Chapitre 21. Ils avaient tout prévu.

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Sylvie Tellier, un peu contrariée en ouvrant la porte, invita les deux officiers à entrer. Raphael découvrit un immense appartement qui, à l'image de l'ascenseur qu'il avait emprunté, était magnifique. Il prit le chemin du salon en suivant les pas d'Armand et tous s'assirent autour de la table à manger, depuis laquelle on pouvait observer toute l'Avenue au travers d'une grande baie vitrée. Armand n'avait pas laissé de temps aux politesses offertes par sa mère et avait mentionné à celle-ci, qui s'était rassise, que le temps leur était compté. Il entra dans le vif du sujet sans plus attendre.

« ­­­— Maman.... Nous avons quelques questions à te poser au sujet de Séverine.

Madame Tellier qui était encore sous le choc de la perte de son amie acquiesça d'un petit hochement de tête afin que son fils, l'inspecteur, lui pose les questions nécessaires à l'avancée de l'enquête,

— Très bien. Tu étais proche de Séverine n'est-ce pas ? Quand l'as-tu vue pour la dernière fois ? Et t'a-t-elle parlé de quoi que ce soit d'étrange les jours qui ont précédé sa mort ?

— Et bien... Nous nous sommes retrouvées lundi soir autour d'un verre de vin à la maison. Elle avait fermé la pharmacie en l'absence de Charles et ton père était au cabinet pour un bon moment alors je l'ai invité à passer le début de la soirée ici. Elle était tout à fait normale et nous avons discuté, comme à notre habitude de spiritualité et d'autres sujets plus médicaux. Pourquoi cela ? Raphael, qui avait été interpellé par les dires de Sylvie Tellier reprit,

— De spiritualité vous dites ? C'est-à-dire ?

— Oui Séverine était une femme très spirituelle, elle suivait le calendrier lunaire et elle était très intéressée par la lithothérapie. Depuis son voyage de jeunesse en Inde, elle croyait aux pouvoirs bienfaisants des pierres et elle partageait son savoir à qui voulait bien l'entendre. Elle portait toujours sur elle un collier en or avec un petit pendentif en pierre de Jais. Elle disait que le jais éloignait les mauvais esprits et possédait des vertus protectrices. Nous échangions donc de tout cela lorsque nous nous sommes vues.

Raphael et Armand affichaient tous deux une mine dubitative et Raphael voulait en savoir plus.

— Hmm... Des vertus protectrices... Bien ! Mais de quoi voulait-elle se protéger exactement ? Parce que, ce que vous dîtes là est un peu vague pour moi.

— De rien en particulier à ma connaissance, elle disait seulement que des esprits malfaisants habitaient avec nous et qu'il fallait s'en garder.

— D'accord. Je vois... Et saviez-vous si elle avait des problèmes avec sa sœur ? Catherine ? Madame Tellier fronça les sourcils lorsque ce prénom lui arriva aux oreilles et ses vis-à-vis l'appréhendèrent avec un œil suspect,

– Ah... Catherine... Oui elle m'en parlait parfois mais pas en bien ! Elles s'étaient mises en porte-à-faux toutes les deux car Catherine n'avait pas compris le changement d'esprit de sa sœur lorsqu'elle était revenue d'Inde. Elle m'avait rapidement expliqué que sa sœur n'acceptait pas ses pensées qu'elle qualifiait de destructrices et qu'elle était fermée au spiritisme de Séverine.

— Et vous pensez qu'une simple dispute sur un état d'esprit changeant aurait suffi à les brouiller depuis des années ?

— J'imagine que Séverine ne m'a peut-être pas tout dit... Après tout, personne n'aime parler en détail de ses problèmes familiaux et je ne lui ai jamais posé plus de questions. Mais dites-moi inspecteur Vitlain, ce matin, vous et Armand m'avez parlé de Nifédipine. Pourquoi exactement ? Armand prit le relais avec une voix plus grave qu'à son habitude.

— Maman... Dans le cadre de l'enquête, tu comprends que nous ne pouvons rien te dire.

— D'accord Armand, mais c'est tout de même étrange que vous ayez retrouvé ce médicament dans la pharmacie... Non pas qu'il ne soit pas normal de trouver des médicaments dans une pharmacie mais celui-ci en particulier a été retiré de la vente par quelques pharmacies à la suite d'études qui avaient démontré que la molécule présentait des effets secondaires non contrôlés et graves. Séverine avait justement, pour cette raison, il y a à peu près 4 ans, retiré la commercialisation de ce médicament dans la pharmacie et elle m'en avait avertie parce que l'un de mes patients, qui souffre d'hypertension et qui a l'habitude de se rendre à la pharmacie de la Bourdonnais pour son traitement était fâché de ne plus en trouver ! Armand, qui savait que la boîte de médicaments était entamée de plusieurs comprimés, n'en fit rien savoir à sa mère et Raphael, comprit à ce moment-là d'où venait la curiosité de son coéquipier,

Nos cœurs meurtrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant