15 - Trash TV

203 20 3
                                    

Alpha vit revenir Sekani après un temps qui lui parut très court. L'humanoïde boitait franchement et tenait contre lui un sac en tissu déformé par son contenu. Le soldat qui se tenait derrière lui donna une bourrade qui arracha un cri de douleur à l'Akaïa. Ce dernier manqua de tomber mais parvint à garder l'équilibre. L'humain, qui parvenait à ouvrir les yeux à présent malgré sa migraine, nota le regard apeuré de son colocataire contraint. Ce dernier lança une phrase à l'adresse du soldat dans un dialecte que Shahin ne connaissait pas. Le soldat fit mine de rouvrir la porte en grand pour revenir dans la cellule tandis que Sekani, le sac toujours serré contre son cœur, reculait, le dos tourné vers Alpha, continuant de parler au soldat apparemment furieux. Une alarme retentit brutalement, Sekani ricana, cracha directement sur le casque du soldat et observa celui-ci disparaître sans un mot.

- L'alarme, c'est pour eux, pas pour nous, déclara sans attendre l'humanoïde qui s'assit à bonne distance d'Alpha. Les règles disent qu'ils n'ont pas le droit d'interagir avec nous en dehors de ce qui est écrit dans le protocole.

Shahin resta silencieux, les yeux rivés sur le sac. C'était de la nourriture. De l'eau. Peut-être même y trouverait-on des analgésiques ? Il mit quelques secondes avant de relever les déclarations de l'autre prisonnier :

- Le protocole ?

- Hmm.

L'humain soupira avec agacement :

- Ai-je sincèrement l'air d'avoir la moindre idée de ce dont tu parles ?

- Ah, non. Ils te l'ont pas dit du tout ?

- Dit quoi ?!

- C'est un jeu. Un truc qui passe sur une grosse chaîne satellitaire. Je t'avais dit pour les caméras. C'est pour ça que le soldat a rien pu faire quand j'ai parlé de sa mère. S'il intervient ça fâche les producteurs, les téléspectateurs et surtout les parieurs.

Shahin secoua la tête : sa haine des Akaïas le faisait vibrer. S'il était dans cette situation, c'était à cause d'eux et surtout à cause du Professeur.

- Je pense qu'on est pas les seuls. Je regardais l'émission, au harem. Enfin, Alam mettait ça sur les écrans pour les soirées. Moi j'aimais pas. Et y'a énormément de gens – enfin, d'Akaïas, surtout – qui font des gros paris. C'est très à la mode.

Un silence suivit. Alpha se sentait vide. Plus vide qu'après avoir reçu une électrosecousse. La voix timide de Sekani finit par s'élever :

- Tu connais pas du tout ?

Shahin ne répondit pas. Il entendit un bruit de tissu froissé et releva la tête. L'humanoïde fouillait dans le sac qu'il avait ramené.

- T'en as eu un ? Un sac ?

- Non.

- Moi, j'ai l'habitude alors ça me dérange pas tant que ça de...

- Épargne-moi les détails, grogna Alpha qui revoyait le moment présent où il avait tiré Bashuka des griffes de Tore'k.

- Pardon. Ah, tiens. J'en prends pas, moi. Tu en veux ?

Il tenait une boite ronde et lisse. Le logo des laboratoires Axaliz en ornait le couvercle.

- Je ne connais pas.

- C'est un antidouleur. Enfin je pense que c'était censé être un antidouleur. C'est vendu comme ça mais au harem pratiquement tout le monde en consommait.

- C'est addictif ?

- C'est ultra addictif.

- Tu peux le garder.

Alpha - InoculationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant