Stratos - Glimpse Of The Future : https://www.youtube.com/watch?v=kwSXr8UbokI&list=PLpzOwWCSckxykrnOf53ZHiKdRa0g3zzw5&index=100
Mes mains trouvèrent celles de Dren instinctivement. Je les serrai aussi fort que possible. Je détestais l'admettre, mais j'avais peur. Tout ce noir autour de nous, cette pièce sans issue. Je me sentais oppressée, comme si j'étais enterrée vivante et que la terre m'empêchait de voir la lumière du soleil.
« Mais où est-ce qu'on est ?
- J'en ai aucune idée, dit Dren, dont la voix trahissait sa panique pour une fois.
- Je me demande dans quel pétrin on s'est encore fourrés... Si seulement il y avait un peu de lumière... »
Alors, comme pour exaucer mon souhait, la salle fut inondée d'une lumière blafarde et artificielle. Il fallut plusieurs secondes à mes yeux pour s'adapter à la blancheur éclatante des murs et des néons. La salle était vide, à l'exception du grand miroir qui recouvrait entièrement l'un des quatre murs de taille identique et d'une table. Sur cette dernière reposait mon pire cauchemar. Des seringues, scalpels, ciseaux et autres instruments de torture. J'avais toujours détesté les piqures et la moindre évocation du mot veine suffisait à me faire me sentir mal. Je fus parcourue de frissons d'horreur, et je me retenais de ne pas m'écrouler.
- Eh, ça ne va pas ? s'inquiéta Dren.
- Les seringues, j'ai horreur de ça. Mais c'est surtout d'imaginer ce qu'ils vont nous faire avec qui me fait flipper là tout de suite, confessai-je.
- Essaye de ne pas y penser, d'accord ? Il vaut mieux essayer de sortir d'ici. »
Il me serra la main encore plus fort, et je le gratifiai d'un sourire malgré le malaise que je ressentais à paraître si vulnérable. Je ne voulais pas qu'il me voit comme une enfant effrayée. Il semblait tellement sûr de lui, comme s'il pouvait tout surmonter. Je ne voulais pas être un boulet à sa cheville. Je me ressaisis.
-Bon alors, comment on sort d'ici ?
- Il n'y aucun moyen de sortir d'ici, Mademoiselle. »
Nous fîmes volte-face et découvrîmes un homme maigre en blouse blanche, dont les lunettes rondes agrandissaient les yeux, d'un bleu presque transparent. Il devait être complètement dépourvu d'émotions négatives, pas une once de noirceur ne venait perturber la clarté de ses pupilles. Ça me semblait presque irréel. Jamais je n'avais vu des yeux plus clairs que ceux de Santa. Je fus décontenancée plus qu'effrayée. Dren, lui, ne parut pas perturbé, pour changer.
- Qui êtes- vous ?
- Je suis le professeur Kingston. Je viens vous féliciter.
- Nous féliciter de quoi ? Interrogea Dren avec agressivité, traduisant son impatience et sa méfiance.
- D'être parvenus jusqu'ici. Vous savez où vous vous trouvez ?
- Non...
- Au Centre Noir bien sûr. Vous avez réussi. Bravo. »
Je me tournai vers Dren avec un grand sourire aux lèvres, qu'il me rendit. Nous étions arrivés. Je me sentais fière. Marco ne serait pas déçu de nous.
- Vous avez passé avec succès et persévérance les nombreux tests.
- Des tests ? Quels tests ? L'interrogeai-je.
- Et bien, les obstacles pour arriver jusqu'ici. La fontaine codée, le tunnel, la forêt, le loup ... »
Il n'eut pas le temps de finir son énumération. Dren lui avait déjà sauté au cou. Il était devenu comme enragé, ses pupilles se dilatant et ses muscles se contractant tous d'un coup, ignorant sa blessure qui s'aggravait. Il agrippa le docteur par le col de sa blouse et le hissa contre le mur violemment.
« Dren ! Mais qu'est-ce que tu fais ?! Arrête !
- Vous avez tué ma sœur ! Vous l'avez tuée, assassin ! Hurla-t-il. »
Il lui assena violemment un coup dans la mâchoire, dans le ventre puis dans le nez. Dren avait raison, ces tests étaient responsables de la mort de Sara. Et je comprenais sa colère. Un coup dans les côtes. Si j'avais pu j'aurais tué l'agresseur de ma sœur. Il lui serrait maintenant le cou de ses deux mains. Le visage du docteur devint écarlate. Mais tuer cet homme ne la ramènerait pas. Ça ne ferait qu'empirer la culpabilité que Dren ressentait de ne pas l'avoir. Je ne pouvais pas le laisser faire. Son visage tournait maintenant au cramoisi. Je sautai sur le dos de Dren, tentant de décrocher ses mains du cou du docteur dont les yeux révulsés me fixaient, me suppliant.
« Dren, arrête ! C'est eux les assassins, pas toi ! »
Mais il ne m'entendait pas dans sa folie meurtrière. Je lui griffai les mains, le visage pour qu'il relâche son emprise. En vain. Le miroir collé sur le mur se fendit alors en deux, s'ouvrant comme une porte, laissant entrer une harde d'infirmiers. Ils étaient armés de seringues remplies d'un liquide violet qu'ils ne tardèrent pas à planter dans nos cous sans que l'on ne puisse se défendre et alors, tout effort pour tenter de dissuader Dren de tuer cet homme me parut inutile. Je le lâchai et m'écroulai au sol, lasse. J'eus juste le temps d'apercevoir Dren titubant, trébuchant sur mon corps recroquevillé et s'étalant de tout son long. Inerte. Ma vision se troubla alors, et les visages des infirmiers s'éloignèrent petit à petit pour devenir de lointains souvenirs.
Les coquelicots. Je me trouvais de nouveau devant ce champ qui me hantait depuis des jours. Seulement, cette fois-ci, je n'étais pas dans le champ, je le voyais de haut, et je distinguais aussi une petite fille en robe rose, accroupie au milieu de ces fleurs maléfiques. Elles me faisaient peur, mais la petite fille, elle, semblait fascinée par ces taches de sang palpitantes de vie émanant de la Nature. Un homme arriva au loin, empruntant un sentier bordant la mer. Il commença à pénétrer dans le champ et à s'approcher de la fille. Les fleurs étant très hautes, elle ne le vit pas avant qu'il soit derrière elle, sa main posée sur son épaule. Elle se retourna lorsqu'il lui donna le nom de cette fleur : coquelicot. Puis il sortit de sa poche un sac de toile qu'il rapprocha dangereusement de la petite. Elle se mit à hurler mais il couvrit sa bouche de sa main avant de recouvrir sa tête avec le sac. Un regard pervers s'installa sur son visage alors qu'il commença à toucher la petite fille, lui griffant violemment l'intérieur des cuisses. C'est à ce moment que je compris. La petite fille, c'était moi. La scène d'horreur à laquelle je suis en train d'assister, je l'ai vécue à mes 6 ans. Je fermai les yeux pour ne pas avoir à regarder ça. J'essaye de me boucher les oreilles pour ne pas entendre le rire narquois de cet homme : mon violeur, et l'agresseur de ma sœur May. J'ouvris les yeux, espérant que c'était fini. Je me rendis alors compte que je me trouvais dans une chambre. J'étais allongée dans un lit à roulettes, recouvert d'un drap blanc qui cachait mon corps totalement nu sous une blouse légère. Une sorte de tube translucide rempli d'un liquide verdâtre était planté dans mon bras et relié à une étrange machine bruyante. Je l'arrachai d'un coup sec et me levai, sentant la nausée me gagner. Un petit miroir était suspendu sur le mur blanc. J'étais méconnaissable. Je m'attendais à être sale, le visage creux et terne. Au contraire, ma peau était parfaitement propre, douce et j'avais bonne mine. Le plus frappant était mes yeux, d'un vert clair et pur. Mon corps était impeccable et ma plaie refermée en une cicatrice. Je devais rêver. Je me pinçai, sans succès. Je me sentais euphorique et bizarrement heureuse. Décidément, je ne comprenais rien. Je pensais alors au cauchemar que je venais de faire. C'était plutôt un souvenir qu'un songe d'ailleurs, en effet j'avais bel et bien vécu ce cauchemar 10 ans plus tôt. Un souvenir tellement traumatisant que mon cerveau l'avait volontairement refoulé. Je me demandais qui était cet homme, et qu'est-ce qu'il voulait à ma famille. Toutes ces questions sans réponses me donnaient le tournis. J'avais besoin de prendre l'air. J'ouvris la porte brusquement et débouchai sur un long couloir blanc, dont les murs étaient tapissés d'autres portes semblables à la mienne, arborant chacune un numéro allant de 1 jusqu'à 8, sauf celle du fond. Je parcourus le corridor et ouvrit cette dernière. Une table ronde métallique trônait au milieu de la pièce, entourée de 10 chaises noires, l'une d'entre elle inoccupée. Dren était assis, je reconnus aussi Travis, ainsi que la femme qui nous avait conduits jusqu'au Centre N. Elle m'accueillit d'un sourire chaleureux.
« Ah, Emily, te voilà. Nous t'attendions. »
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Aveze
Fiksi Ilmiah"Cache tes émotions. Refoule les. Enfoui les au plus profond de ton être. Ne laisse rien paraître. La moindre étincelle de colère, de haine ou de jalousie te trahirait. Tes yeux te trahiront. Oui, tes yeux. Ces miroirs révélateurs ne trompent pas...