18 - M'dame la névrosée dans les vinyles ?

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Faire le tour des boutiques de vinyles, c'était le passe-temps favori de Baptiste. Cependant Baptiste étant occupé avec sa future femme, le musicien avait demandé à Geoffrey de trouver un titre pour lui.

Pour la bringue qu'il comptait donner pour la fête de l'acceptation des fiançailles, il lui fallait absolument ce titre. Puisque cela avait sonné comme une corvée, Geoffrey avait proposé un tir à la courte paille entre les gars. Et le perdant s'était avéré être le chanteur.

Seulement si Geoffrey avait vu ce coup de main comme une malédiction au départ, il avait finalement commencé à apprécier de faire le tour des boutiques de vinyles de la ville. Ce côté ancien, ce côté rock'n'roll, c'était plaisant à voir et à entendre.

Ceci dit, son taux d'intéressement avait carrément été multiplié par dix en entrant dans la septième boutique de la ville. Pourquoi ? Parce qu'à cinq mètres de lui, une silhouette lui avait paru familière.

Tranquillement et en ignorant les regards appuyés de deux jeunes femmes à l'entrée de la boutique, il avait commencé sa petite ronde. La cible lui tournait le dos, mais même ainsi, Geoffrey savait qu'il s'agissait de Louise. Ces cheveux attachés en une queue de cheval (retour des coiffures pourries), cette façon de bouger les épaules, ce cambré, ces fesses... C'était bien celle qui s'était enfuie comme une voleuse le matin de Noël.

Tout cela, grâce à Baptiste. Que la vie était bien faite !

En tâchant de feindre s'intéresser aux vinyles qui l'entouraient (oui, il leur avait trouvé un certain intérêt, mais à côté de celle qui l'avait accaparé le temps d'une nuit, il n'y avait pas photo), Geoffrey s'était approché des jeunes femmes qui discutaient.

Louise lui tournait le dos et c'était très bien ainsi. Car elle n'aurait pas la possibilité de lui échapper comme ça.

Ce que n'avait pas prévu le chanteur cependant, c'était que l'autre blonde le remarque. Tiens donc, n'y avait-il pas là un petit air de famille ? Une cousine ?

Après avoir abandonné son projet de se rapprocher avec discrétion, Geoffrey avait choisi de jouer sur la carte du client qui venait demander un renseignement. Et voilà ce qui nous amenait au présent. Geoffrey, à un mètre du dos de Louise, s'adressant à la vendeuse mais espérant secrètement que sa névrosée se retourne.

— Bonjour, répondit la vendeuse gracieusement. Est-ce que je peux vous aider ?

Elle faisait bien de poser la question. Elle lui tendait une perche. Une perche que Geoffrey allait attraper et avec laquelle il avait envie de jouer.

— Euh oui en effet, je me demandais si vous auriez l'album de m'dame la névrosée. Après s'il y a pas, m'dame pull de Noël, je prends aussi. Mais je veux pas m'dame je-fous-le-camp-au-matin-de-Noël.

La pauvre vendeuse ne sut pas quoi répondre, même si ses yeux se posèrent sur Louise. Visiblement, elle avait compris que Geoffrey ne demandait pas vraiment des titres.

— Je... je vais vous laisser entre vous hein, souffla la grande blonde (oui, elle était plus grande que celle qui avait squatté son taxi).

Geoffrey vit le mouvement de main de Louise. Celle-ci avait essayé de rattraper la vendeuse.

— Garance, souffla-t-elle.

Garance... Ce prénom lui disait quelque chose. Louise l'avait mentionné une fois dans la soirée. Mais oui bien sûr, Garance, la grande sœur. Voilà pourquoi Geoffrey trouvait un petit air de famille.

— Alors, tu te décides à te retourner ou bien je vais devoir faire le tour de la boutique pour croiser ton regard ?

En tout cas, la jeune femme était toujours autant réceptive à sa voix. Les frissons qu'il venait de voir le lui prouvaient.

Un Noël Rock'n'roll (Prochainement autoédité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant