Alpha - Inoculation

13 - Méduses

Le Professeur était incapable de faire le moindre geste. Il voulait fuir mais ses jambes étaient vissées au sol, exactement comme dans l'un de ses trop nombreux cauchemars.

- Eh bien ? L'humain ? On se le partage ?

Bashuka sentit Alpha le contourner pour avancer vers Tore'k qui écarta les bras comme s'il allait donner une accolade au prisonnier.

- Je prends son petit cul et tu prends la tête, Red ?

Il ne parvint pas à articuler une syllabe supplémentaire : Alpha le cueillit d'un crochet au cou et ne lâcha pas sa prise, serrant les doigts autour de la gorge du tortionnaire.

- NON !

De statue de sel, le Professeur se transforma en tornade et se rua sur l'humain. Il saisit des deux mains l'avant-bras de l'humain, s'y suspendant presque, sans parvenir à faire ciller ce dernier dont la prise se resserra. Tore'k, dont la peau lisse prenait une coloration bleu violacée, avait tenté de lancer un seul coup de poing au visage avant de faiblir et de n'avoir que la force de s'accrocher au poignet d'Alpha. Ce dernier mit quelques secondes à remarquer la présence du jeune Akaïa à sa gauche, dont les ongles s'enfonçaient dans sa peau comme pour s'y ancrer définitivement.

- Alpha, pitié ! Non, je vous en supplie ! implora le scientifique en sentant avec honte des larmes couler sur ses joues et son menton. Alpha, s'il vous plaît ! Oh, par pitié, écoutez-moi ! Pitié, Alpha, pitié ! Ne faites pas ça !

- Donnez-moi une seule bonne raison, Professeur, grinça l'humain sans quitter des yeux le visage à présent violacé de sa proie. Une seule.

- Je... oh, je...

Bashuka recula soudain, se tordant les mains :

- Alpha, j'ai vu assez de violence ce soir !

L'homme pâlit. Il se redressa un peu.

- Je n'en peux plus, ajouta faiblement le Professeur, les lèvres frissonnantes. Ne le tuez pas, Alpha, je ferai tout ce que vous voulez...

Le prisonnier eut un rire sans joie et libéra sans prévenir Tore'k qui s'effondra au sol en toussant comme un poitrinaire, éructant avec force. Le Professeur ne bougea pas, figé, son regard faisant l'aller-retour permanent entre son bourreau et celui qui avait été sur le point de l'en débarrasser définitivement. Les poings serrés, Alpha restait au-dessus du violeur, la respiration lente et mesurée. Sans poser le regard sur Bashuka, il gronda :

- Tout brillant que vous soyez, je crois que vous n'êtes pas en état de prendre une décision aussi sérieuse, Professeur.

- Alpha... Alpha ! Je ferai tout ce que vous me demanderez ! promit le jeune Akaïa avec désespoir.

Les yeux de Tore'k se révulsèrent : il venait de perdre connaissance.

- Alpha, je veux que ça s'arrête ! sanglota Bashuka tentant de croiser le regard furieux de l'humain. Alpha, je vous promets que je ne vous demanderai plus jamais rien d'autre ! Je ferai tout ce que vous me demanderez ! Je veux... je veux juste que ça cesse, je veux partir d'ici, je ne veux plus voir de violence, je ne veux plus... je ne veux plus...

Le souffle court, il sentit ses jambes se dérober sous lui et tomba aux pieds de l'humain. Ce dernier sentit les doigts glacés du scientifique entourer l'une de ses chevilles, puis il sentit la tête de Bashuka se poser contre ses genoux.

- Je veux qu'on rentre, je... je veux qu'on ne soit que tous les deux... Je ne veux pas vous voir... je ne veux... je ne veux pas vous voir comme ça.