Chapitre 9 - Partie 1

20 1 0
                                    


Jeudi cinq décembre


Juline avança dans la rue en regardant les flocons qui tombaient doucement et qui s'accrochaient sur la laine de son manteau. Son sourire s'agrandit en approchant sa main gantée de son visage pour mieux regarder celui qui venait de s'y déposer. Un fois fondu, elle posa sa main sur la poignée et se secouant pour faire tomber les autres et entra dans le salon.

 - Salut. Elle sourit à Pauline qui descendait les chaises des tables.

 - Salut. Elle se tourna pour lui faire face. T'avais raison hier, il neige. Elle lui sourit.

 - Je te l'avais dit. Elle défit son manteau qu'elle posa sur son coude. Alors ton groupe de parole, tu m'as pas raconté.

 - Ah ça... Elle leva les yeux au ciel. Un groupe de lecture sur des livres qui abordent le handicap, que ce soit des autobiographies ou de la fiction, sans aucunes personnes concernées. Que des valides qui ont passé une demi heure à s'extasier sur les exploits réalisés.

 - Comment ça ? Elle posa son écharpe et son bonnet sur son manteau.

 - Iels étaient cinq, et pour elleux tous.tes, sans exception, iels trouvent ça formidable ce que les personnes porteuses de handicaps peuvent faire. On a débattu un moment et je n'ai jamais réussit à leur faire entendre que ce n'est pas exceptionnel de se réveiller le matin, s'habiller, travailler, étudier, certes iels le font différemment, mais ces personnes ne font que vivre.

 - Genre pour elleux c'est trop top que quelqu'un travail alors qu'iel est handicapé ?

 - C'est ça. Parmi les livres il y en avait un d'une femme qui est née sans bras, elle fait tout avec les pieds, s'habiller, se maquiller, prendre ses notes en cours, peindre. Et elleux, iels s'extasiaient en parlant de ça, alors qu'elle ne fait que vivre sa vie. Et leur plus grand argument c'était « moi je pourrai pas ».

 - Je veux bien que ce soit difficile de comprendre qu'on ne peut pas tout savoir sans être concerné.e.s et qu'iels se font des idées, mais quand on leur dit que c'est autrement iels pourraient écouter.

 - Ça c'était mon deuxième gros problème avec de leur groupe, iels parlent de handicap sans personnes concerné.e.s qui pourraient répondre à leurs questions et surtout leur expliquer qu'il n'y a rien de fou à aller faire ses courses quand on est en fauteuil. Elle descendit la dernière chaise. Ça c'était un autre livre qu'iels avaient lu en commun, une romance où une femme en fauteuil rencontre un homme au supermarché. Alors déjà qu''iels se sont extasié.e.s qu'elle puisse faire ses courses elle même, tu te doutes que pour elleux du coup c'était magnifique qu'elle puisse tomber amoureuse, en mode seul le handicap compose sa vie. Et iels ont plus parlé de l'homme qu'iels trouvaient sûrement philanthrope et ouvert d'esprit à bien vouloir sortir avec une femme handi, plutôt que elle et le monde qui est difficile d'accès.

 - Si je comprends bien t'as pas passé une super soirée. Juline pinça les lèvres déçu pour elle car elle était contente d'y aller.

 - Cette demi heure là a été longue. Et je crois que je n'y retournerai pas, pour le créneau du mois prochain iels ont choisit des livres qui parlent du racisme, je te laisse deviner la couleur de peau qu'iels ont tous.tes ... Et comme iels ne vont pas chercher quelqu'un de concerné.e, je ne pense pas que je perdrai encore mon temps là bas.

 - En mode non mixité blanche qui parle des personnes racisé.e.s.

 - C'est ça. Et je t'avoue que j'ai pas trop envie d'aller voir si la conversation va dériver sur le racisme anti-blanc et complètement occulter le sujet principal.

 - Je prends note de ne pas y aller. Elle pinça les lèvres. Pourtant quand j'étais petite iels nous faisaient de belle lecture avec de la diversité à la bibli ... AH ! Juline tourna la tête vers le truc humide qui venait de lui toucher la main et la faire sursauter. Kevin ! Elle s'accroupit pour le caresser. Tu l'as finalement ramené. Elle sourit de toute ses dents à sa collègue.

 - Ça avait l'air de te tenir à cœur.

 - Il neige et Kevin est là, ça va être une journée top. Elle embrassa le haut du crane du chien.




Si vous voyez des coquilles n'hésitez pas à me le dire.

*The Weather Girls - It's raining men*

Salu(t)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant