Chapitre 8 : Lutte

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Les jours suivants avaient été horriblement longs et difficiles, ils étaient rythmés par l'attente des hiboux de Blaise. Le reste de mes journées n'étaient ponctuées que par des crises de larmes, et des interruptions avec des siestes en raison de la fatigue qui accablait mon corps après les pleurs.


J'en voulais à la terre entière, Draco avait raison, j'aimais me contempler dans la noirceur de ma vie, c'était presque habituel. Reading avec Blaise et Hermance n'avait été qu'une parenthèse, et j'en venais à penser que je n'étais pas faite pour cela. Peut-être que certaines personnes ne sont tout simplement pas faite pour réussir à vivre de façon épanouie, ma présence sur terre n'était rythmé que par la lutte, je luttais pour tout et contre tous.


Pire encore dans cette souffrance, c'est qu'ici, je n'étais pas légitime d'en vouloir à tous. Pour la première fois, je m'étais imposé seule la tournure dramatique de ma vie. Il n'était plus question de la maltraitance de mes parents, ni même d'une fichu Prophétie, ou encore d'un accident terrible arrivant à une amie d'enfance. Aujourd'hui, la souffrance reposait seulement et simplement sur la conséquence de mes choix.


La nuit commençait enfin à tomber, cela rendait plus justifiable le fait que j'étais dans mon lit. Je ne me levais que pour aller chercher le courrier de mon compagnon. Ma chambre était dans un état déplorable, je me rendormais le soir dans les draps emmêlés de la veille, c'était désagréable, et cela m'était égal. Des mouchoirs étaient répandus par dizaine au-dessus de ma couette et sur la table de nuit, c'était sale, et cela m'était égal. Je n'avais même pas osé me regarder dans un miroir. Je n'avais plus aucune notion du temps, je n'avais donc aucune idée des jours passés depuis Pré-au-Lard. Ma fille et Blaise me manquaient, mais plus de la même façon qu'avant, la douleur semblaient vouloir prendre le pas sur tous mes autres sentiments.


Mes paupières me brûlaient, elles étaient lourdes et collantes tant j'avais pleuré. Je fermais les yeux attendant de m'endormir, priant intérieurement pour réussir à le faire rapidement, afin de fuir ne serait-ce que quelques heures la souffrance et la culpabilité. Mais un bruit régulier contre les carreaux de la chambre m'a incité à réouvrir les yeux, seules les réverbères extérieurs éclairaient la pièce. Je ne fermais pas les volets parce que je n'avais pas besoin de distinguer le jour de la nuit, qu'importe, je restais dans mon lit. Un hibou me fixait avec de gros yeux, une lettre attachée à la patte.


Pour la première fois depuis ce qu'il semblait être une éternité, je fus prise par un relent d'énergie, au point de sortir précipitamment du lit. Tout aussi rapidement que ma sortie des draps, une angoisse accablante avait prit part dans l'entièreté de mon corps, rendant ma gorge sèche, mes mains moites et mes jambes lourdes. J'avais eu des nouvelles au petit matin de Blaise et Hermance, de bonnes nouvelles hormis le fait qu'Hermance continuait d'être froide avec son père et ne voulait m'écrire. J'avais donc crainte qu'une annonce de ma famille n'ai pu attendre le lendemain et justifie ce courrier précipité. Ce n'est qu'en retournant l'enveloppe et en voyant le sceau que j'ai compris qu'il ne s'agissait pas d'eux mais du Ministère de la Magie. Je n'avais pas eu de nouvelles de cette institution depuis si longtemps, que j'en avais presque oublié l'existence.


En raison de mes tremblements j'ai ouvert avec difficulté le parchemin. Tout en poursuivant ma lecture je suis allée m'asseoir sur mon lit défait. La lettre était signée par Hermione Granger, ce que l'on disait était vrai, c'était désormais elle qui était à la tête de cet établissement.


Hermione m'indiquait qu'elle devait s'entretenir avec moi, pour me parler, nous parler, avec Draco. Parce qu'elle avait rapidement pris connaissance de la situation et des « rumeurs » qui circulaient à Poudlard. Seulement, étant la meilleure amie d'Harry je me doutais bien qu'elle était en mesure de savoir qu'il ne s'agissait pas de rumeurs et qu'elle avait connaissance elle aussi de la Prophétie. Elle terminait sa lettre par le fait qu'elle ne jugeait pas la situation mais qu'elle ne pouvait fermer les yeux sur ça en vue de la tournure potentielle que cela pourrait prendre. Les mots qu'elle employait me faisaient avaler avec difficulté ma salive. J'ai refermé la lettre rapidement et je l'ai jeté au sol avant de ramener les draps sur moi. Je voulais ignorer et n'avoir jamais lu cela, mais c'était sans compter sur le flot de pensées qui s'étaient désormais mises en action dans ma tête. Je n'allais définitivement pas trouver le sommeil.


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