4 - Commotion cérébrale

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L'Akaïa finit par reprendre complètement ses esprits. Il réalisa qu'une sorte de trêve s'était établie entre lui et l'humain. Malgré sa petite taille, le Professeur parvint à soutenir AL-340 jusqu'à son bureau. Il ne pouvait se permettre de mobiliser une navette individuelle. On lui aurait demandé des comptes, et il ne savait pas mentir.

- Au moins, sourit faiblement Alpha en s'effondrant sur le fauteuil ergonomique rembourré du scientifique, vous n'aurez pas à craindre mes ardeurs, ce soir !

Affairé à sortir tous les produits et objets dont il aurait besoin pour panser et soulager l'humain, le chercheur, distrait, lança :

- Oui, les taux de cortisol augmentés par le stress inhibent totalement la libido.

Les deux ennemis échangèrent un regard.

- Vous rougissez facilement, remarqua AL-340.

- Nous disons « foncir ». Ce sont les humains qui rougissent. Voilà, j'ai tout ce qu'il me...

- Une seconde, me soigner ?

- Oui, pourquoi pas ?

- Professeur, croyez-vous que je dispose de tout cet arsenal de premier secours dans ma petite cage ?

L'Akaïa fronça les sourcils, agacé :

- Que voulez-vous dire ?

Alpha, qui regrettait déjà son extrême faiblesse physique, saisit entre ses doigts la main de l'humanoïde, qui avait débouché un flacon de désinfectant homéostatique.

- Soignez-moi, refermez mes plaies, pansez-moi comme il se doit. Premièrement vous ruinerez intégralement l'expérience du laboratoire pour cette précieuse industrie cosmétique. Deuxièmement, et même si vous me remettez au petit jours dans ma chère cage, je doute que Laned prenne plus d'une heure avant de comprendre que c'est vous qui m'avez si gentiment aidé...

Ce disant, Alpha caressa de sa main libre le cou du Professeur.

- Si je comprends bien, mon acte héroïque et parfaitement inconscient – soit dit en passant – n'aura servi à rien.

L'énervement du chercheur était palpable. Si palpable, à vrai dire, qu'il ne parut même pas sentir le contact des doigts de l'humain contre sa peau. Le prisonnier AL-340 sourit : il n'avait plus aucun regret à avoir épargner cet adorable humanoïde.

- Vous êtes trop innocent pour être Akaïa, Professeur, fit l'humain en constatant que le Professeur hésitait à reboucher le flacon de désinfectant. Comment appelez-vous la molécule qui affaiblit le désir sexuel ?

L'humanoïde redressa ses lunettes sur son nez, tentant de faire disparaître la rougeur sur ses joues :

- Le cortisol.

- Ah, oui... Il existe sans doute une molécule qui... comment dit-on ? Empêche ? Interdit ?

- Le mot que vous cherchez doit sans doute être « inhibe ».

- Voilà... qu'est-ce que vous faites ?

- C'est une drogue synthétique que j'ai confisqué il y a des mois à un stagiaire. Sa consommation entraîne de la dépendance sur la durée, et il était déjà addict.

- Oh. Et vous comptez donc me droguer...

En effet, le Professeur, se ravisant en ce qui concernait le désinfectant homéostatique, venait de sortir de l'un de ses tiroirs une pochette hermétique contenant plusieurs doses d'un liquide transparent. Il alla chercher dans une armoire une seringue, y vissa une aiguille et préleva tout le contenu de la dose de drogue.

Alpha - InoculationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant