Chapitre 23 : Éloignement imposé

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Point de vue de Draco


Je n'ai jamais ressenti une telle douleur.


Ma main est suspendue au-dessus de son visage, elle s'est immobilisée juste après que j'aie fait le constat de sa peau glacé.


J'ai lancé un regard oblique en direction de son corps inerte puis j'ai reporté mes yeux sur mon bras encore surélevé.


Mes poumons continuaient de s'emplir d'air tandis que mon cœur battait toujours. Mais moi, j'étais paralysé. Incapable d'orienter quelconque action.


Le monde continuait-il de tourner sans moi ? Où étais-ce moi qui vivais dans un environnement désormais figé ?


J'ai, à nouveau, regardé Hadès.


Elle semblait paisible, portée loin de toute contrariété.


Mon poignet s'est mis à me tirailler, mon sang n'affluait plus dans mon bras, et ma main était engourdie.


Par Merlin, pourquoi étais-je incapable de réagir ?


Elle reposait juste face à moi, pour autant, aucun son, aucune larme, aucun mouvement de ma part, n'était entré en jeu.


J'ai déjà songé que dans un cas similaire, j'aurais été capable d'une réaction héroïque, sauvant celle que j'aime rapidement et agilement.


Mais le cas similaire est devenu cas concret, et je demeurais immobile, toujours dans cette même position ridicule.


- Tu n'es pas p... Pa... Partie. Ne me... Ne me torture pas. Tu ne peux p...


Une larme a enfin décidé de s'échapper.


- Tu... Tu es Hadès... Je... Je ne...


J'ai brusquement arrêté mes supplications, croyant ressentir quelque chose au-delà de mes fourmillements.


Cela avait été une sensation presque imperceptible, tant elle était infime.


Cela me faisait penser à une caresse.


À un souffle.


À défaut de sentir le sien clairement, le mien s'était rompu face à un espoir immense.


Mon premier mouvement a alors été lorsque j'ai approché la paume de ma main juste en dessous de son nez.


- Allez Hadès. Allez. Ai-je murmuré. Allez... Je...


Rien ne s'est produit.


J'étais doucement en train de prendre conscience de la situation. Et j'avais peur.


Ma main, à proximité de son visage, s'est mise à trembler et les larmes ont pris place sur mes joues sans aucune retenue.


J'étais traversé par une quantité d'émotion qu'elle ne ressentirait plus jamais.


Saisi de panique, je me suis levé précipitamment pour m'éloigner à reculons, le plus possible du lit. Mon dos a heurté violemment le bureau en bois, me coupant davantage la respiration.


J'ai continué de fixer attentivement sa dépouille.


Puis, incapable de tenir plus sur mes jambes, je me suis effondré sans aucun ménagement.


Dans une telle position, je me sentais faible, facilement atteignable. J'ai eu l'impression de retrouver celui que j'étais enfant, lorsque mon âme innocente a commencé à être atteinte, salie, pervertie, contre mon gré. Lorsque je fuyais les idéaux de ma famille que je ne saisissais pas encore très bien.


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