39. Félicitations, Lana Jacobs

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TW : Attention, ce chapitre n'est pas des plus joyeux. Il aborde les tréfonds d'une santé mentale fragile. Mention de drogues, de violence, de suicid€. Préparez-vous les poupettes, les chapitres à venir n'annoncent pas des jours plus roses...
Bonne lecture 🧸

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« Le silence tisse une cage dorée autour de l'esprit, offrant la parole aux cris de nos souvenirs »

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CAYDEN

Je ne peux plus endurer les discours de ces thérapeutes à la con qui te rabâchent sans cesse d'aller de l'avant, juste avant de te tendre le terminal de paiement.

— On essaye de parler d'évoquer le sujet de tes traumatismes la semaine prochaine ? D'ici là, fais des efforts. La Terre continue de tourner, tu devrais en faire autant. Ce n'est pas en te laissant te noyer dans ta peine que le monde t'épaulera. Les garçons tristes, c'est repoussant. Comportes-toi en homme. Ça te fera 80 euros, me reviennent en tête les paroles d'un psy antipathique.

Comment avancer lorsque tu as été condamné pour meurtre, que ton nom fait frissonner à l'international des foyers, au point que les parents doivent balancer des comptines terrifiantes sur ma face pour menacer leurs mômes de finir leurs spaghettis ?

« Mange ton plat ou Cayden Hale viendra te hanter cette nuit », vocifèrent les adultes à leurs gosses mal élevés.

« Si tu dis trois fois, Cayden devant ton miroir, il apparaîtra et il te poignardera », entend-t-on dans les cours de récré.

Comment refaire sa vie lorsque, quand on se rend chez l'épicier, ce dernier hésite entre vous encaisser ou composer le 911 ?

Comment endurer davantage, lorsque tu as purgé ta peine et que ta petite amie te suspecte d'avoir occupé ton samedi soir à achever un mec car tu n'as pas vu son dernier texto, datant d'il y a trois heures ?

Je ne crois pas que les réponses des psychologues puissent tenir dans une formule magique face à tout ce merdier.

Ma vie est devenue tellement insipide, noyée dans un nuage de drogues, d'alcool et de fêtes perpétuelles pour oublier ma sombre existence. Le fruit de mes péchés, dont la longue liste ne cesse de s'alimenter.

Avachi sur le canapé, Fabio et son paquet de chips m'accompagnent dans ma lente et souffrante descente aux enfers.

— On devrait fumer, on s'ennuie, indiqué-je.

Ce que je n'évoque pas, c'est la suffocation que suscite le silence. Il n'y a plus rien de bon dans le calme.

J'aurai pourtant tué pour un moment de répit, il y a quelques années.

Une parenthèse dans mon quotidien, où les battements de mon cœur accompagnaient en permanence les basses des sonos de soirées.

Désormais, je sais que le silence rime avec vulnérabilité.

Il présage le risque de se faire planter dans une douche par un gang de détenus qui s'est tapi dans un coin, après avoir soudoyé un surveillant fragile et vorace d'obtenir la part d'un business de drogues fructueux.

Il rime avec une semaine d'isolement, où le temps s'étire et nos pensées nous consument dans nos tréfonds avec, pour seule attente, le moment des dix secondes par jour où le gardien ouvre la mince trappe pour vous donner l'équivalent d'une pâtée pour chien.

𝐈𝐬 𝐈𝐭 𝐚 𝐂𝐫𝐢𝐦𝐞 [Réecriture] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant