Chapitre 4 : Pensées nocturne

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Hermance était repartie ce matin à Poudlard, mais je n'avais pas croisé Scorpius, ni même son père. Ils étaient probablement arrivés avant nous, peut-être après, nous n'avions pas eu le temps de nous attarder sur ce point puisque notre fille nous avait rapidement fait ses au revoir, nous faisant gentiment comprendre qu'elle voulait que l'on parte, à cela s'ajoutait l'inconfort que semblait ressentir Blaise depuis que nous avions quitté notre demeure. Je ne voulais pas lui en imposer davantage, il faisait beaucoup pour moi, pour Hermance. Je le savais, j'étais en train de repousser ses limites, et je voulais prendre soin de lui au même titre qu'il le faisait pour nous depuis toutes ces années. Alors j'ai raisonnablement quitté la gare avant que le train ne parte, même si je mourrais d'envie de profiter de ces derniers instants avec ma fille avant qu'elle ne retrouve le château.


Lorsque nous sommes entrés dans notre Manoir, l'atmosphère était pesante, un mur semblait s'être dressé entre Blaise et moi. J'ai donc passé la journée à défaire nos derniers cartons, m'efforçant de prendre mon temps, pour que cela dure, pour que je reste seule, parce que je n'avais pas envie de me confronter à lui.


Le repas du soir a été pris dans un silence morbide, mais je ne crois pas qu'il en avait l'intention, puisqu'il m'avait lancé de temps à autre des regards bienveillants et des sourires doux. Je pense que d'une certaine façon lui non plus n'avait pas envie de se confronter à moi.


Nous avions connu plus d'un moment difficile ensemble, parce que même loin du château et de mes parents, même avec davantage de maturité, j'avais continué de me battre contre mes démons. J'aurais aimé dire que repartir à zéro, recommencer une vie, effaçait tout, mais ce n'était pas le cas. Alors oui, nous avions déjà connu des moments difficiles ensembles.


J'avais tenu pour Hermance, parce que paradoxalement, malgré toutes les ténèbres, je n'avais jamais vu connu un bonheur semblable à celui d'être une mère. J'ai tout donné pour ma fille, tout fait pour elle, au point que j'en avais plus d'une fois oubliée mon couple. Il ne me l'avait jamais reproché, Blaise était entré dans ma vie et avait accepté chaque aspect de celle-ci. Il m'avait aimé pour deux lorsque je n'en étais pas capable, et je dois avouer qu'il avait parfois porté notre couple seul.


J'étais peiné de voir autant de rancœur après tant d'années et tant d'événements. La guerre avait bel et bien finie par éclaté, Astoria était décédée, Draco et moi avions eu une fille, et pourtant même après tout cela aucun de nous semblaient n'être capable d'avancer ensemble. J'étais peiné, mais je ne pouvais pas en vouloir à Blaise, et bien que difficile de l'admettre, je le comprenais.


Moi non plus je ne supporterais pas de le voir avec quelqu'un d'autre, avec quelqu'un avec qui il aurait partagé un lien aussi fort. Ce serait stupide de nier le lien unique que j'avais connu avec Draco. Longtemps, j'avais cru que cela était en raison de notre âge, ou encore en raison du climat de guerre qui pesait sur nos épaules lors de notre relation, j'avais expliqué ce lien par diverses raisons, mais aucune n'étaient à la hauteur de ce que nous avions vécu, rien ne pouvaient l'expliquer. Seule peut-être la Prophétie, peut-être que ce lien résidait dans une magie que nous ne pouvions controlé.


Cependant, les quelques échanges que j'avais eue avec Draco depuis nos retrouvailles me donnaient l'impression d'avoir perdu ce lien, c'était comme si nous avions changé davantage que l'amour que nous nous étions, un jour, porté. J'avais l'impression de ne jamais avoir connu cet homme, il était différent en tout point. J'avais le sentiment d'avoir un passé commun avec lui et un présent par le biais d'Hermance, mais de ne plus avoir ce lien inexplicable.

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