19 - On joue à un jeu ?

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Lorsque Louise s'arrêta devant le Starbucks, elle ne put ignorer le regard pesant de Geoffrey. Apparemment, ce n'était pas son endroit favori. Mais elle préférait largement prendre un petit café que voir le chanteur descendre deux verres de Whisky.

Tout en songeant qu'il était un peu tôt pour déjà s'inquiéter de la santé du rockeur, Louise secoua la tête.

— Tu prendras quoi ?

Durant une fraction de seconde, le regard de Geoffrey lui donna une autre réponse que celle qu'elle attendait. Puis parce qu'il soupira et regarda le menu, elle le laissa faire.

Les femmes essentiellement (ce qui incluait les jeunes filles et jeunes femmes), avaient bien remarqué le rockeur. Et certaines ne se gênaient pas pour le déshabiller du regard. Pour une fois que Geoffrey n'avait pas capté et n'en jouait pas, Louise choisit de faire rempart et proposa au chanteur de passer devant.

Ensuite, comme les coups d'œil se faisaient encore insistants, elle envoya un regard noir à toutes celles qui étaient en train de baver. La jeune femme avait l'impression de défendre son casse-croûte au milieu de ses ennemis. N'était-ce pas ridicule ?

— Allan parle toujours de ses lattés, je vais essayer.

— OK, souffla-t-elle. Dans ce cas, je te l'offre.

Ce n'était pas souvent qu'elle pouvait payer un café à quelqu'un. Alors elle en profitait.

— Merci, comme ça je n'aurais pas besoin de feindre ne pas avoir mon portefeuille à la caisse.

Cela fit rouler des yeux Louise. Autant il était surprenant sur certains trucs, autant sur d'autres, il était prévisible. Cependant, ce à quoi ne s'attendait pas la jeune femme, c'était d'avoir un immense sourire collé aux lèvres.

Et encore moins que Geoffrey lui attrape la main. Cela la perturba tellement qu'une fois arrivée devant le comptoir, elle cafouilla.

— Ce que veut dire la demoiselle, c'est un latté caramel pour moi et un chocolat viennois pour elle.

— Très bien et à quel nom ? demanda le serveur.

— Le latté, Geoffrey. Le chocolat viennois, Louise.

— Ce sera un paiement par carte, se reprit la blonde en lâchant la main de Geoffrey.

Quelques minutes plus tard, ils étaient assis à table. Geoffrey semblait à l'aise. Un bras étendu sur le dossier de sa chaise, il regardait les passants sur le trottoir de l'autre côté de la vitrine.

— Ça fait bizarre, souffla Louise, pensive.

Son intervention mit fin à l'observation de Geoffrey.

— Qu'est ce qui fait bizarre ? demanda-t-il.

— Toi et moi, dans ce café, quatre jours après...

— Après ? répéta-t-il. Après quoi Louise ? Tu peux le dire. Tu ne vas pas te faire foudroyer car tu as dit le mot sexe.

Le sourire gêné de la jeune femme fut suivi par une contemplation de son chocolat viennois.

— Tu voulais qu'on parle il me semble, nota Geoffrey.

Il ne put pas s'empêcher de rire en voyant la mousse qui s'était déposée sur le dessus des lèvres de Louise et faisait office de moustache désormais.

— Tu manges comme un cochon.

Le doigt qui essuya les lèvres de Louise la perturba. Le soir du 24, la proximité dont avait pu faire preuve Geoffrey ne l'avait pas troublée. Car ils avaient été tous deux happés par une folie soudaine et avaient bu. Mais désormais que ce contexte était fini, elle était surprise de voir que le rockeur restait le même.

Un Noël Rock'n'roll (Prochainement autoédité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant