𝐈𝐬 𝐈𝐭 𝐚 𝐂𝐫𝐢𝐦𝐞 [Réecriture]

37. Cute but psycho

« L'une des batailles les plus dures que nous menons dans la vie, c'est la guerre entre l'esprit qui connaît la vérité, et le cœur qui refuse de l'accepter » - S. Hyun.

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Monstre...Tu es un monstre.

Ces mots sanguinolents, crachés de mes poumons quelques heures plus tôt, ont percuté ma cible autant qu'ils m'ont touché.

Quand je repense à son regard, je n'y vois qu'un abysse, l'empreinte d'un homme englouti par les ténèbres.
Et qui n'a aucunement hésité à me pousser dans les profondeurs de sa folie, voyant que je me trouvais au bord du précipice.

Je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même. J'ai joué avec le feu et me suis tout simplement brûlé les ailes.

Ravivant le mécanisme d'un pantin désarticulé au profit des enfers, j'ai réveillé le diable qui sommeillait en lui.

Sous sa gueule d'ange se cache des traits démoniaques, avec lesquels je ne souhaite pas coopérer.

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Montréal, quelques heures plus tôt.

Cayden me manque.
Je ne cesse de penser à lui.
À ses baisers volés.
À la douceur de ses lèvres embrassant de compliments mon esprit, entre deux dialogues de Christian Bale sur grand écran.
À ses bras choyant chaque parcelle de mon corps dans une vigueur adoucissante.
Au goût sucré des pop corns qu'il a réussi à me faire aimer.

Tout s'embrase en moi à l'évocation de son nom, pourtant prononcé dans des circonstances qui sont tout sauf excitantes, et de la bouche horripilante de mon camarade de classe.

— ...Cayden.

Je sors de ma rêverie lorsque son prénom retentit, réalisant que je mordillais frénétiquement mon capuchon de stylo bille.

Le visage de Tristan, me scrutant, se fond dans ma vision encore embrumée par la rêverie.

— Hum ? Tu disais ?

— Je disais qu'il nous reste une semaine seulement pour rendre l'affaire Cayden.

Si c'est pour me dire des choses pareilles, je préfère retourner dans ma désillusion. Loin de l'âtre de la vieille bibliothèque poussiéreuse dans laquelle nous sommes enfermés depuis des heures.

— Ah oui.

Je pousse un soupir, me laissant retomber dans mon siège avec un mélange de résignation et de frustration.

— Tu ne m'as pas encore adressé ton bilan psychopathologique. Il faudrait que nous nous mettions d'accord sur les conclusions cliniques. Je ne t'ai jamais vu si dissipée que cette année scolaire. Je ne sais pas si c'est un comportement typiquement français, la procrastination et la paresse. Tu aurais dû agir comme cela l'an dernier, tu m'aurais facilité la tâche pour être le meilleur de la promo.

S'il ne s'est jamais caché de ses intentions de me surpasser dans tous les domaines, la façon dont son ton est inflexible me replonge dans d'anciennes rivalités sommeillantes. Je tente de garder la face et de préserver mon calme.

— Nos divergences d'opinion pourraient au contraire proposer deux diagnostics distincts sur un même cas, et démontrer le relatif subjectivisme attaché à l'expertise d'un cas humain.

— Je ne suis pas sûr que d'avoir deux rapports opposés soient bien considérés par l'université, si tu veux mon avis.

— Je ne suis pas d'accord avec ton évaluation de psychopathie élevée chez Cayden. Ton expertise est biaisée par ton aversion pour lui.