Noah - Pumped Up Kicks (Aerokind Edit) : https://www.youtube.com/watch?v=Uy56nxKTLFs
Je suis entourée de rouge. Peu importe où j'oriente mon regard, je ne vois que ça. Ces fleurs rouges. Des coquelicots. Ils me font peur, j'ai l'impression d'être comme aspirée et étouffée par cet amât de fleurs géantes et menançantes. Leur tiges vertes ondulent au gré du vent. Puis une voix terrifiante résonnent au fond de moi. "Coquelicot". Une douleur intense se réveille à l'intérieur de ma cuisse. Je vois alors ma cicatrice qui petit à petit s'ouvre, laissant paraître la chair à vif, rouge elle aussi. Je suis comme apée par cette couleur qui éblouit ma vision.
Je me réveillai en sursaut, haletante et paralysée. Mes yeux tardaient à s'habituer à la lumière de la pièce dans laquelle je me trouvais. Puis j'aperçus un visage penché sur moi, celui de Dren.
<< Emm ? Tu peux parler ?
- Oui. J'ai besoin d'eau.
- Bien sûr. J'arrive. >>
Il réapparu sous peu, avec une gourde, et un torchon humide qu'il me déposa délicatement sur le front. Il m'aida à m'assoir et à boire. Puis il me tendit un bol, rempli d'une sorte de bouillasse verdâtre qui ne m'inspirai pas confiance ; mais j'avais tellement faim que je me jetai dessus. Après plusieurs bols, je fus enfin rassasiée.
<< Qu'est-ce qui s'est passée ? Je me souviens ... d'avoir couru pour échapper aux Traqueurs ... puis d'être entré dans un immeuble. D'avoir sauté dans un trappe et puis ...
- Puis tu t'es évanouie. Tu étais très faible.
- Vraiment ?Hum, je peux te poser une question ?
- Je t'écoute.
- Comment as-tu fait pour savoir que les Traqueurs nous suivaient ? Ils n'étaient même pas dans la rue dans laquelle on marchait. Même lorsqu'on courait, je ne les ai pas vu ni entendu.
- Je suis capable de sentir leur présence, depuis que je suis tout petit. C'est difficile à expliquer, mais lorsqu'ils s'approchent de moi, c'est comme une évidence, je sais qu'ils sont là. On m'a dit que c'était une déficience génétique, je vois plutôt ça comme un don.
- Si ton don n'avait pas été là, tu serais déjà dans une de leurs prisons. Et je le serais sûrement aussi.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- J'ai la fâcheuse tendance à perdre mon calme quand je vois des Traqueurs, mes yeux ne mettent pas plus d'une seconde à s'assombrir. Je n'ai pas leurs couleurs depuis une semaine. Comment sont ils ?
- Noirs. C'est pour ça que Tino t'a emmené à nous. Tu es des nôtres.
- Tino ? Le petit garçon de la librairie ? Alors c'est pour ça que vous m'accueillez parmi vous. Pourtant je suis calme, je ne comprends pas ... Pourquoi mes yeux sont-ils noirs ?
- Je ne peux pas le savoir à ta place, mais je sais que pour beaucoup de Rebelles, leurs yeux restent noirs à cause d'un traumatisme.
- Je vois. On est donc contraint à vivre dans l'ombre ? Cachés toute notre vie ?
- Pas forcément. Le retirement des Rebelles n'est que temporaire. Nous allons quitter l'île bientôt.
- Quitter l'île ? Pour aller où ? Peu importe où nous allons, nous serons toujours des hors la loi.
- C'est ce que tu crois. Les choses vont changer, c'est ce que Marco m'a dit. Mais je n'en sais pas plus.
- J'ai une autre question. Comment est-ce que tu m'as ... tu sais ... parlé dans ma tête ?
- Ah oui, ça. On appelle ça le Code N. C'est un moyen de communication propre aux Rebelles ou aux Yeux Sombres.
- Tu veux dire que moi aussi je suis capable de communiquer de cette façon ?
- Oui, après un peu d'entraînement tu y arriveras sans problème.
- C'est incroyable. C'est aussi une déficience génétique ?
- On peut dire ça. Ce qui est sûr, c'est que les DDF ne sont pas au courant de cette capacité. Et c'est là un de nos plus gros atout.
- Est-ce qu'on est le seul camp de Rebelles ? Ou il en existe d'autres ?
- Il en existe plusieurs autres, dans différents îlots. Ils se sont formés récemment, suite aux soulèvements. On communique avec eux par messagers.
- Mon père m'en a parlé. Des habitants se sont révoltés contre les Traqueurs c'est ça ?
- Oui, et ils ne l'ont pas volé, ces tyrans. Ils n'ont aucune pitié ni justice. Ici, ils ont essayé de tuer un gamin de 5 ans, parce qu'il avait les yeux noirs après que des enfants l'ai tabassé.
- C'est injuste, et ils le savent. Je les ai toujours détestés.
- Dis plutôt que tu en a peur, dit Dren sur le ton du défi.
- Pas du tout, si j'en ai l'occasion je leur fais la peau.
- Vraiment ? Je te pensais inoffensive, lança-t-il en levant un sourcil.>>
Je n'allais pas laisser passer ça. Si je devais faire partie des Rebelles, il fallait que je me fasse respecter et qu'on me prenne au sérieux. Je dégainai ma dague, coincée entre mon pantalon et mes hanches, cachée par ma tunique. Je lui attrapai le cou de mon bras libre, et me plaçai derrière lui, la lame de ma dague pressée sur sa gorge. Je pouvais la sentir enfler lorsqu'il déglutissait.
<< Inoffensive, hein ? >>
Je m'attendais à ce qu'il se rende, mais il m'asséna un coup de coude dans les cotes qui me coupa le souffle. Je lâchai prise, et il en profita pour se retourner et m'ôter ma dague des mains. J'étais désarmée, mais pas vaincue. Il était en position de défense, protégeant son visage de ses mains, les jambes écartées pour plus d'appui. Parfait. Je me baissai, me faufilai entre ses jambes, les agrippai puis les soulevai en me relevant. Il fût déstabilisé et tomba sur le dos. Je m'assis à califourchon sur lui, repris ma dague qu'il avait échappé dans sa chute, et la levai au-dessus de son thorax. Nous nous regardâmes dans les yeux, il sourit et rit. Puis une voix chantante pénétra dans mon esprit : <<Bienvenue chez les Rebelles.>>
Je lui souris et riai en retour.
<< Hum, Emm, j'aimerais bien me relever.
- Oh, désolée. >> Je ne m'étais pas rendue compte que j'étais restée sur lui aussi longtemps. Mes joues s'empourprèrent aussitôt, je détournai la tête.
- << Il vaudrait mieux rentrer maintenant. Les autres vont commencer à s'inquiéter.>>
Dren alla chercher une échelle qui se trouvait dans un coin de la cave. Il me laissa passer la première et referma la trappe après moi. On ressortit par la fenêtre par laquelle on était entré.
<<Essaye de mémoriser le trajet, tu pourrais avoir besoin de retourner ici.>> J'opinai. On rentra au pas de course sans croiser personne.

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Aveze
Science Fiction"Cache tes émotions. Refoule les. Enfoui les au plus profond de ton être. Ne laisse rien paraître. La moindre étincelle de colère, de haine ou de jalousie te trahirait. Tes yeux te trahiront. Oui, tes yeux. Ces miroirs révélateurs ne trompent pas...