𝟷𝟹. 𝚊𝚟𝚛𝚒𝚕

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Jimin esquissa un sourire devant la photo de son meilleur ami. Taehyung posait aux côtés de Yoongi, tout sourire, ses cheveux en bataille et des étoiles dans les yeux. Avec un petit pincement au cœur, il se remémora qu'il s'agissait là des premières vacances à l'étranger de son meilleur ami. Voir Yoongi à ses côtés avait certes quelque chose de rassurant, mais désormais Jimin n'avait plus qu'une seule idée en tête : partir lu aussi un jour à l'aventure avec son meilleur ami. Il fit défiler les quelques photos de son séjour que le jeune pianiste lui avait envoyées dans la nuit, sentant son regard s'humidifier à mesure que les photos se succédaient. Au départ, de joie. Puis, à la toute fin, quand Jimin arriva à la fin de la vingtaine de photo du couple ou de Taehyung, une larme lui échappa.

Quelque part, il le savait, il en mourrait d'envie. D'être lui aussi sur ce genre de cliché avec la personne qu'il aimait le plus au monde. C'était le Jimin romantique qui pensait, et il le savait. Ce même Jimin qui avait beaucoup trop d'exigences envers lui-même et les autres en ce qui concernait l'amour. Ce même Jimin qui refusait d'admettre l'évidence avec Jungkook. Ce même Jimin à qui le noiraud manquait terriblement. Il soupira en reposant son téléphone et se tassa un peu plus dans son canapé. Un jour, peut-être. Il alluma sa télévision dans l'espoir de se changer les idées, en vain. De l'autre côté de la porte, il entendit Eunji partir travailler, ou revenir de ses cours, il ne savait pas trop. Au bruit fouillis devant sa porte d'entrée, il devina qu'elle avait encore perdu ses clefs dans un de ses immenses sacs en tissu. Finalement, incapable de reporter son attention sur autre chose que les photos qu'il avait vu, il attrapa son téléphone pour faire défiler à nouveau sous ses yeux la discussion qu'il avait eu avec Jungkook.

Il se demanda comment la relancer, si toutefois une chose pareille était utile. Ils ne s'étaient plus reparlé depuis leur dernier échange à la fin du mois de mars et Jimin en ressentait une profonde culpabilité. En remontant peu à peu le fil de leur discussion, sa mâchoire se crispa. Rien n'avait de sens. Leurs pseudos échanges amicaux qui n'en étaient finalement pas. Leurs sermons tous les dix messages. Tous ces sous-entendus que l'un et l'autre s'évertuaient à ne pas vouloir voir. Toutes ces fois où l'un ou l'autre avaient avorté la conversation car elle devait trop intime ou difficile à endurer. Toutes ces fois où Jimin avait eu envie de le secouer à travers son écran... Il lâcha un rire nerveux. Tu peux parler. Tu es sans doute le pire des deux.

Lors de son court séjour sur Séoul, il avait pris sur lui pour ne pas se ruer chez lui. Il avait affronté les questions curieuses de ses parents quant à une potentielle petite amie, Jimin les avait rembarrés gentiment une nouvelle fois. Ses parents ne comprenaient pas pourquoi leur fils était toujours célibataire, à un âge où l'écrasante majorité des jeunes coréens s'empressaient de se mettre en couple. Se sentant une énième fois en décalage, Jimin avait simplement haussé les épaules en leur assurant qu'il voulait tenter sa chance avec la bonne personne. Homme ou femme. Une nouvelle fois, sa mère avait eu ce sourire crispé, comme pour le supplier qu'elle soit plutôt une femme qu'un homme. Il le savait, il n'y avait pas une once de méchanceté, simplement la peur qu'il ne parvienne pas à s'intégrer dans leur société comme elle et son père.

Il s'était rendu en suivant chez les ses deuxièmes parents, ceux de Taehyung. Il avait aimé voir à quel point ses deuxièmes parents avaient toujours réussi à le cerner davantage que ses parents biologiques. Il les chérissait du fond du cœur, mais il devait bien admettre que les parents de Taehyung, eux, ne l'avaient jamais affublé de l'étiquette du gamin un peu trop ennuyant car différent, trop mature et donc sur lequel on projetait des attentes démesurées. Ils l'avaient toujours considéré comme un enfant quand il en avait été un, un adolescent quand il en avait été un et désormais, un adulte. C'était sans doute la chose pour laquelle Jimin leur avait été reconnaissant : au contraire du monde entier qui l'avait vu comme ce petit garçon précoce qu'il était, eux, l'avaient laissé grandir. Ils avaient fait fi de sa mentalité avancée, de ses mots plus matures que ceux des autres enfants de son âge : ils l'avaient considéré et respecté comme leur propre enfant tout en le comprenant. Et aujourd'hui, Jimin réalisait qu'ils avaient sans aucun doute été les seuls de son entourage à agir de la sorte. Il avait évoqué Jungkook avec eux, à demi-mot, sans mettre de visage ni de nom sur le garçon aux cheveux noir jais dont il leur parlait. Parce qu'il avait été l'ennemi de leur fils pendant des mois, et que Jimin en avait eu honte. Profondément honte. Elle était ressortie en cet instant pour lui agripper les entrailles, au beau milieu de leur discussion, alors qu'il évoquait sa plus récente peine de cœur. Il savait que les parents de Taehyung n'avaient pas été mis au courant ni par l'école ni par leur fils de la moitié des choses qu'il avait vécu. Et sous les objections de Taehyung, Jimin n'avait jamais pu se résoudre à les leur dire.

BROUILLARD SENTIMENTALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant