPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant