HELP

Chapitre 36

J'ouvre doucement les yeux au bruit de mon réveil, plongée dans son odeur, mais dans sa chaleur. 

Je clos rapidement mes paupières, pas certains de vouloir faire face aux conséquences de la nuit. Il n'est plus là. Est-ce qu'il s'est juste levé, ou est-ce qu'il est vraiment parti ?

Je réouvre les yeux et me redresse en soupirant, pour attraper mon téléphone sur ma table de nuit. Pas de messages, pas d'appels manqués. Je déglutis, j'ai un mauvais pressentiment. Je ne suis pas vraiment surprise. Est-ce que je m'attendais à le trouver dans mon lit ce matin ? Rien n'est moins sûr.

J'attrape un jogging et me décide à sortir de ma chambre. 

Malgré les vacances, Yann et Manon sont dans la cuisine en train de déjeuner. Ils aiment bien m'accompagner au foyer, aller y voir leurs amis, quitte à se lever alors qu'ils pourraient dormir toute la journée. Ils relèvent tous les deux la tête de leur bol de céréales quand j'entre dans la pièce. Je cherche machinalement du regard un éventuel mot expliquant son absence, il n'a rien laissé. J'accuse le coup.

— George est sorti de ta chambre ce matin, me lance Manon, comme si nous étions en train d'échanger des banalités.

Je fais mine de rien en prenant une tasse dans le placard, bien que je sente leurs regards insistants.

— Vous l'avez vu ? leur demandais-je sur le même ton.

— Manon vient de te dire qu'elle l'a vu sortir. De TA chambre.

Je pose ma tasse et me tourne vers eux. La curiosité les fait bouillir. Mais comment est ce que je suis censé exprimer quoi que ce soit, en sachant qu'il a encore disparu.

— Depuis quand est ce que ma vie sentimentale vous intéresse ?

— Depuis que tu en as une, me lance Yann.

Aïe. Je ris doucement avec eux, ils n'ont pas complètement tord.

— Et depuis que celle de George nous intéresse aussi. On n'y croit plus à votre histoire de fausse relation. Ce n'est plus du tout faux, hein ?

Je me pince les lèvres, ne sachant vraiment pas quoi répondre. Mais je ne peux pas les laisser sans rien leur dire.

— Toujours est-il qu'il n'est pas là ce matin, répliquais-je d'un ton un peu trop sec.

Je me retourne pour préparer mon café mais surtout pour cacher ma contrariété.

— Il était au téléphone quand il est parti, il nous a dit bonjour et il a disparu. Il va revenir ?

Je hausse les épaules, malgré moi. Je n'en ai aucune idée. Je devrais lui envoyer un message, mais je me refuse à le faire. 

En ouvrant un placard qui résiste un peu plus que les autres je grimace. Mon épaule me fait encore mal, j'avais complètement ignoré la douleur jusqu'ici. Tant pis, il faut quand même que j'aille au foyer. La douleur finira par passer. 

Une demi-heure après nous sommes tous les trois près à aller au foyer, je ne suis pas d'une agréable compagnie. Et ça ne va pas en s'améliorant. Plus le temps passe, plus je regarde mon téléphone, plus l'absence de George m'énerve. Je ne suis pas vraiment concentrée dans mes tâches, et Ayden ne manque pas de me le faire remarquer pendant que je l'aide avec ses examens.

— Tu es complètement ailleurs, qu'est-ce qu'il s'est passé hier ?

Je pose mon téléphone et reviens à moi même. Il est en train de me dévisager, cherchant la moindre faille.

— Il ne s'est rien passé hier.

— Qu'est-ce que tu as au bras ? Ou à l'épaule, plutôt.

Ce gamin a l'oeil beaucoup trop aiguisé, on ne peut rien lui cacher.