Le 22 décembre 2022
Une heure... Cela faisait une heure que Geoffrey était assis dans cette salle et devait supporter la voix soulante du pseudo-manager de son groupe. Blablabla par-ci et blablabla par-là... Ne s'arrêtait-il donc jamais ? N'y avait-il pas de bouton off sur cette machine infernale ?
A cette pensée, un sourire étira les lèvres du châtain. La main maintenant son front, il bougea sa longue jambe et manqua de renverser la coupe de champagne que son manager avait déposé sur la table basse devant lui.
— Tout cela pour dire que je suis vraiment fier du chemin parcouru les gars ! termina enfin Jack en vissant les poings sur ses hanches légèrement arrondies ces derniers mois.
Visiblement, il attendait de la reconnaissance de la part de ses poules aux œufs d'or. Oui bon, ce n'était peut-être pas encore le cas mais Jack les traitait déjà ainsi.
Sauf que ni Allan le guitariste dont les longs cheveux cachaient une partie de son visage, ni Baptiste le batteur qui se nettoyait les dents avec le doigt, ni Antonin le bassiste qui textotait sur son portable (et d'après son sourire, il s'agissait sûrement plus d'un sexto qu'un simple SMS), ne décrocha un mot. Aussi, Jack jeta un coup d'œil en direction de Geoffrey.
— C'est bon, on peut se casser maintenant ? demanda alors la voix rock du concerné.
Vu la tronche que tira Jack, ce n'était pas ce qu'il avait espéré entendre de la bouche de son chanteur disjoncté. Mais à quoi d'autre aurait-il pu s'attendre en vrai ?
Parce que tout le monde dans le coin savait que Geoffrey n'était pas une machine à mots réconfortants. Au contraire, lui, il préférait dire au peuple d'aller se faire foutre. Apparemment les gens aimaient ça puisqu'ils revenaient le lendemain pour l'entendre à nouveau dire durant son concert qu'ils étaient des merdes.
Tous des maso... C'était toujours sa phrase de conclusion après leurs représentations.
— Et ton champagne ? s'écria le pauvre Jack tandis que Geoffrey franchissait la porte de la salle de réunion.
Jack avait essayé. Oui, il avait vraiment essayé. Il y avait mis les formes. Mais manager ce groupe (dont il ne doutait pas des compétences), c'était comme essayer de discipliner le gosse le plus ingérable au monde. Autrement dit, ça relevait de l'impossible.
Seulement malgré les tempéraments quelque peu difficiles de ses stars montantes (en pleine ascension, il le sentait), Jack savait qu'il devait rester calme. Car le chèque qu'il avait reçu de la part d'un bar de plus en plus tendance ce matin prouvait que son petit groupe de rockeur avait de l'avenir.
— Merci pour les coupes ! dit Allan en prenant la part de son chanteur.
Le lever de main de Jack et son soupir confirmèrent sa capitulation. Capitulation qui passa inaperçue puisqu'il était désormais seul dans cette salle louée à l'heure. Oui, car Jack n'avait pas encore les moyens de louer une salle de réunion pour le groupe.
Seulement comme d'habitude, les réunions étaient faites dans le garage de la colocation d'Antonin et que Jack comptait annoncer à ses musiciens le contrat proposé par le Leader's, le fameux bar grimpant, il avait voulu y mettre les formes... A quoi bon ?
— Quelle bande d'ingrats, soupira-t-il en grattant sa calvitie naissante.
Olivia, sa femme, ne cessait de lui répéter qu'il perdait son temps avec son groupe d'ados attardés capricieux. Mais ce soir, il était certain qu'elle allait changer d'avis en entendant qu'il avait quasiment signé un contrat.
— Oh et Jack ?
La voix de Geoffrey le sortit de sa réflexion. L'homme leva un sourcil tandis que le regard profond de son chanteur croisa le sien. Ce mec était peut-être un adolescent attardé et capricieux, mais il était beau et doué. C'était ça qui comptait. Et c'était aussi ça qui amènerait les billets.
— Les chemises de Noël, c'est non. Même un flingue contre la tempe, personne ne porterait une horreur pareille.
— Quoi ? s'étonna Jack en touchant machinalement son ventre.
— Conseil d'amis hein, se moqua Geoffrey en avançant dans la salle.
Dans un nouveau soupir, Jack songea qu'il y avait vraiment un fossé entre ses poules aux œufs d'or et lui. Déjà l'âge... Puis l'allure (la rock attitude dans la tête, ça comptait ou pas ?). Ensuite, le corps... Et les compétences (musicales du moins). En ce qui concernait la mentalité, là-dessus, il avait le point.
— Ah, ma raison de vivre ! plaisanta Geoffrey en montrant le pétard qu'il avait oublié sur le fauteuil.
Jack roula des yeux et cela ravit le chanteur.
— Ah plus le naze ! s'écria-t-il avant de mettre les voiles.
Il était peut-être naze aux yeux des Lucifer'Sons, mais il leur était tout de même indispensable.
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NDA : Et voici le premier chapitre ! J'espère qu'il vous a plu. Il est assez court mais je pense que les chapitres de cette histoire seront assez courts dans l'ensemble.
Nous découvrons ici Geoffrey, son groupe et son manager. Je serais curieuse de connaître vos avis les concernant !
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Un Noël Rock'n'roll (Prochainement autoédité)
RomanceLe soir du 24 décembre, réveillon de Noël en tête, la gentille Louise dont tout le monde profite dans la vie, croise Geoffrey, le mec à la rock attitude qui n'a jamais la trouille de dire merde. Un petit incident entre les deux gens, des regards noi...