07. Psychopathologie criminelle

1.1K 85 113
                                    

Bien, comme chaque année, je vois que mon cours a toujours autant de succès, blague le professeur Allan.

Mardi 8h30. 

Cours de psychologie clinique sur les troubles de la personnalité et psychopathologie criminelle. 

Le Docteur Allan captive la foule d'étudiants, pendue à ses lèvres, alors qu'il nous réalise son célèbre premier cours sur la psychopathie. 

Sa popularité au sein de l'université est dû aussi bien au contenu de ses cours, qui passionnent et dont il a le don de rendre cela encore plus intéressants par son éloquence, qu'à sa personne.

Bellâtre trentenaire, au curriculum vitae d'une dizaine de pages -ce qui est particulièrement fort pour son jeune âge-, d'une prestance imposante, il sait qu'il charme et il en joue particulièrement pour s'attribuer personnellement le titre de professeur le plus aimé de l'université chaque année.

Et ce n'est pas les cinq premières rangées d'étudiantes le dévorant des yeux, qui lui feront croire le contraire. 

Ni la queue qui se forme lorsqu'il se dirige vers la machine à café lors des pauses, où ses groupies s'agglutinent dans l'espoir de lui offrir un café ou de décrocher des cours particuliers.

De nombreuses rumeurs courent sur le fait qu'il profite de son influence sur ses doctorantes pour obtenir des faveurs sexuelles. 

De la promesse d'un coup de pouce dans la rédaction de leur thèse en échange de fellations, de dick picks glissés dans la conversation entre deux discussions professionnelles ou de cours particuliers transformés en tentative d'agressions sexuelles, les accusations à son égard vont bon-train.

Ce n'est malheureusement pas le seul qui est accablé d'une telle réputation selon les bruits de couloir.

Sa coupe soignée poivre et sel ainsi que ses costumes sur mesure à la Peaky Blinders lui allèguent un air plus âgé et "sérieux", ce qui contribue, en conséquence, à lui assurer un statut légitime certain dans le milieu du professorat. 

Jamais on accorderait du crédit à la parole de jeunes filles, je cite "qui rêveraient d'être dans son lit et fantasment tellement sur sa personne qu'elles veulent se pavoiser auprès de leurs copines en s'inventant une vie avec lui".

Quelles foutaises ! Je suis partisane de la minorité qui souhaiteraient qu'on se penche sur son cas, quand les témoignages accusateurs et les preuves photographiques de son comportement problématique attestent ses méfaits.

J'ai pu être amené à les voir, avant que ces éléments factuels disparaissent mystérieusement dans la nature, tout comme les jeunes filles victimes qui se sont vues chargées de terribles résultats à leur soutenance de doctorat, anéantissant par ricochet tout espoir de brillantes carrières professionnelles.

Comme quoi, on peut être un éminent professeur à enseigner la psychologie des auteurs de faits délictuels en tentant de déceler la complexité de leurs esprits les amenant à la cruauté...et être soi-même auteur de telles ignominies. 

La frontière entre l'étude du mal et faire le mal est parfois fine...

Malheureusement, le monde universitaire s'avère être particulièrement efficace lorsqu'il est question d'étouffer des affaires compromettantes.

J'aimerais pouvoir boycotter son cours mais il fait parti des crédits obligatoires à la validation de mon année.

Ainsi, je me retrouve assise dans la dernière rangée du fond d'un amphithéâtre bondé, comme seul geste de protestation.

𝐈𝐬 𝐈𝐭 𝐚 𝐂𝐫𝐢𝐦𝐞 [Réecriture] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant