Chapitre 9

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« Thomas, c'est ça ? »

Le jeune homme hocha la tête dans un sourire. À peine attablés, les trois individus se scrutaient silencieusement dans le blanc des yeux, la timidité de Thomas retentissait si puissant dans la pièce qu'il s'attendait à ce que l'on lui fasse la remarque.

« Eh bien, parle-moi un peu de toi ! Qu'aimes-tu, à part mon fils ?

— Oh, um... Je suis passionné par la science. J'adore les romans policiers et... il m'arrive de jouer au basket.

— Tu es intéressé par la science ? fit-il, impressionné.

— Papa, il est littéralement dans notre lycée pour ça ! rappela le fils.

— Il est vrai que vous êtes dans établissement spécialisé dans les sciences, effectivement. Plus jeune, je ne comprenais strictement rien à ces matières ! J'aimerais dire que cela s'est amélioré avec le temps... Envisages-tu de t'engager dans ce type de voies professionnelles ?

— J'adorerais être professeur de sciences, en réalité. L'enseignement m'a toujours intrigué, d'autan plus le contact avec les élèves.

— Belle ambition... »

La conversation se prolongea jusqu'à ce que monsieur Stacy ne revienne : « Tu m'as dit que tu lisais des romans policiers. Tu dois savoir que je suis moi-même chef de police, n'est-ce pas ?

— Newt m'en a informé, oui. Je n'imagine pas combien ce métier doit être épuisant.

— Tu as bien raison. Il l'est d'autant plus en ce moment, ce saltimbanque nous complique bien la vie...

— Un saltimbanque ?

— Il se fait appeler Spider-Man. »

Les poings de Thomas se serrèrent sur ses couverts.

« Comment ça ?

— Ce vagabond cause plus de problèmes à cette ville que quiconque. Un véritable cauchemar pour mes collègues et moi.

— Pourtant, je crois avoir vu plusieurs témoignages disant qu'il ne faisait qu'aider la population, non ?

— Ce sont des balivernes, mon garçon ! Cet homme est à abattre ! Il complique tout et risque des vies !

— Au contraire, il en sauve. Je pense que l'on doit lui être redevable.

— Redevable ? Mises-tu davantage de confiance en ce voleur qu'en la police New yorkaise ?

— Je n'en sais rien. Après tout, lui ne reçoit aucun salaire, à l'inverse de certains gardiens de la paix qui exerce leur profession uniquement pour leur gain. »

L'air se bloqua dans les poumons de Newton. Il suffoqua avant de déclarer : « J'ai besoin de prendre l'air. » Il quitta l'appartement, sous les questionnements soucieux de son père. Thomas le suivit jusqu'au toit, où il le retrouva accoudé sur la limite du mur, la tête enfuie entre ses mains. Il enveloppa son corps tremblotant dans ses bras et dit : « Eh, beauté. Tu sembles exténué. Tout va bien ? » Le garçon ne répondit pas, s'adossant simplement contre son torse.

« Tu risques de prendre froid. Rentrons. »

La main de Newton l'empêcha de le retourner.

« Je dois te parler, Tommy. »

Un pli anxieux se forma sur le front du surnommé.

« J'ai peur que tu t'énerves. Ou même que tu me haïsses. Mais je dois absolument te le dire.

— Te haïr ? Newt, je t'aime plus que tout au monde depuis des années. Je ne te détesterai jamais.

— Je n'en suis pas si sûr... »

Il ancra ses iris obsidiennes dans les siennes, les lèvres pincées. Des larmes miroitèrent dans ses yeux.

« Tommy... j'ai fait une grosse bêtise. Je n'arrête d'ailleurs pas de culpabiliser depuis. Je m'en veux tellement, si tu savais... »

Thomas glissa un bras rassurant dans son dos.

« J'ai... J'ai embrassé Spider-Man. »

Les sourcils du brun se haussèrent, sa bouche s'entrouvrit. Son corps se figea un instant.

« Oh. »

Newton s'offusqua aussitôt : « Oh ? Je te dis que j'ai embrassé quelqu'un d'autre, que je me déteste depuis et tout ce que tu réponds, c'est "oh" ?!

— Je voulais dire... Quoi ? Sérieux ? Comment c'est possible ? Tu as embrassé Spider-Man, genre... le vrai ? Je suis... choqué !

— J'ai fait ça car je pensais avoir des sentiments pour lui. Seulement... je t'aime énormément. Je ne me comprends plus, en ce moment... je suis perdu. Et minablement ridicule.

— Tu racontes n'importe quoi ! Tu es parfait ! Tu as toute les qualités du monde !

— Je ne comprends pas ta réaction... J'ai embrassé quelqu'un d'autre... Nous sommes ensemble depuis à peine deux jours...

— Je te comprends, c'est tout ! En même temps, ce type est tellement beau, cool et charmant ! Moi aussi, je l'aurais embrassé ! Enfin... ouais... grimaça-t-il un peu.

— Tu ne me prends pas du tout au sérieux, c'est ça ?

— Quoi ? Si ! Je t'ai dit que j'étais sous le choc ! Je suis même... sidéré !

— Ok, très bien, j'ai compris. »

Il se débarrassa furieusement de son emprise et se dirigea vers la porte de sortie d'un pas lourd.

« Newton, attends ! »

L'interpelé ne se retourna pas. Confusément perdu, Thomas lança désespérément une toile. Le blond fut abruptement attiré jusqu'à lui, tombant dans ses bras. Les yeux du garçon s'écarquillèrent. Un cri s'évanouit dans sa gorge nouée tandis que son expression horrifiée dévisageait le brun avec effroi.

« T-Tu... T-Tu...

— Tais-toi. »

Il étouffa ses bégaiements dans un baiser. Les paupières closes, les doigts du blond caressèrent aveuglement les cheveux de sa nuque, ses lèvres se murent sauvagement contre les siennes. Seul un raclement de gorge parvint à les séparer.

« Désolé de vous interrompre, mais le dessert est prêt. sourit monsieur Stacy. »

Les joues rutilantes, Newton acquiesça timidement. Lorsque son regard se porta sur son petit ami, il crut bien s'évanouir.

Spider-Man - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant