36. Dark side

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« C'est donc ça, la folie d'aimer ? »

゜✧*̣̩☽⋆

— On devrait prendre une chambre d'hôtel pour cette nuit.

— Je ne te pensais pas aussi entreprenante, Mademoiselle Jacobs.

— Je ne peux pas vraiment rentrer chez moi. Ma coloc' me poserait des questions et...je n'ai pas envie de lui mentir.

L'ironie du sort étant que je suis moi-même​ en train de lui raconter des salades.

Je m'enlise dans les artifices de mes paroles et de mes actions contradictoires.

Ces mensonges franchissent mes lèvres dans un goût particulièrement amer.

Néanmoins, il ne relève pas les octaves incertaines de ma voix, ce qui passe comme une lettre à la poste.

Fausser les apparences auprès de Cayden est une action que j'aurai entreprise sans mal il y a quelques mois, mais avons-nous désormais outrepassé cette étape de faux-semblants ?

Pour ma part, il n'y a qu'auprès de lui que je me sens bien, sa présence me couvrant d'une chaleur rassurante.

Un pansement sur mon cœur, allégeant temporairement le fardeau qui pèse sur mes épaules. 

— Bien. Alors, arrêtons-nous à un endroit où nous ne serons pas susceptibles d'attirer les regards sur nous.

Cayden n'a pas lâché ma main de la soirée.

Pas une seule fois durant les manèges. Ni lorsque nous avons déambulé dans les allées de la foire. Ou que nous nous sommes abrités dans la voiture à cause des trombes d'eau et du ciel menaçant l'arrivée d'un orage.

Il est accroché à celle-ci, comme si l'abandonner rendrait moins réelle notre évasion à la nuit tombée. Comme si ma présence s'effriterait, tel un mirage.

En tout cas, j'apprécie ce contact sécurisant.

Je ne lui fait pas remarquer par crainte qu'il desserre sa prise sur moi et qu'il finisse par abandonner ce à quoi nous tentons de nous accrocher, désespérément.

Protégés par le déluge d'eau dans l'habitacle, nous traversons les routes sillonnantes entre les pins et finissons par arriver devant un lieu familier : le motel dans lequel j'ai logé durant ma précédente désocialisation, reconnaissable par son enseigne néon, partiellement clignotante du fait de son usure.

— Reste dans la voiture, le temps que je nous trouve une chambre, affirme-t-il en rabattant sa capuche et en ouvrant la portière pour affronter le temps capricieux.

Il disparaît sous l'opacité du ciel et je me retrouve à l'attendre, blottie dans le confort du siège.

Même lieu, même nuit étoilée que le soir où nous nous étions rendus ici suite à un premier baiser volé et un silence qui avait suivi, écrasant et imprégné de regret.

Or, cette fois-ci, il n'est pas question de portière claquée et d'abandon sur ce parking, après un échange tendu et houleux - il s'agit de promesses et d'engagements d'un lendemain où nous nous réveillerons dans les bras l'un de l'autre.

Un sourire inextirpable sur mes lèvres digne d'une adolescente en fuite amoureuse, je m'évade dans des scénarios d'espoir où nous pourrions afficher notre amour en plein jour, sans empreinte d'un jugement.

S'ils pouvaient tous voir ce que je vois chez lui, la lueur pétillante de ses yeux dans les montagnes russes, sa profonde tendresse pour ses proches caché sous un masque d'homme dur et sarcastique, sa capacité à rebondir face aux difficultés, la teinte rosé que prennent ses joues lorsque je porte mon regard sur lui un peu trop longtemps...

𝐈𝐬 𝐈𝐭 𝐚 𝐂𝐫𝐢𝐦𝐞 [Réecriture] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant