14 - Jour de Noël

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Lorsque la sonnerie de son portable retentit, Geoffrey cafouilla un peu et annonça qu'il voulait encore dix minutes de sommeil.

Fichu réveil de merde qui ne s'activait jamais quand il fallait, songea-t-il en se tournant dans ses draps chauds. Les mecs ne pouvaient-ils pas créer un truc avec intelligence artificielle ? Genre un truc qui devinerait quand il faudrait réveiller la personne ?

Tout en soupirant de bien-être, il étira les bras et sa main partit à la recherche d'un corps. Un corps plutôt fin qui l'avait surpris à plus d'une reprise cette nuit. Seulement parce qu'il ne trouva que du vide, les yeux clairs du rockeur finirent par s'ouvrir.

Comme d'habitude, il n'avait pas fermé ses volets et une faible lumière avait réussi à se frayer un passage dans la chambre. Une faible lumière qui lui permis de voir qu'il n'y avait personne. En effet, il n'y avait plus personne dans son lit, si ce n'était lui.

Perdu, Geoffrey s'accouda pour avoir un angle de vue plus grand. Les vêtements de la jeune femme n'étaient plus là. Le drap du côté de la blonde avait été remis en place. Attendez, est-ce que cela voulait dire que...

En tenue d'Adam, Geoffrey quitta son lit pour rejoindre son salon. L'alcool avait ravagé un petit pourcentage de son cerveau, mais c'était rien comparé à ce que le départ de m'dame pull de Noël venait de faire sur lui.

— Louise ? l'appela-t-il même si au fond de lui, il savait qu'il n'y aurait pas de réponse.

Tout en passant une main dans ses cheveux déjà en bataille, il soupira. Ses doigts glissèrent sur sa barbe naissante et tandis qu'il étouffait un soupir, son regard se posa sur un petit papier sur le comptoir de sa cuisine.

Geoffrey,

Merci pour cette superbe soirée et pour cette nuit inoubliable, merci pour tout.

Joyeux Noël, Louise

Sous le choc, le papier toujours entre ses doigts, Geoffrey lâcha un rire jaune.

C'était la première fois que ça lui arrivait. C'était la première fois qu'il amenait une femme vraiment chez lui et qu'elle foutait le camp, comme une voleuse. C'était la première fois qu'il se retrouvait comme un con, seul avec ses projets avortés.

— Putain, soupira-t-il en passant une main sur son front et en grimaçant, elle m'a eu. La névrosée m'a baisé, dans tous les sens du terme. Putain...

Le regard de Geoffrey survola son salon. Était-ce elle qui avait éteint la musique ? Car dans ses souvenirs, il n'avait pas quitté le lit de la nuit. En pleine réflexion, les yeux du rockeur se posèrent sur un pull, son pull, plié et déposé sur son sofa.

Est-ce qu'il avait espéré discuter un peu sur le lit avec Louise ? Honteusement, il devait le reconnaître.

Après tout, il lui avait bien appris qu'il en avait bavé après le départ d'Amanda alias la jolie brune aux jambes interminables qui était passée de la fille réservée à celle qui avait décousu son cœur. Amanda et ses grands yeux noirs... Amanda et son sourire sexy... Amanda et son couteau déguisé, couteau qu'elle lui avait planté dans le dos, du jour au lendemain... Bref, Amanda, son premier et unique amour.

En effet, entre deux baisers, Louise avait réussi à le faire parler. Enfin, c'était surtout lui qui avait ressenti le besoin de se confier. La jeune femme n'avait fait que le mettre en confiance et lui avoir prêté une oreille attentive.

Alors pourquoi cela n'aurait-il pas pu se reproduire au petit matin ? Une confidence pour une partie de jambes en l'air. Programme que Geoffrey aurait volontiers renouvelé deux ou trois fois.

Ils auraient pu s'accaparer une pièce par partie. Baiser sous la douche, c'était vachement sexy. Il y avait tellement de choses encore qu'il aurait voulu lui faire... Ouais, ils se seraient envoyés en l'air jusqu'à midi. Heure à laquelle il lui aurait proposé de commander à manger et en attendant le livreur, il lui aurait à nouveau fait l'amour.

Mais rien de tout cela n'allait arriver. Car la concernée avait mis les voiles. Sans même le réveiller, au moins pour lui parler en face à face. Non, Louise avait choisi l'option du papier. L'ancêtre du SMS de rupture.

D'ailleurs, en parlant de téléphone, voilà que ce dernier venait de biper.

Tout en se dirigeant vers le canapé, lieu où Geoffrey avait laissé s'échouer son portable, il réalisa qu'il venait de planter et râler devant une fenêtre. Fenêtre qui était uniquement habillée d'un vieux rideau qui, il en était sûr, ne cachait même pas un tiers de son salon. Le rockeur songea qu'il avait peut-être fait une heureuse au réveil du 25.

"Joyeux Noël, frérot ! Et tache de bien décuver pour lundi, parce que Jack a parlé d'une grosse annonce".

Le message d'Allan était bien représentatif de sa personnalité : gentil, prévenant et mettant en garde. Tout en secouant la tête, Geoffrey tapa une réponse pour le chevelu. Ce n'était pas le moment de se mettre un de ses musiciens à dos en ignorant son message. Puis avec ce qui était en train de se passer, le chanteur ressentait le besoin de parler.

Deux minutes plus tard, il reçu un message groupé sur WhatsApp :

" Les mecs ! Elle a dit oui ! Lucile a dit oui, putain ! Je crois que je suis l'homme le plus heureux au monde !"

Apparemment, Baptiste avait eu un problème de réseau, parce que ce message semblait dater de la veille.

Dans un sourire, Geoffrey tapa une réponse au futur fiancé. D'ailleurs, à la simple pensée de ce mot "fiancé", il ne put pas s'empêcher de songer à Louise. Encore une fois... Avant de se transformer en diablesse et d'ensorceler le rockeur, elle lui avait dit avoir été fiancée.

Qui était cet idiot qui l'avait laissée partir ? Non mais parce qu'il n'y avait vraiment pas d'autre adjectif pour résumer ce mec. Bon OK, Geoffrey aussi l'avait laissée partir, mais c'était parce qu'il était endormi. Ce n'était pas pareil.

En tout cas, contrairement à Geoffrey qui avait un peu parlé à cœur ouvert, allongé sur ses draps, la blonde était restée assez mystérieuse et s'était contentée de balancer des banalités. Comment avait fait le chanteur pour ne pas comprendre que Louise n'allait pas s'éterniser chez lui ? Tous les signes avaient été là. Des signes que lui balançait généralement.

 Tout en reposant son portable sur le canapé, Geoffrey partit en direction de sa chambre. Allan avait raison, il fallait qu'il décuve. De l'alcool, mais surtout de cette nana. Putain, c'est vrai quoi ! Ce n'était pas une sorcière pour l'avoir chopé ainsi ! Bon peut-être un peu. Mais tout de même... Il y avait des milliards de femmes sur Terre.

Après s'être donné une petite claque sur les joues, le chanteur enfila un vieux T-shirt qui trainait tout le temps sur sa chaise. Il attrapa ensuite un boxer puis après avoir sniffé ses chaussettes de la veille pour sentir si oui ou non, elles puaient, il entreprit de les mettre sur ses pieds. Le cul sur le lit, en plein gainage pour sa séance de rhabillage, il laissa ses yeux parcourir le mur.

Louise lui avait laissé un mot sur un papier. Cela voulait tout dire : ce n'était pas des au revoir mais des adieux.

Bien qu'encore un peu sous le choc de s'être réveillé seul et d'être surpris que cela soit arrivé, malgré son envie de passer à autre chose, son regard se posa sur son réveil.

Il était presque déjà midi et tandis que plein de familles allaient dévorer une dinde aux marrons, le tout avec des chansons de Noël en fond sonore, la table à manger à quelques pas du feu de la cheminée crépitant, il allait sortir en ville pour essayer de trouver un fast-food ouvert.

Ouais, un bon gros tacos ou kebab ferait l'affaire. Il n'allait pas faire le difficile.

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NDA : Ne me jetez pas la pierre s'il vous plaît ^^'

Je sais que ce n'était pas ce qui était attendu, mais c'était malheureusement la suite la plus logique pour Geoffrey et Louise (même si je rappelle que l'histoire n'est pas finie).

Alors, surpris(e) d'avoir lu que Geoffrey avait pensé à partager jusqu'à son repas de Noël avec Louise ?

Un Noël Rock'n'roll (Prochainement autoédité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant