19. Tout est juste dans l'amour et la guerre

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« Tout est juste dans l'amour et la guerre, mais certaines batailles ne laissent aucun vainqueur, seulement une traînée de cœurs brisés qui nous fait nous demander si le prix que nous payons vaut toujours le combat. » - La chronique des Bridgerton.

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La sensation de ses chevalières au métal froid sur mes joues brûlantes, son odeur musquée imprégnée sur mon sweat, ses quelques mèches longues de cheveux sur le devant de ses prunelles grises caressant ma chair flétrit par le désir...

C'est ce qui reste gravé dans ma mémoire, se rejouant en boucle à la manière des ballerines dans les boîtes à musique.

Une mélodie à l'origine de ces picotements qui ne quittent plus mon corps, rallongeant la liste de mes péchés inavouables.

Car, après cet échange charnel, cette parenthèse de plaisir dans notre quotidien morne, survient le silence de la culpabilité et du regret.

Ce sont ces impressions qui nous entourent dans la voiture en route vers le motel ; une tension sexuelle encore palpable dans l'espace clos qui se retrouve tarit par le ronronnement du moteur de son SUV et l'évitement de tout contact visuel respectif.

Depuis qu'il a rompu le baiser en se détachant de moi et en décidant de ne plus me lâcher aucune œillade comme si j'étais devenue la plus grosse pestiférée, il ne m'a adressé la parole qu'une seule fois, alors que j'étais collée à ses talons, ne sachant où me rendre dans cette forêt paumée.

Je te raccompagne chez toi, finit-il par articuler, sèchement.

Euh...je n'ai plus de chez moi, je loge à l'hôtel au croisement entre la Nouvelle avenue et Longueuil.

Il n'a pas pris la peine de relever ce que j'ai dit. J'imagine qu'il a entendu puisqu'il démarre la voiture en trombe.

L'envie de lui hurler d'aller se faire foutre est grandissante en moi mais la raison m'a rappelé que je n'ai pas de réseau dans cette forêt infinie de sapins. 

Et qu'à moins de faire du camping sauvage à la belle étoile et d'entreprendre une randonnée équivalent à un marathon au petit matin, je n'ai d'autres choix que de subir la gêne inévitable de ce tête à tête dans la voiture.

Et me voici en train de subir ce malaise interminable où je n'ose à peine respirer et bouger.

Décidant qu'il n'y a rien de pire que du silence qui ne fait qu'accroître ma honte, je m'active dans un geste rapide d'allumer le poste radio.

Ce qui est la pire décision puisque ne captant pas le satellite dans cette forêt, la musique grésille et sautille dans un son inaudible, augmentant de surcroît la gêne.

Cayden, les yeux rivés sur la route et la mâchoire serrée, reste impassible.

Je ne sais faire preuve de la même patience, ne tenant pas en place sur le siège chauffant de la voiture.

Quelle idée de faire chauffer les sièges quand un feu bouillonne déjà en moi ! Je vais cuire sur place là.

Je décide que c'en est trop lorsque mes yeux dérivent vers ses manches retroussées, dévoilant ses avants-bras musclés et marqués à l'encre noire, ne faisant qu'augmenter ma chaleur corporelle.

Je prends sur moi et concède à lui parler afin de pouvoir également savoir estimer la température de ce qu'il ressent à mon égard en ce moment.

Que...que penses-tu de mes tenues ?

Il s'autorise à un premier contact, me sondant sans quitter sa mine renfrognée, les sourcils froncés et la mâchoire toujours aussi tendue.

Ouch, ça fait mal.

𝐈𝐬 𝐈𝐭 𝐚 𝐂𝐫𝐢𝐦𝐞 [Réecriture] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant