Chapitre 34

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D'un coup d'oeil dans le rétro, je me rends compte que les deux adolescents dorment à poings fermés. Nous sommes bientôt arrivés, il va falloir que je les réveille.

Je jette un coup d'oeil côté passager. George regarde la route défiler par la fenêtre. Il est resté très silencieux sur la route du retour. Il est rentré avec nous dans le bus. Je ne sais pas ce qu'il a fait de sa voiture personnelle, je ne lui ai pas demandé. Il a fait mine de dormir dans le bus, mais il était bien trop instable pour être réellement endormi. Et depuis que nous sommes partis du foyer, il n'a pas dit un mot.

Je sais qu'il est fatigué et déçu de sa course, mais je n'aime pas le voir se renfermer ainsi.

Je finis par couper le moteur quand nous sommes enfin arrivés. Il prend mes clés pour aller ouvrir en attendant je réveille mes deux protégés.

— Eh les gars, on est rentrés.

Ils se sont endormis l'un contre l'autre. Il va falloir que je les surveille tous les deux. Je sais qu'ils ne me diraient rien s'il se passait quelque chose entre eux, il va falloir que je mène mon enquête.

Ils ouvrent doucement les yeux en grognant, et finissent par rentrer à la maison sans un mot. Le temps que je récupère les affaires de tout le monde, ils sont déjà tous les trois sur le canapé devant la télé. George me lance un petit sourire et vient vite m'aider pour me décharger.

— Ça va ? Lui demandais-je doucement.

— Ça fait aller.

Je déteste le voir comme ça. Lui qui est toujours si rayonnant.

— Pizzas ? Lançais-je à tout le monde.

— On est dimanche, ça ne livre pas, grogne Yann.

— Et si je vais les chercher ?

Leurs yeux s'illuminent. Comme d'habitude, c'est Yann qui passe la commande. Malheureusement il y a un peu d'attente, je me pose dans le canapé avec eux en attendant qu'il soit l'heure. George m'ouvre naturellement son bras et je m'installe confortablement contre lui, sous les yeux rieurs de Manon.

— Pour de faux, hein ? Nous lance-t-elle.

George rit doucement, je lui tire la langue. Je ne suis pas prête à avoir cette discussion avec lui, et encore moins devant Yann et Manon. Ils vont devoir prendre leur mal en patience avant d'en savoir plus.

— C'était génial aujourd'hui, nous dit Yann pour changer de sujet. Quand je suis arrivé au foyer, je n'aurais jamais cru que j'en serais là. On te doit tellement Sara.

Je ne parviens pas à répondre, clouée par l'émotion. Les larmes me montent aux yeux. George se décale pour observer mon visage et éclate de rire.

— C'est moche de faire pleurer une dame, Yann, tu devrais le savoir.

— Même quand c'est de joie ?

— Ne jamais faire pleurer une femme, jamais.

Il lève les yeux au ciel.

— Elles chialent tout le temps, aussi.

Je lui lance un coussin en pleine tête, en même temps que Manon. En tentant de nous éviter, il se cogne la jambe dans la table basse.

— Karma, lançons-nous en coeur avec Manon.

L'image que nous renvoyons est celle d'une famille parfaite, actuellement, alors que rien n'est normal ici. Rien du tout. Mais si ma vie était normale, est-ce que je m'épanouirais autant ?

Je ne pense pas.

Je regarde l'heure, il est temps pour moi de partir. Je me lève et vais mettre mes chaussures, j'ai la surprise de voir que George me suit.

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