Durant trois semaines, cette étrange « adoption » d'un humain si dangereux par un membre si estimé de l'unité scientifique fit beaucoup de bruit. Comment ? Pourquoi ? Tous les services finirent par murmurer que le Professeur, si tête en l'air et si silencieux, travaillait actuellement sur une arme biochimique secrète, nouvelle et dont la puissance dépasserait tout entendement akaïa. L'humain avait reçu une tenue beige, une combinaison large comportant quelques électrodes et quelques cellules de contrôle dermique. Par ailleurs, l'humain portait des bracelets électroniques relevant toutes ses données biométriques et biochimiques, des bracelets ayant un potentiel contentif. On racontait que le scientifique, qui cachait bien son jeu derrière ses lunettes et un petit air innocent, avait testé la puissance maximale des électrosecousses et en avait presque tué cet humain si dangereux. Le seul qui ne faisait pas réellement de commentaire sur la question était le général Laned. Ce dernier savait exactement à quoi s'en tenir, plus encore que ce que Alpha s'imaginait, et il attendait son heure comme un serpent.
Quant à Alpha et au Professeur, ils apprenaient à s'apprivoiser l'un l'autre. L'humain découvrit l'étendue des connaissances et de l'intérêt que l'Akaïa portait à sa race. L'humanoïde comprit les conséquences des sévices que le sujet d'expérimentation avait subis et apprit à calmer les fureurs destructrices qui saisissaient son compagnon au moindre stimulus désagréable. Si une porte métallique claquait, le jeune Professeur se tournait vers l'humain et lui caressait la tête, juste le dessus du crâne, pas le visage. Il plongeait ses doigts dans les cheveux rouges de l'humain et lui massait doucement la tête. Il savait qu'il prenait le risque de se faire agresser, mais il savait aussi que cette étrange technique marchait à chaque fois. Le Prof l'avait découverte lorsque l'humain lui avait bondi dessus, en proie à une crise de fureur intense. Incapable de frapper pour se défendre, l'Akaïa lui avait simplement posé la main sur la tête. Tout s'était apaisé en quelques instants.
Un soir, alors qu'ils partageaient un repas calme, dans le bureau privé de l'humanoïde, Alpha brisa le silence :
- Vous avez une vie, en dehors du travail ? Professeur ?
L'humain vit son nouveau geôlier s'étouffer à moitié, prendre une gorgée d'un liquide artificiel bleu canard et s'essuyer la bouche avant de répondre :
- Eh bien...
- Laissez tomber, cette simple réaction indique bien que non, soupira le sujet d'expérimentation.
- Quel réa...
- Vous n'êtes même pas habitué à tenir une conversation au cours d'un repas. J'ai une excuse, plusieurs excuses en fait, mais vous devriez au moins...
- Je n'ai pas précisément un cadre de vie très fascinant en dehors de cette base.
- Vous vivez sur une planète ?
- Non.
- Une planète naine ?
- Non...
- Une lune ?
Le Professeur se resservit un verre d'Electrikaid, le regard posé sur son verre. Il remonta ses lunettes le long du nez et se racla la gorge.
- Vous vivez ici... murmura l'humain.
Une lueur d'amusement sadique passa dans son regard. Alpha haïssait les Akaïa et voir l'un d'eux aussi mal à l'aise, bien qu'il se soit fait la promesse de ne pas lui faire de mal sans raison stricte, lui donnait envie de rire aux éclats.
- Ça vous amuse, nota le scientifique d'un ton penaud.
- Prenez un air plus désolé encore et ma journée sera parfaite.
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Alpha - Inoculation
Science FictionSci-Fi. Le peuple des Akaïas a écrasé l'humanité et un homme rebelle est tenu captif dans un laboratoire pour y subir des expérimentations. Un jeune scientifique apitoyé accepte de le faire sortir de sa cage, mais il ignore qu'il vient de libérer un...