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Nous nous arrêtâmes dans un café où je retrouvais enfin l'utilisation de mes doigts grâce à la chaleur. Il commanda un thé et je pris un capuccino qui m'aida à éclaircir mes idées. Les mots me venaient avec aisance et le temps semblait s'écouler au ralentit. Lorsque nous nous taisions, je ne ressentais pas le besoin de combler le silence coute que coute. C'était agréable.
Lorsque la serveuse, avec son serre tête de Noël, nous informa qu'ils allaient bientôt fermer, je rassemblais mes affaires sans rien dire. J'étais partagée entre l'idée de lui dire que je ne voulais pas que notre soirée se termine et le fait de passer pour une idiote si ce n'était pas son cas. La reine des glaces a un cœur quoi que puisse penser les autres. Chris glissa sa main dans mon dos une fois dehors, comme pour me guider. Les rues étaient encore pleines de gens qui rentraient après avoir fait leurs courses de Noël. Le réveillon était dans à peine trois jours et pour la première fois de ma vie, j'appréhendais les fêtes.
- Je n'ai pas envie de te laisser, chuchota Chris à mes côtés. - Moi non plus.
C'était un euphémisme qu'on se le dise. Intérieurement, ma petite voix chantait à tue-tête.
- Mon coloc ne rentre que ce soir très tard, tu veux venir chez moi ? On peut se commander quelque chose à dîner. - Je peux cuisiner si tu veux. - Je ne suis pas certain que tu trouves des trucs intéressants dans nos placards. - On peut passer faire quelques courses. Tu m'as offert le cappuccino. - Tu n'es pas obligée de faire ça, je t'invite chez moi. - Ça me fait plaisir. - Ok, allons-y alors.
Les courses prirent une dizaine de minutes. A chaque pas, je sentais l'attente devenir insupportable. J'écrivais un message à Irina lorsqu'il tournait dans un rayon, à la fois pour la rassurer et pour lui dire ce que je comptais faire ensuite. Elle me répondit dans la seconde.
IRINA : Si tu as le moindre souci tu me dis, j'ai des mecs qui attendent mes instructions. Envoie moi l'adresse quand tu y es.
D'autres que moi auraient pris ça au second degré. Sauf que je la connaissais et je savais qu'elle ne rigolait pas. Elle était capable d'avoir mis en alerte des amis à elle, prêts à intervenir comme un service d'intervention particulier en cas de besoin. Il me conduisit chez lui, et dans ma tête, je n'arrêtais pas de me dire que d'aller chez un mec que je ne connaissais qu'à travers ses messages, après un seul date, ce n'était franchement pas mon genre.
Même si j'y allais pour dîner, pas pour coucher avec lui.
Je lui jetais un coup d'œil alors qu'il retirait son manteau. Ce serait mentir si je disais que mon regard ne s'attarda pas sur son sous pull, sur ses épaules larges et ses bras puissants. Mon pauvre corps était comme fiévreux, parcouru d'émotions que je ne connaissais que trop peu. Je me concentrais sur son appartement, plus grand que le mien sans être gigantesque. Il avait une bibliothèque immense qui aurait presque pu jalouser la mienne avec des dizaines et des dizaines de livres. Alors qu'il rangeait mon manteau, je parcourais les étagères remplies.
