Chapitre 6

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- Je suis devenue la chef de la première cité à l'âge de dix-neuf ans, après le décès prématuré de mon père, lors d'une escarmouche avec les gardes de Neonach. Bien vite, mon insouciance a été remplacée par une volonté implacable. Lorsque l'on a ceins mon front du bandeau de chef, on m'a révélé de nombreux secrets, dont l'un te concerne, mais nous en reparlerons. Deux ans plus tard, je mettais au monde mon fils unique. Pendant mes premières années de gouvernance, j'ai beaucoup hésité sur ce que je devais faire. Toi, tu étais notre unique chance de vaincre, mais comment faire en sorte que tu restes inaccessible. Tel était mon dilemme à l'époque. Ce n'est qu'au bout de sept ans que j'ai trouvé la solution, autant pour que tu sois inaccessible, que pour que tu nous reviennes pour nous extraire de l'emprise de Neonach. Ma meilleure amie, Soline avait déjà décidée de quitter la première cité pour s'installer dans la capitale et nous informer de l'état du pays, par un système de communication que nous avons mis au point au cours de nos siècles de réclusions. Mais je m'égare, ce n'est pas la question du moment. Je me suis rendue dans la salle réservée au chef de cité, contenant toutes sortes de documents sensibles. Tu étais là, en stase au sein d'un brasier ardent, tu étais endormie attendant que l'on te sorte de ton sommeil pour poursuivre ta croissance. Pour vaincre, tu devais grandir et pour grandir, tu devais être introuvable. Alors je t'ai confié à Soline et vous êtes parties vers la capitale. De temps à autres, elle me transmettait de tes nouvelles. Il y a quelques semaines, j'ai informée Soline de l'attaque sur la première cité et l'ai suppliée de te renvoyer auprès de nous pour te former et que tu puisses rapidement devenir une puissante guerrière. Mais lors de notre dernier entretien, elle m'a apprit ta disparition. L'inquiétude s'est saisit de moi, qu'allait-il advenir de nous ? Toi, disparu, c'était la fin de tout espoir. Mais, te voilà, et avec mon fils qui plus est. Je suis extrêmement soulagée. Maintenant, je serai curieuse de savoir comment vous en êtes arrivé là. Je vous écoute.

- Avant que nous ne vous racontions quoi que se soit je ne comprends pas ce que vous sous-entendez, à propos de moi.

Meilla dévisage Ellie, surprise par son manque de compréhension par rapport à sa propre personne, par rapport à son ascendance.

- Tu n'as pas encore compris ?

- Que devrais-je comprendre, Madame ?

- Ce que j'avais deviné dès notre première rencontre, Ellie, intervient Roan.

- Mais de quoi parlez-vous à la fin ? Je n'y comprends rien !

- Ellie, Roan vient d'élever la voix, il s'est levé, posant ses mains sur les épaules de la jeune fille, il plonge son regard dans le sien. Tu es un Phénix.

Ellie le fixe, incrédule. Elle, un Phénix ?! Impossible, elle n'est qu'une jeune fille de dix-sept ans qui, un jour, s'est retrouvé dans une situation inextricable, avec cet homme. Ils ont fuis, ils se sont fait confiance, ils se sont ouverts l'un à l'autre, mais comment pourrait-elle y croire ?

- C'est impossible, ce n'est qu'un murmure, mais ses deux interlocuteurs l'ont parfaitement entendus, ils la regardent.

Ce qu'Ellie lit dans ces regards la laisse sans voix. Ils sont persuadés que ce qu'ils disent est la vérité. Rien ne pourrait les en détourner, mais comment y croire. Tout ceci est totalement invraisemblable.

Elle se lève, échappant aux mains de Roan toujours posées sur ses épaules, et commence à faire les cent pas devant la cheminée. Elle réfléchit, perdu dans ses souvenirs, les souvenirs de sa vie, une vie de mensonges et de faux-semblants. Qui est-elle vraiment ?Elle ne sait plus. L'a-t-elle jamais su ? Non, jamais, elle n'a su. Personne ne lui a jamais rien dit qui puisse la guider dans cette voie. Jusqu'à cet instant, elle ignorait qui elle était, elle aurait pu vivre une vie entière sans jamais le deviner... Faux, au fond de son cœur, elle a toujours eu la certitude de n'être pas comme toutes les filles de l'orphelinat. Quelque chose brûlait dans ses entrailles, menaçant de la consumer à chaque émotion forte la traversant. Elle s'immobilise, se retourne vers la mère et le fils.

L'embrasementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant