10 - Prise de contrôle

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Le Professeur se figea en sentant la chaleur de l'humain l'envahir. Les lèvres de ce dernier commencèrent à se mouvoir, mais l'humanoïde ne parvenait ni à ouvrir les yeux, ni à répondre au baiser. Il sentait la large main du prisonnier glisser entre ses épaules. Il ne souffrait pas. Il comprenait ce que ces mouvements légers, sur le tissu de sa chemise, visaient à le rassurer. À lui faire du bien. C'était la première fois qu'un être vivant lui faisait du bien physiquement. Soudain, les lèvres chaudes et épaisses de l'humain rompirent le contact avec celles de l'Akaïa. Les mouvements circulaires, dans son dos, cessèrent.

- Mais, je...

- Suis-je allé trop loin ? demanda Alpha, les sourcils levés, l'air sincèrement inquiet.

- Non, je...

- Vous ne voulez pas m'embrasser ?

- Vous em... je ne... je...

Le Professeur foncit, il ne comprenait pas.

- Vous pouvez m'embrasser, si, bredouilla-t-il. Je...

- Non, vous. Embrassez-moi.

Le scientifique cilla plusieurs fois, se tordit les mains. Il évitait le regard d'AL-340.

- Je suis trop grand pour vous ? voulu plaisanter le prisonnier en croisant les bras.

Quelques mèches de ses longs cheveux rouges tombaient devant ses yeux. Il se pencha et posa ses lèvres sur le front de l'humanoïde, lentement, doucement, presque sans y appliquer de pression.

- Et ça, vous connaissez ?

L'Akaïa avait le souffle coupé, parce qu'il ne comprenait pas la signification de ce genre de geste. Il ne parvenait plus à respirer, étouffé par les larmes, parce qu'il ignorait tout de ce type de contact. Il ne connaissait pas la tendresse, malgré toute celle qu'il possédait. Alpha sentit la glace qu'il avait soigneusement fait grandir autour de son cœur et de ses entrailles se dégeler. Il y avait beaucoup trop de sensibilité dans cet être dont il honnissait la race.

- Professeur ?

Le scientifique prit son inspiration, sentit ses joues devenir humides et secoua la tête. Les sanglots lui coupaient la parole. À nouveau, les lèvres de l'humain se posèrent contre la peau bleutée de l'Akaïa, juste devant son oreille. Elles effleurèrent doucement la joue de l'humanoïde et ce dernier sentit la langue d'AL-340 glisser contre les larmes qui ne cessaient de couler. Alpha posa un baiser plus ferme à la commissure des lèvres du Professeur et murmura :

- Respirez, Professeur, prenez tout votre temps.

Le souffle chaud de l'humain fit trembler l'humanoïde. Encore ? Il tortura à nouveau ses mains de pianiste, mais les paumes rudes et calleuses du Saoudien les saisirent, entremêlant leurs doigts. Sans poser ses lèvres sur celles du Professeur, Alpha murmura :

- Serrez-moi contre vous, Professeur. Vous déciderez du reste...

L'Akaïa tremblait violemment, mais il parvint à passer ses bras autour du torse du prisonnier militaire.

- Embrassez-moi, ordonna doucement l'humain. Quand vous le voudrez, embrassez-moi.

- Je ne sais pas comment... bredouilla le Professeur, honteux.

- Donnez-moi un baiser. Ce n'est pas une expression, fit Alpha, égrenant ces mots contre la peau douce de l'humanoïde. Vous me faites un présent en m'offrant un baiser. Un présent, c'est personnel, c'est un cadeau qu'on ne veut offrir à personne d'autre. Il vous suffit de vouloir me donner un baiser.

Alpha - InoculationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant