Chapitre 1 : Hibou Grand Duc

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Assise dans l'un des fauteuils de notre Manoir, une couverture sur les jambes que venait de me déposer Blaise avec un café froid. Je feuilletais un vieux livre que j'avais retrouvé en défaisant nos cartons, mais je n'étais pas en mesure de me concentrer sur l'histoire, je ne faisais que tourner les pages, les yeux vagabondants sur les lignes, sans ne prendre la peine de les lire.


Nous étions arrivés dans cette demeure fin juillet, mais l'absence d'Hermance me faisait fouiller dans les derniers cartons auxquels je n'avais pas encore porté intérêt.


Blaise, lui, était derrière le dossier de mon fauteuil et alternait entre des caresses sur mes épaules et des baisers tendres sur mes joues.


Le calme fut de courte durée puisqu'un bruit régulier est arrivé en provenance de la porte. Il m'a fait signe qu'il s'en chargeait, tandis que je refermais mon livre et levais la couverture de mes jambes pour me lever de l'endroit où j'étais jusqu'alors assise. Je n'aimais pas particulièrement cette situation. Hermance était à Poudlard depuis seulement deux jours et un rien m'angoissait, c'était atroce de l'avoir loin de moi, une douleur aiguë dans la poitrine en permanence et des poumons qui ne semblaient plus vouloir se remplir entièrement d'air. J'étais à vif, sur la défensive et bien que Blaise tentait de m'épauler du mieux qu'il pouvait, personne d'autre que ma fille aurait pu apaiser ce sentiment.


J'avais été bête de penser souffrir plus jeune, bien sûr, je souffrais, mais il n'en était rien comparé à maintenant. On comprend ce qu'est la peur, l'amour, et encore un tas d'autres émotions, lorsqu'on donne la vie. J'avais détesté davantage mes parents en croisant pour la première fois le regard d'Hermance, parce que rien n'était plus facile que d'aimer son enfant, mais eux, n'avait jamais su, ou voulu, le faire.


Blaise est revenu dans la pièce en traînant des pieds et je l'attendais impatiente.


- Rien d'imprévisible, j'étais même étonné que ce ne soit pas arrivé plus tôt. Sa voix était sèche mais plus douloureuse que colérique.


Je me suis tourné rapidement vers la fenêtre pour confirmer mes idées, et j'ai alors vu un hibou Grand Duc prendre son envol.


Rien d'imprévisible, en effet.


- On savait que c'était un risque à prendre non ?


Je m'avançais tendrement vers lui pour déposer un baiser sur ses lèvres avant de lui retirer la lettre des mains. Puis je repris la parole.


- Mais on en a suffisamment parlé, il n'y aucune raison que tout cela change.


- Cela ? Blaise fronçait les sourcils.


- Nous.


Je suis retourné m'asseoir et j'ai ouvert la lettre difficilement en raison du sceau de cire qui celait l'enveloppe. Celui-ci portait ses initiales et l'emblème de sa famille, j'ai levé les yeux à cette vision. C'était le genre de détail auquel les Malfoy prêtaient attention, vouloir marquer leur famille de la sorte, partout, à la moindre occasion.

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