Chapitre 16 : Fuite

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J'ai émergé du sommeil accompagné des souvenirs de la veille. Mes paupières lourdes et gonflées, illustraient mes nombreux pleurs.


J'étais présentement dans mon lit, mais jusque très tard, j'étais restée sur le sol, devant les toilettes. Draco ne m'avait pas quitté des yeux, et pourtant, ce n'était pas faute de l'avoir repoussé. J'avais alterné entre crises de larmes et crises de nerfs, si bien que je ne me souvenais pas de tous mes propos. Je me rappelais seulement n'avoir eu aucune limite à son égard, et aujourd'hui, je n'en éprouvais pas le moindre regret.


Il était resté silencieux, et n'avait pris part à la conversation à aucun moment, comme s'il était résigné à être traité de la sorte. Il ne m'avait pas non plus expliqué son agissement, ce qui, en soit, avait été un gain de temps pour lui comme pour moi. Je ne voulais pas entendre ses raisons, rien ne pouvait justifier ce qu'il avait fait. Et il devait lui aussi le savoir, sans quoi il aurait tenté de s'exprimer.


J'ai cessé de fixer les moulures de la pièce pour orienter mes yeux en direction de la fenêtre, le ciel était gris et rendait le soleil à peine perceptible. J'ai usé du peu d'énergie en ma possession pour sortir des draps. Je n'avais pas la moindre envie de le revoir, pas la moindre envie de faire face à cette réalité.


Hier, j'avais fini par m'habituer à sa présence dans les toilettes, non pas que je l'acceptais, mais épuisée, j'avais capitulé. Cependant, après ces quelques heures de sommeil, c'était différent. La situation était gênante et la colère m'avait regagnée, l'angoisse aussi.


J'ai ouvert la porte de ma chambre pour me rendre dans le couloir, et j'ai été immédiatement saisie par le froid ainsi que par le silence. Le Manoir semblait vide.


Avait-il quitté le lieu pour se rendre à ses occupations secrètes ?


Si c'était le cas, c'était une bonne initiative de sa part.


Au rez-de-chaussée, le feu de la cheminée n'était pas allumé, ce qui justifiait la température de la demeure. La dernière fois que j'avais eu connaissance de l'absence de flamme, c'était parce que Draco était complètement ivre dans son fauteuil. Son fils inquiet m'avait envoyé un courrier, et bien sûr, j'avais accouru.


- J'aurais mieux fait de te laisser agoniser dans ton propre vomi. Crachais-je à l'attention du fauteuil vide.


Je suis entrée dans la cuisine glaciale, qui était tout aussi vide de bruit, et de présence.


- Je vais mourir de froid avant de te faire payer tes actions, cela se tient, c'est rusé.


J'ai rapidement consulté l'horloge, celle-ci affichait quinze heures passée, à ce constat, un nœud d'angoisse s'est installé dans mon estomac.


J'avais dormi tout ce temps ?


Je devais absolument écrire à Hermance, et lui faire une description détaillée de cette horrible femme qui lui servait de grand-mère. Je devais lui interdire le moindre échange avec cette dernière. Elle n'avait pas cherché à me menacer uniquement dans le but de me blesser et de m'angoisser. J'avais suffisamment d'expérience pour savoir qu'elle allait agir. Elle voulait retrouver ma fille, et j'avais bien peur d'en connaître les raisons.


La colère que j'avais ressentie au réveil se faisait désormais dévorer par l'angoisse, de tous mes sentiments, celui-ci était prédominant, et ce, depuis le jour où j'avais donné la vie.


Il y avait ces mêmes parchemins vierges disposés sur la table de la cuisine, ceux que j'avais remarqués lors d'une de mes visites au Manoir. Draco ne les avait jamais déplacés.


Inlassablement 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant