35. Le jour et la nuit

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« Tiens moi la main au coucher du soleil quand la lumière du jour s'éteint et que l'obscurité fait glisser son drapeau d'étoiles ». - Hermann Hesse

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J'ai eu du mal à fermer l'œil de la nuit, étouffée par l'impression que les murs se fermaient peu à peu sur mon être.

Une fois les paupières closes, des scénarios horrifiques de la veille se matérialisaient en continu, m'engloutissant dans les ténèbres de mes mauvais rêves.

Les joutes verbales de la veille échangées avec Ana se sont rejouées en boucle dans mon esprit.

Si bien que j'ai refait un million de fois nos interactions en me demandant si j'aurai mieux fait de lui couper l'herbe sous le pied plus tôt, avant qu'elle ne prenne davantage ses aises et ne rien lui dire sur notre baiser insignifiant avec Tristan.

Ou encore de balancer le secret familial en plein repas de famille avant de subir le piège du puissant Pike Delatour.

Parfois, je me retrouvais submergée par les eaux d'une piscine rougeâtre, sombrant aux côtés de Noah dans un soupir éternel.

De retour à ma réalité, je souhaite fumer pour anéantir toute pensée intrusive néfaste. Puis, je me rappelle que les culs coincés des Delatour ne supporteraient sûrement pas l'odeur non camouflable du tabac froid et accuseraient certainement la pauvre Dorothy de ne pas parfumer la maison à l'eau de rose.

Une oeillade sur le détecteur de fumée, vissé au plafond, menaçant de réveiller tout le château à la moindre émanation, m'ôte toute dernière bride de rébellion.

Un soupçon d'immaturité me pousse toutefois à savourer les corn flakes préférées de Tristan, n'éprouvant aucune once de culpabilité lorsque sa mine déconfite aperçoit les dernières céréales du paquet noyée dans une marre de lait, dans mon bol.

Une petite vengeance que je savoure au sens propre comme au sens figuré.

Le ventre criant famine, il me fustige d'un regard mauvais avant de me rappeler à mon triste destin :

— Tu as bien dormi ? J'espère que tu es en forme car aujourd'hui on attaque sérieusement la rédaction du cas Hale.

Automatiquement, ce sujet sensible me pousse dans mes retranchements.

— J'ai des appels à passer pour des offres d'emplois, d'abord.

— Quel emploi ? Ton travail c'est seulement ce putain de dossier, Lana.

Je sais...J'y mets mon coeur et mon âme dans cette affaire depuis des mois. À l'œuvre jour et nuit pour essayer de trouver les failles me permettant de l'innocenter.

Un investissement peu fructueux, car si j'ai pu déceler le bon cô​té de Cayden grâce à ses actions, ce ne sont pas des éléments utilisables dans un rapport universitaire...​

— Tristan, je dois travailler pour subsister. Un concept qui t'es peut-êtr​e peu familier, la subsistance.

— Tu n'as pas besoin de bosser si je t'offre le toit.

— Je ne vais pas vivre à tes crochets toute ma vie.

— La fin de l'année approche. Tu seras hyper bien rémunérée quand tu auras intégré le marché du travail avec les contacts de mon père. D'ici là, tu restes ici et tu n'as pas besoin d'être redevable.

— Je ne veux pas non plus abuser du logement gratuitement. Tu en fais déjà trop pour moi...Puis, je connais des personnes qui proposent des jobs étudiants, alors...

𝐈𝐬 𝐈𝐭 𝐚 𝐂𝐫𝐢𝐦𝐞 [Réecriture] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant