08. 𝚍é𝚌𝚎𝚖𝚋𝚛𝚎

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Décembre touchait enfin à sa fin.

Séoul était désormais recouvert d'un épais manteau blanc et d'une fraîcheur matinale que Jungkook peinait à supporter. Il n'aimait pas beaucoup l'hiver dans son pays, préférant le printemps, mais les beaux mois lui semblaient bien loin désormais. À ses côtés, son café brûlant dans les mains, Seokjin marchait d'un pas pressé. Il ne le lâchait plus depuis son retour de Busan. Il le collait un peu partout, dans les couloirs de leur université, lors de ses sorties en extérieur... Et Jungkook n'avait pas tardé à comprendre qu'il lui faisait de nouveau peur. Lui, sa stabilité, sa santé... C'était un tout qui effrayait Seokjin. Il savait que son meilleur ami continuait de côtoyer Yoongi et Taehyung. Que de son côté, tout se passait bien avec les deux garçons. Il les regardait d'un air presque envieux, jaloux, mais au fond, Jungkook savait que le premier pas devait venir de lui. Chaque jour qui passait, il se le répétait en boucle : il devait confronter Taehyung, et s'excuser. Mais chaque jour qui passait, Jungkook se retrouvait à ne plus rien assumer.


Au fond, il détestait savoir qu'il avait été une ordure.


Il ne l'assumait qu'à moitié, et s'excuser... Jungkook en avait peur. Peur qu'il soit trop tard, peur que Taehyung le rejette, peur... De tout et n'importe quoi. Il se trouvait des excuses et le savait parfaitement. Seokjin l'avait pourtant encouragé à plusieurs reprises. Namjoon aussi, mais de manière moins douce et délicate. Namjoon était moins doux et délicat. Namjoon semblait l'aimer de moins en moins à mesure que les mois défilaient. Et Jungkook voyait l'une de ses plus précieuses amitiés lui échapper, n'y faisait rien, mais se sentait quand même heurté.

– Tu serais canon là-dedans !

Seokjin s'était arrêté devant une vitrine bien sobre, bien chère, bien au-delà de ses moyens désormais bas. Jungkook lui adressa un petit sourire, gelé par le froid.

– Noël et mon anniversaire sont déjà passés, je me ferais plaisir une autre fois Jinie, murmura-t-il.
– Mais admets que tu serais très beau dans ce manteau.
– Si tu le dis...
– Je le dis et je l'affirme ! Tu ne veux pas l'essayer ?
– Jin, je n'ai pas les sous. Si je l'essaye et qu'il me va, je serais frustré. Et... Oh, ok. Je vois ce que tu as derrière la tête, soupira-t-il.
– Non... Non tu n'en sais rien, rigola-t-il.
– Tu veux me l'offrir. Parce que tu n'aimes pas ce que je porte actuellement.
– J'aime ce que tu portes actuellement, mais ça tombe en lambeaux.
– Je m'en fous.
– Le Jeon Jungkook que j'ai connu ne m'aurait jamais répondu ça...
– Il est loin ce Jungkook, tu le sais...
– Je te l'offre.
– Certainement pas.
– C'est non négociable.
– Jin...
– Jeon Jungkook !

Il baissa les yeux et se laissa pousser dans la boutique, à contrecœur. Seokjin ne voulait que son bien, et le savait. Seokjin n'en pouvait plus de le voir broyer du noir et se laisser de plus en plus aller. Si Jungkook gardait la tête haute à l'université, il n'en était plus rien chez lui. Et cela, son meilleur ami le savait. Il le suivit dans la boutique, les mains dans les poches, le nez en l'air pour regarder les autres manteaux et vestes chaudes qui s'y trouvaient. Ce magasin lui plaisait et il se surprit à penser que Jimin serait beau lui aussi, dans un de ces manteaux.

Arrête ça tout de suite Jungkook. Il secoua la tête, agacé par ses propres pensées et suivit Seokjin dans les rayons jusqu'au manteau qui avait capté son attention. Seokjin était inquiet depuis sa confession. Peut-être avant même, mais depuis sa confession, tout était pire. Cela faisait plusieurs jours – Jungkook n'avait pas pris la peine de les compter, après tout, à quoi cela servait – et Seokjin n'en revenait toujours pas. Il revoyait son air surpris, puis légèrement affligé. Park Jimin ? Le Park Jimi ? Mais enfin Jungkook... Que... Qu'est-ce qui t'est passé par la tête ? Il n'en savait rien non plus et là était tout le problème. Jimin l'avait attiré dans ses filets et Jungkook avait plongé, tête la première, pour ne plus jamais retrouver la surface. Il s'était fait avoir comme le premier des imbéciles, et le regrettait jour après jour.

BROUILLARD SENTIMENTALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant