27. Confrontation

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LANA

— Tu penses qu'elle est à combien sur l'échelle de l'amabilité aujourd'hui ?

— Deux, comme à son habitude, je soupire.

Assis dans la salle d'attente du bureau de notre directrice, je patiente aux côtés de Tristan, sous l'œil éternellement empreint de jugement de la secrétaire.

— Ça me stresse, c'est jamais bon signe quand elle nous convoque dès l'aube à son bureau, maugrée-t-il.

Sa cuisse remue nerveusement depuis une bonne dizaine de minutes.

Je devine qu'il mobilise sa force intérieure afin de se contenir de faire les cent pas en long et en large de la pièce.

De mon côté, je reste impassible.

J'ai appris, à mes dépends, que stresser ne changera rien à ma sentence.

Il faut dire que je suis entraînée à passer de mauvais moments depuis quelques temps, désormais.

Rien ne peut être pire que de devoir assurer que je ne couchais pas avec Cayden Hale (à l'époque) devant sa directrice de programme.

Et ça m'étonnerait que ce soit l'objet du scandale actuellement, car rien n'est sorti dans la presse concernant l'escapade nocturne de Cayden. Enfin, je l'espère de tout cœur...

Le corbeau qui me menace depuis des mois se fait plus parler de lui ces dernières semaines, à mon grand bonheur.

À moins qu'on m'ait surveillé et envoyé des clichés à ma directrice...

Mais non, elle n'aurait pas pris la peine de me convoquer cette fois-ci, et m'aurait renvoyé sur le champ.

Je comprends qu'on va devoir encore patienter de nombreuses minutes, alors je mets les deux pieds dans le plat en posant une question qui me taraude l'esprit :

Comment va Ana, depuis...tu sais ?

Je baisse le volume sur ces derniers mots, ne voulant pas ébruiter notre conversation auprès de la secrétaire, bien curieuse, qui tape bruyamment sur le clavier de l'ordinateur à cause de ses ongles longs.

L'effet de son prénom le fige immédiatement.

Lui qui ne tenait pas en place depuis une vingtaine de minutes est dorénavant droit comme un piquet.

— Je ne lui ai pas adressé la parole, finit-il par dire, d'un ton expéditif.

Moi non plus, à vrai dire.

Elle n'est pas revenue à l'appartement depuis le drame.

Ça fait maintenant deux semaines que je n'ai eu le droit à une confrontation.

— Mais pourquoi tu n'as pas démenti immédiatement ? Pourquoi tu ne l'as pas suivi pour lui dire la vérité ? Ton silence n'a fait que confirmer ses soupçons.

Mon ton est accusateur.

— Parce que ça n'en valait pas la peine, tout simplement.

— Je ne comprends pas...Et où vit-elle actuellement ?

Encore chez moi, confirme-t-il d'une voix morne.

Je sais que la villa Delatour est grande mais au point de laisser vivre son ex sous son toit sans lui adresser la parole.

Comment peut-il le supporter ? Et elle, de son côté, pourquoi squatte-t-elle le domicile de quelqu'un ?

Attends...et tu la laisses vivre chez toi sans lui adresser la parole. Ça n'a aucun sens ! je laisse exploser d'un ton un peu trop élevé, ce qui me vaut un "chut" de la part de la femme derrière le comptoir, qui nous toise.

𝐈𝐬 𝐈𝐭 𝐚 𝐂𝐫𝐢𝐦𝐞 [Réecriture] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant