𝐈𝐬 𝐈𝐭 𝐚 𝐂𝐫𝐢𝐦𝐞 [Réecriture]

12. Triquons à notre guerre

Ce week-end entre copines m'a fait prendre conscience de deux choses sur lesquelles je reviens mentalement durant le trajet du retour, jusqu'à mon domicile. 

Je chéris particulièrement ces moments en voiture, dans le calme d'un Montréal endormi en ce dimanche soir, pour profiter d'une mise au point sur ma situation.

Premièrement, il faut que je reprenne ma vie en main si je ne voulais pas finir sous les griffes d'un psychopathe et me faire avoir comme un bleu, en faisant confiance à un mec trop beau pour être vrai.

Traduction : finies les soirées à l'appartement à passer mon temps à faire des notes sur nos entretiens avec Cayden. 

Il est nécessaire, dès à présent, que je le sorte de ma tête en dehors de nos entrevues hebdomadaires et que la Lana pleine de vie et d'entrain revienne à la charge.

Opération : on réinstalle Tinder et on répond aux messages du beau serveur du nom de Noah avec qui je me suis laissée flirter entre la chambre froide du bar et la cabine à poubelles cet été, et qui parlait un peu trop de lui durant nos brèves soirées resto.

Dernières tâches de l'opération, je vais prendre conseil auprès de la reine des soirées, aka Ana ma colocataire, et je mets en sourdine sur mon téléphone les conversations avec Cayden, histoire de couper un peu contact.

Deuxièmement, je dois me laisser aller à garder quelques secrets me distancer de mes amis pour cacher la triste réalité de ma vie.

Mes copines s'étaient avérées conciliantes sur le fait que je puisse trouver Cayden attirant sur un plan physique et me laisser emporter par une œillade insistante sur sa musculature ou sur la profondeur de ses pupilles grises, mais c'était tout.

De leurs points de vue, j'aurai certainement tenu des propos en tout points similaires si je voyais une de mes amies rougir en évoquant une personne avec qui elle entretient une relation professionnelle. 

Qui plus est, s'il s'avère être un criminel et dépeint par la presse internationale comme un tueur de sang-froid. 

Et encore plus, si celui-ci s'est laissé aller à l'étranglement lors d'une reconstitution criminelle.

Seigneur, je ne pouvais leur révéler cela.

J'ai déjà bien cru qu'Ali allait frôler la syncope quand elle m'a vue émettre des doutes sur l'absence d'empathie de Cayden...alors si je leur disais avoir eu des conversations hors cadre professionnel, être allée chez lui, qu'il a pansé mes blessures sur son sofa et qu'il a tenté de m'étrangler sur ce même canapé la semaine suivante...oh, la liste des choses auxquelles je me suis abstenue d'en parler commence à être longue.

Mais même si les secrets entre copines sont moches, je ne peux prendre le risque de perdre notre amitié et le fait qu'elles jugent utile de me retirer de cette affaire.

Car oui, je sens pour la première fois que notre amitié est menacée par mes activités extra-scolaires et cela me peine énormément. 

Non pas que j'attende d'avoir des amies qui me soutiennent à chaque action de mon quotidien, ce n'est pas le cas.

Mais j'attendais, je ne sais pas, peut-être moins de pression de leur part et moins la sensation d'être une immense demeurée, qui tombe dans les filets du premier beau-goss qui battrait un peu trop des cils devant moi.

Aussi, peut-être que si je ne les avais pas senties si braquées, je leur auraient révélé en profondeur les nuances que je perçois chez Cayden et dans cette affaire.

Rien n'est tout blanc ou noir, la vie est faite de nuances de gris.

Et dans l'affaire Cayden Hale, je refuse de voir ce dernier comme le méchant de l'histoire, et basta.