05. Rouge sang

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Je laisse mon corps s'abandonner contre la porte d'entrée en arrivant, mes jambes cédant sous mon poids.

Je suis lessivée de ce moment partagé avec Cayden qui se ressasse sans cesse en boucle dans ma tête.

Je prends mon visage entre mes bras, en expiant un soupir dans l'objectif de faire retomber la tension.

Quelle réaction subite et ridicule, j'ai eu.

Ce n'est pas la bonne conduite à adopter devant quiconque, et encore moins dans de pareilles circonstances.

Les nombreux cours de psychologie, les mises en situation d'entretiens simulés par nos professeurs, le visionnage d'interviews face-à-face entre tueurs et criminologues, toutes ces heures passées à apprendre les bons gestes, les bonnes paroles pour que cela vole en éclats en quelques secondes.

Et je prétends vouloir devenir criminologue alors que je m'enfuis sous la pression à mon premier entretien ? Comment allais-je rattraper le tir ?

Mais ce...Tristan, et puis la fatigue accumulée de ces dernières semaines...et ce goujat de Cayden Hale...

Oh, je les déteste tant, et je me déteste encore plus.

Mon avenir professionnel est remis en cause par ce simple entretien. La passion pour mes études n'est pas à la hauteur du comportement que je reflète.

Dans cette lutte contre moi-même, je mène un débat interne.

Et si j'allais voir Mme Dubois lundi matin, la suppliant de me changer de groupe, et de sujet d'étude pour un autre. Nombreux sont les cas intéressants.

Oui, je pourrais aller avec Roxane et Marie sur le cas de l'infanticide et demander à ce que je puisse me greffer à leur groupe.

J'avais longuement étudié les cas de mères qui tuent leurs nouveau-nés l'an dernier, en assistant à une conférence sur le sujet et en lisant des livres de sociologues et de psychologues portant sur la question.

Non, et puis quoi encore ? Tu comptes te défiler comme ça ? On ne change pas de groupe par complaisance, je réalise soudain. Tout le monde remettra en cause ta crédibilité, si tu capitules parce que le sujet est moqueur dès la première session.

À croire que le métier est facile, et que les auteurs de faits délictuels livrent les moindres détails de leurs actes à partir d'une simple entrevue.

Beaucoup sont arrogants, certains sont atteints de troubles mentaux, comme la schizophrénie, et peuvent durant des mois refuser d'adresser un seul mot au clinicien.

Et moi, je m'emballe pour deux gueules de connards qui ont le point commun d'avoir été complètement aveuglés par la richesse et leurs irrespects communs envers les femmes.

Il fallait que je me rattrape, et qu'à ce jeu du -ou plutôt- des chat(s) et de la souris, je sorte conquérante.

゜✧*̣̩☽⋆゜


Jacobs, espèce de petite conne. Tu peux bien m'expliquer ce qui t'es arrivé samedi soir ?

Matinal ce Tristan. Sa haine doit être incommensurable, vu à la vitesse où il déboule pour se planter devant moi. De plus, il s'en tient à m'interpeller par mon nom de famille, c'est mauvais signe.

Je m'attendais à une telle représaille de sa part, et je n'en attendais pas moins. Il a raison pour le coup, j'en aurais fait de même s'il m'avait planté comme une conne hier aussi.

J'encaisse l'insulte mais ça me fait mal de me dire que je lui ai donné raison.

En agissant de la sorte, je lui ai offert le bâton pour me faire battre et des motifs tout à fait légitimes de me détester. 

𝐈𝐬 𝐈𝐭 𝐚 𝐂𝐫𝐢𝐦𝐞 [Réecriture] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant