Chapitre 15

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Thomas et Newton paraissaient l'un à côté de l'autre dans les parcs de leur lycée, échangeaient leurs pensées sur leur dernière évaluation du trimestre et partageaient leurs doutes et leurs inquiétudes d'élèves. Minho apparut soudainement au loin. Il trottina joyeusement jusqu'à eux et s'exclama : « Écoutez-moi ça ! Le karma s'est occupé de Gally, on m'a dit qu'il s'était fait agressé hier par un homme armé habillé en noir ! Si ça ce n'est pas un messager du destin ! » Le blond entrouvrit les lèvres et tourna un regard sévère sur son petit ami, qui bredouilla : « Q-Quoi ?

— Tommy, tu n'aurais rien à nous dire ? s'impatienta-t-il.

— Non, non... absolument rien, tout va bien... je suis... satisfait qu'il se soit fait un peu redressé...

— C'est ça. Tu n'y es donc pour rien ?

— Rien du tout...

— Bien sûr, qu'il n'y est pour rien ! défendit Minho. Le type avait une cagoule et une voix d'ogre, rien qui ne corresponde à Tom !

— Ça, c'est ce que Gally a avoué. Ce serait bien trop honteux de confier que Spider-Man, le héros de la ville qui n'attaque que les malfaisants, lui ait donné une leçon de morale. N'est-ce pas, Tommy ?

— Spider-Man n'y est pour rien... insista-t-il d'un ton faible.

— C'est pas vrai ! changea Minho. Tu lui as vraiment planté un couteau dans le torse ?!

— Tu as quoi ?! s'étrangla Newton.

— Ça va, il l'a à peine ouvert ! réagit Thomas. Enfin, je suppose que l'agresseur ne l'a pas poignardé mais plutôt menacer...

— Tommy... Arrête ton petit jeu de rôle et passe aux aveux. Je t'avais dit qu'il fallait mieux ne rien faire !

— Quoi ? J'allais le laisser te menacer de viol et me contenter d'un nez cassé ?

— T'es un taré, ma parole... murmura Minho. Moi qui t'ai défendu !

— Ce n'est pas comme si je l'avais tué ! J'ai simplement un tout petit enfoncé le bout de la lame dans sa poitrine, rien de plus !

— Simplement ?! Tommy, tu ne te rends pas bien compte de la chance que tu as, qu'il n'ait pas mentionné Spider-Man ! Tu aurais été cherché dans toute la ville, par tous les postes ! Il n'y a qu'un dangereux psychopathe qui poignarde des gens au hasard !

— Je ne l'ai pas poignardé ! »

Newton soupira et attrapa doucement ses mains, qu'il serra en guise de réconfort.

« Chéri, je sais que tu tenais à me protéger et que tu as eu peur. Je t'en suis éternellement reconnaissant, sincèrement. Je ne pense pas que Gally pourra m'approcher après ça. Mais tu te mets en danger, en réagissant comme ça ! Nous sommes dans une société, il y a des lois... Et s'il avait reconnu ta voix ? Et s'il savait ce que tu caches ?

— Il ne sait rien...

— Ah oui ? intervint Minho. Tu lui as posé la question ?

— Je veux dire... Il m'a parlé de Thomas Parker comme il l'aurait fait devant quelqu'un d'autre... Il ne se doute de rien, j'en suis pratiquement sûr.

— Je te fais confiance, Tommy. Mais reste sur tes gardes, s'il te plaît. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. D'accord ? »

Thomas acquiesça dans une moue.

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Le tintement métallique des couverts préoccupait le lourd silence régnant autour de la table à manger des Stancy. Thomas, poliment invité par le père de son petit ami, ne prononçait pas un mot, jouait avec ses petits pois comme une jeune enfant et mâchait mollement sa viande. Newton s'inquiéta face à la grimace qu'arborait son père : « Papa, est-ce que tout va bien ?

— C'est rien, c'est le boulot... soupira-t-il. J'avais raison une fois de plus et ça me désole...

— À propos de quoi ?

— Un homme a attaqué l'un de tes camarades de lycée. Je sais de qui il s'agit.

— Ah... Ah oui...? blanchit le fils d'une petite voix.

— Évidemment. C'est lui, ce dit Spider-Man. Je le savais depuis le début. Cette vermine n'a rien de bon en elle. »

Un petit pois vint se loger dans la trachée de Thomas et le garçon s'étouffa dans une quinte sèche.

« Ça va, Tommy ? »

Pourquoi ça n'irait pas ? Le shérif venait de découvrir le fautif sans savoir qu'il était assis juste devant lui.

« Oui, oui... j'ai simplement avalé de travers.

— On dirait que quelqu'un voit très bien de quoi je parle. intervint l'adulte. Ce n'est pas toi, le grand supporter de ce saltimbanque ? As-tu enfin ouvert les yeux ?

— Je maintiens mon avis à ce propos.

— Malgré les accusations irréfutables de plusieurs témoins ?

— L'homme qui a agressé Gally était habillé en noir et avait une cagoule. Il n'avait rien de Spider-Man.

— Eh bien non, en réalité. Le gamin vient de cracher le morceau pour nous éviter de rechercher un suspect inexistant. Il avait peur que la police ne le croit pas face aux soi-disants exploits que Spider-Man avance. Mais le coupable est bel et bien le salaud que tout le monde pointe du doigt depuis le départ.

— Il essaye d'aider, j'ai vu des vidéos sur Internet...

— Tu as vu des vidéos sur Internet ? Quelle grande source. Je suis sûr que l'entièreté des postes New Yorkais se trompe, tes justifications sont en béton.

— On dirait qu'il essaye d'aider, voilà tout.

— Internet le fait passer pour un héros, ce qu'il n'est pas et ne sera jamais.

— Je ne dis pas que c'est un héros...

— Que dis-tu, dans ce cas ?

— Je dis qu'il n'a rien d'un malfaisant.

— De quel côté es-tu, hein ?

— Je ne suis d'aucun côté. Je pense simplement qu'il fait ce que la police ne peut pas faire et qu'il le fait avec de bonnes intentions.

— Ce que la police ne peut pas faire ? s'agaça-t-il immédiatement. Pour toi nous restons avachis dans nos fauteuils de bureau sans rien faire, un donut à la bouche et les doigts plantés dans le cul ?

— Papa... souffla désespérément Newton.

— Il défend les mêmes valeurs que vous. Il défend la loi et l'ordre. Tout comme moi.

— Cependant c'est moi qui porte un badge et ce type qui se cache sous un masque, comme un hors-la-loi. Ce garçon n'a rien d'un justicier. Il attaque et il est prêt à tuer, il veut descendre la police et son pouvoir pour tout s'accaparer.

— Et si ce camarade de lycée l'avait mérité ? se froissa Thomas. Et s'il devait se faire corriger ?

— Comment un gamin pourrait mériter une telle chose ! C'est absurde et inexcusable ! Jamais un enfant ne commettrait un acte justifiant une telle rectification !

— La violence n'épargne pas la jeunesse... grommela-t-il entre ses dents serrées.

— C'est ce que Spider-Man nous aura appris. »

Le brun crispa ses poings et quitta brusquement la table, s'excusant : « Je suis désolé si je vous ai insulté, ce n'était pas mon intention. Mais je dois me rafraîchir un peu. » Newton lança un regard dur à son père, qui réagit de suite : « Quoi ? Je n'y peux rien si ton ami est attaché à ce vagabond comme une mère à son fils !

— Petit ami, papa. Tommy est mon petit ami.

— Et je commence à penser que tu aurais pu trouver bien mieux... »

Le blond partit furieusement à son tour, laissant son père essuyer le coin de sa bouche dans un grognement.

Spider-Man - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant