Chapitre 8. Le SIG-Sauer SP 2022 entre ses mains.

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La psychologie, bien quelle intéressait vivement Armand, n'était pas sa vocation. Lui, il aimait résoudre des énigmes, rétablissant l'ordre des choses. Et il s'était dit, sortant du lycée, qu'il pourrait avoir tout le loisir de le faire en étant enquêteur judiciaire. Armand, qui ne s'était pas découragé, malgré les sermons paternels et malgré la longue route qui l'attendait dans les abysses du fonctionnariat, été entré à l'école de police de Paris en 1994. 

Il était arrivé à l'internat après avoir réussi le concours d'entrée haut la main, en compagnie d'autres garçons du même âge et quelques-uns beaucoup plus vieux, voulant entamer une reconversion professionnelle. Armand avait pris place dans une chambre, qui ressemblait fort à une cellule de prison avec un à peine plus de confort. Il partageait cette minuscule pièce, qui ne faisait pas la moitié de celle qu'il occupait Avenue de la Bourdonnais, avec un autre jeune homme du même âge dénommé Martin. Martin était là, contrairement à lui, pour suivre les pas de son père qui était officier de police. Il appréciait ce garçon qui, intelligemment, avait vite compris que son colocataire n'aimait pas se perdre dans des conversations longues et inutiles. L'enseignement quasi militaire plaisait aux deux jeunes hommes. Ensemble ils suivirent les cours communs au programme. Les cours de sport quotidiens furent difficiles au début pour Armand qui n'était pas un grand athlète. Mais il devait en passer par là pour atteindre son but. De fil en aiguille, son corps, d'abord frêle s'était transformé en de muscles actifs et visibles. Son corps lui permettait désormais d'enchaîner une cinquantaine de pompes avant d'aller courir pendant une bonne heure. Les enseignements des techniques et simulations d'interventions lui plaisaient beaucoup et il apprenait avec une facilité déconcertante à aborder toutes les situations compliquées, des différents familiaux aux tentatives d'attentats. Il excellait aussi dans les cours plus généraux, il était le premier de sa classe en droit, et avait des facilités, de par son éducation plutôt littéraire, pour potasser et mémoriser les lignes interminables d'ouvrages juridiques aux mille et unes pages. Connaissant par cœur l'organigramme de la Police française, Armant se rendait à toute vitesse au stand de tir, son moment préféré. Tandis que certains n'étaient pas très à la l'aise à la simple vue des SIG-Sauer SP 2022 qui étaient arrivés en avant-première à l'école, Armand, prenait un plaisir immense à scruter les moindres détails du semi-automatique noir. L'objet en main, il se sentait galvanisé par celui-ci qui semblait lui procurer un pouvoir immense. Un peu maladroit aux premiers tirs, Armand, au bout du second cours seulement, n'avait plus jamais raté sa cible une seule fois. L'exploit lui avait valu un surnom de premier choix, « SIG Tellier ».

Dans sa lancée sans faux pas et proche de la fin de l'internat, il avait été affecté au Commissariat de police du 19ème arrondissement de Paris pour le stage traditionnel d'un mois. Là-bas, bien qu'il ait effectué beaucoup de tâches administratives longues et barbantes, il avait pu, dans le même temps, observer avec attention la fougue des enquêteurs et autres officiers qui se hâtaient de part et d'autre dans les bureaux. Les hommes courraient pour partir en intervention et autres missions passionnantes qui leur faisaient tout oublier, heure, femmes et enfants. Motivé par utilité précieuse de ce job, Armand se lança corps et âme dans les révisions de l'examen final de l'école. Le moment était arrivé. Il fallait tout donner. Durant les quelques jours d'examens, Armand, qui avait l'esprit focalisé, avait oublié l'importance de la nourriture. Heureusement, Martin était là pour rappeler à son colocataire, devenu son ami, qu'il fallait se nourrir et il avait eu la prévenance de lui poser une pomme et une bouteille d'eau sur sa table d'examen. Armand, la mine absente, était en fait reconnaissant d'avoir un ami qui prêtait attention à son estomac, lui évitant des gargouillis gênants et dont il savait qu'ils porteraient l'attention sur lui. Une fois les examens passés, une vague de soulagement pour tous les élèves de la 241e promotion se faisait sentir. Tous attendaient maintenant, entrailles serrées, les résultats qui se décomposaient en 1500 points. 

Nos cœurs meurtrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant