Chapitre 9

686 49 0
                                    

Il n'a pas donné signe de vie du week-end. Je sais simplement qu'il a ramené la voiture à Taylor, et qu'il est parti en taxi jusqu'à l'aéroport.

    Il est parti sans dire un mot, et c'est ma seule pensée quand je passe le portail de l'école de Manon et Yann, épuisée par ce rendez-vous qui n'a servi absolument à rien.

    J'ai réussi à éviter toute punition à mes deux protégés, mais je n'ai rien pu faire contre ceux qui sont à l'origine du conflit, ils sont trop protégés par toute l'équipe éducative qui les adore. Je sors de là en étant frustrée.

    Il me reste une demi-heure à attendre qu'ils sortent de cours, je décide de me poser dans ma voiture pour souffler.

    Partir sans un mot, quel lâche.

    Comme s'il avait un détecteur, ou un sixième sens, son nom s'affiche sur mon téléphone. Un message de sa part, c'est inattendu. Je me contient pour ne pas me jeter dessus et voir quelle excuse il peut bien me sortir.

    Rien.

    Aucune excuse.

    Aucune putain d'excuse.

Ça a été le rendez-vous pour Yann et Manon ?

    Je ne sais pas si je dois être contente parce qu'il se soucie assez d'eux pour me demander de leurs nouvelles dans les galères qu'ils traversent, ou folle de rage parce qu'il ose m'envoyer un message aussi anodin.

    Je prends sur moi et pense aux ados avant de penser à mes ressentiments. Ils vont être contents de savoir qu'il a pris de leurs nouvelles.

    Il n'y aura pas de suite, mais il n'a plutôt pas intérêt à recommencer sinon je ne pourrais plus rien faire pour lui. Ou au moins il a plutôt intérêt à ne pas se faire attraper le prochain coup.

    Je pose mon téléphone, n'attendant pas une réponse immédiate. Il doit déjà être en train de préparer son grand prix et par conséquent avoir autre chose à faire que de répondre à mes messages. Après tout, il avait mieux à faire que de prendre des nouvelles plus tôt. Mais apparemment, il doit avoir du temps libre.

    Il ne devrait pas prendre exemple sur toi.

    Je ne sais pas s'il fait une tentative d'humour, mais ça ne me donne absolument pas envie de rire. Je pose mon téléphone sans lui répondre, regardant droit devant moi, pendant qu'un groupe d'adolescents traverse le parking. Faites que le temps passe vite, je n'ai pas envie de reprendre mon téléphone.

    Il vibre à nouveau sur mon siège passager. Bon, il n'a pas dit son dernier mot.

    Comment va ta lèvre ?

    Je soupire. Je n'avais pas prévu qu'il s'inquiète pour moi, à la base. J'avais prévu de rester énervée après lui.

    Ça va, je guéris aussi bien que je me défend.

    J'essaie de ne pas l'imaginer sur son téléphone en train de me répondre, de ne pas imaginer son expression quand il lit mon message. C'est plus fort que moi.

    Ça ne fait aucun doute.

    Tu vas m'en vouloir longtemps, tu penses ?

    Oh merde, il ne peut pas être si direct. Il ne peut pas me demander des trucs comme ça alors qu'il ne s'est même pas excusé. Ça ne devrait pas m'étonner de sa part, il a toujours été comme ça, et je l'ai toujours détesté pour ça. Je ne prends pas la peine de lui répondre, me concentrant à nouveau sur la réalité.

    Le temps passe assez vite, Yann et Manon arrivent dans la voiture en même temps que je reçois un mail de sa part. Je fronce les sourcils, essayant de lire la notification, mais les deux adolescents commencent à me raconter leur journée, je perd espoir de me concentrer.

    Le trajet jusqu'à la maison m'envoie une vague de bonne humeur. Je leur annonce qu'ils n'auront aucun problème avec l'école après mon rendez-vous, leur soulagement se ressent probablement dans tout le pays.

    J'ai de la chance d'avoir des gamins aussi adorables à ma charge.

    On s'installe tous sur la table de la salle à manger, eux pour s'occuper de leurs devoirs, moi pour aller consulter mes mails.

    Il est fort.

    Il est très fort.

    Trois billets d'avion allers-retours pour Imola et des réservation de chambre d'hôtel.

    Il est vraiment fort.

— Pour la seule et unique fois au monde, je vous interrompt dans vos devoirs.

    Les deux m'écoutent attentivement, surpris que je fasse ce que je ne fais absolument jamais.

— J'ai une grande nouvelle. Nous partons en weekend, jeudi.

    Ils ne semblent pas vraiment comprendre où je veux en venir.

— Mais, on a cours ?

    Je ris doucement.

— Laissez-moi gérer l'école. Nous allons tous les trois passer le week-end à Imola.

    Les deux ne mettent pas longtemps à faire le lien. Ils sautent littéralement de joie. Je pourrais tuer quelqu'un pour mettre un tel sourire sur leurs visages tous les jours.

— Comment ça se fait ? Me demande Yann, le plus rationnel des deux.

— Je dois aller représenter le foyer là-bas ce week-end, j'ai accepté à la seule condition que vous veniez avec moi.

    Mon téléphone vibre à nouveau sur la table.

J'espère que tu as reçu mon mail, je vous fournirai les pass paddock quand on se verra là-bas.

    Ça me tue de le dire, mais il a tenu sa promesse.

HELPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant