The flower of Santa Monica

Chapitre 13:

Cela fait bien vingt minutes que nous sommes à table, que les hostilités recommencent entre la sorcière et moi. Heureusement, elle se trouve à ma diagonale. Mary est au bout de la table, Blake à sa gauche et moi à sa droite, à mes côtés se trouve David et aux côtés de Blake est la place de Kate.

- C'est pas trop dur la fac ? Sans les psys...je me fais du soucis pour toi tu sais. Mens Kate.

Je suis sûre d'être quasiment la seule à voir cette lueur moqueuse et froide au fond de ses prunelles faussement bienveillantes.

Elle aborde des sujets privés compliqués dans le seul but de m'humilier. Sans s'en rendre compte, forcément. C'est son extrême bienveillance qui la pousse à être maladroite, évidement.

- Sans toi c'est beaucoup plus simple en réalité. Mais ça tu t'en doutes...je marmonne en la fixant, un sourire mauvais sur les lèvres.

Je déteste celle que je suis quand elle est dans les parages, elle fait ressortir les pires sentiments qui m'habitent. J'en ai conscience et pourtant je n'arrive pas à contrôler cette rage et cette fureur envers elle. Pire, j'apprécie qu'elle se la prenne en pleine gueule.

Du soucis pour moi sans les psys ? C'est pas l'impression que j'avais, surtout quand elle leur a ordonné d'arrêter de me recevoir. Je le garde pour moi ne voulant pas trop m'exposer.

Je lève la tête et remarque que les sourcils de Blake sont légèrement froncés et qu'il observe silencieusement la vipère à sa gauche.

Le regard froid de celle-ci se détourna et sa bouche se referma.

Je me lève et m'éclipse dans la cuisine pour aller chercher le plat qui a surement refroidi maintenant.

Je m'appuie au comptoir afin de souffler un peu, la rage faisant trembler mon corps de tout son être.

Soudainement, mon poignet est saisi et j'hoquette de surprise. Comment j'ai pu ne pas l'entendre ?

Je me retourne et fais face à la sorcière.

- Lâche mon bras. Je siffle assez doucement pour ne pas alerter les autres.

- Arrêtes de faire l'idiote devant tout le monde. Tu ne veux pas que je devienne méchante, hein ma chérie ? Elle murmure mauvaise.

Elle entreprend de déplacer une mèche de cheveux qui me tombe sur le front, quand je me recule par réflexe.

- N'oublie pas que c'est moi qui commande. Tes réflexes en sont la preuve.

- Un problème ? Nous coupe Blake, avec une voix glaciale, ses yeux dans ceux de ma mère.

Je sais qu'il s'adressait à moi, alors je secoue négativement la tête tout en massant mon poignet, ce qui ne passe pas inaperçu à ses yeux évidemment.

Il reste sceptique, adossé au chambranle de la porte et attend que ma génitrice sorte pour me lancer un dernier regard et la suivre avec toute sa nonchalance.

***

Le reste du repas se passe assez bien, je ne parle plus, fixant mon assiette depuis le retour à table, perdue dans mes pensées.

Je sens un léger coup de coude et me tourne vers David, qui me fait un signe de tête vers ma mère.

Je l'observe donc et comprends qu'elle attend une réponse, comme tous les autres car ils me fixent tous. Sauf Blake, qui foudroie du regard avec toute sa haine, l'homme à mes côtés.

- Quoi ? Je n'ai pas écouté. J'avoue en la fixant.

- Je demandais juste si Mika t'harcelait toujours ? Tu sais, ton ex-

- Je suis sûre que tu meurs d'envie de connaître la réponse mais c'est un sujet que je n'aborderais pas ici et encore moins avec toi. Je grogne, irritée par ses piques continues.

- Je veux juste avoir des nouvelles de ma fille ! Si c'est le seul endroit où je peux te parler alors j'en profite...Elle ajoute, faussement peinée, toujours dans son rôle.

Retirez les couteaux de cette table, je vais commettre un meurtre.

Si c'est le seul endroit où elle a de mes nouvelles, qu'elle se remette en question.

- Je n'aurais pas cette conversation avec toi. Je souffle fatiguée, appuyant ma tête sur ma main, trop épuisée pour la retenir.

- Mais, je-

- Stop. Je pense qu'elle en a assez de vous entendre. Respectez son souhait et taisez-vous. Claque le brun en la fixant.

Le soulagement est immédiat quand je me rends compte que ma détresse n'est pas passée inaperçue.

- Comment tu me parles Blake ?

- Ryder pour vous. Il corrige en serrant la mâchoire.

- Mary, intervenez. Dit-elle en balayant les paroles de Blake d'un revers de la main, ce qui le rend d'autant plus furieux.

- Elle n'est pas ta chienne, tu n'as pas à t'adresser à elle de cette manière. Ni à moi, ni à Victoria. Il reprend furieux, la mâchoire contractée.

Nous avons noté le fait qu'il soit passé du vouvoiement au tutoiement une fois qu'elle a manqué de respect à sa mère. Il a perdu la dernière miette de considération qu'il avait encore pour elle au moment où elle est allée trop loin.

C'est ce qui arrive tout le temps avec Kate.

- J'espère que tu n'as jamais ouvert les cuisses pour ce voyou Vicky. Tu ne mérites rien mais toujours plus que lui. Elle siffle en se levant.

- Tu as trente secondes pour dégager. Réplique Blake sur le même ton qu'elle, faisant racler sa chaise sur le sol quand il se lève.

- Quittez la avant de finir six pieds sous terre David. C'est un conseil que je vous donne. Je lui crache en fixant le monstre dévoiler son vrai visage.

Il ouvra grand les yeux et tous les gestes se stoppèrent, les yeux rivés sur moi.

- Espèce de petite-

- Il te reste dix secondes. Je la coupe méchamment.

Elle me jette un dernier regard et s'en va, ses talons claquant sur le sol, David à sa suite.

Je me tourne vers Mary, toujours assise, m'excuse puis m'en vais.

Je monte deux à deux les marches et accélère le pas en sentant les larmes monter, une fois devant ma chambre pour cette nuit et claque la porte quand j'entends qu'on m'interpelle d'en bas.

Je ferme la porte à clé et me laisse tomber le long du mur, laissant couler mes larmes. Cette soirée était un chaos sans nom. Mary a mis tellement de temps à tout préparer et tout a été gâché.

Trois coups doux sont portés à ma porte mais je ne réponds pas.

- C'est Blake. Ouvre moi s'il-te-plaît.

Est-ce que j'avais la force de parler avec lui, de m'ouvrir une fois de plus à lui pour qu'il redevienne froid et distant après ? Non.

Alors je refuse.

Il toqua encore trois fois, mais toujours sans réponse, il soupire et j'entends ses pas s'éloigner.

Durant la nuit, ne trouvant pas le sommeil, je laissai un message d'excuse à Mary et m'en alla.