Chapitre 22 : Le commencement

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Point de vue inconnu

Quelques mois avant le décès d'Astoria


J'ai vagabondé de longues heures dans la ville avant de trouver cet endroit.


J'avais déniché le nom de l'établissement dans ses affaires.


J'ai détesté perdre mon temps à lire ses documents, et ses journaux, en fait, je détestais tout ce qui le concernait, de près ou de loin.


Mais pour atteindre mon but, pour pouvoir me venger, je devais prendre connaissance de ce monde.


Face au bâtiment, j'ai poussé un profond soupir, ma jambe me faisait souffrir. Je me déplaçais rarement à pied, en raison de ma mobilité réduite.


Or, je n'avais guère eu le choix, ici, je n'avais personne pour m'aider.


Tout compte fait, ici ou ailleurs, je n'avais personne.


Je me suis assise un instant sur le banc en bois, au plus proche de l'établissement.


J'avais besoin d'un moment.


J'étais enfin arrivé à cette journée que j'avais tant imaginée et ressassée, au point d'en connaître toutes les nuances.


Il était temps que je vive et je savais par avance que le chemin serait long et laborieux. Ces heures, exposées auprès des passants, me l'avaient démontré.


Je n'agissais pas comme eux, j'étais effrayé par le bruit des voitures, éblouie par la lumière des vitrines... Je me sentais novice de la vie en elle-même.


Pourtant, ce n'était pas ce chemin qui m'était prédestiné. J'avais des rêves, des projets, j'avais de l'ambition.


Mais elle m'a tout prit. Et lui aussi, il m'a arraché de tout.


Péniblement, je me suis redressé du banc, et j'ai traversé la route jusqu'à Saint-Mangouste.


Lorsqu'on recherche quelqu'un dont on ne connaît plus rien, l'hôpital devient le premier choix d'une longue liste de possibilités.


On y était.


J'ai poussé l'imposante porte, et aussitôt arrivé dans le hall, j'ai plusieurs fois été bousculé tout en interceptant à la volée quelques excuses du personnel.


Il devait y avoir une urgence.


Instinctivement, j'ai tourné la tête en direction d'un endroit où je pouvais m'isoler. La plupart des fauteuils étaient déjà occupés, mais l'un d'eux demeurait libre. Je ne me suis pas fait prier davantage.


De ma position, j'ai vu plusieurs personnes en blouse continuer de se précipiter au fond d'un couloir.


Gênée d'observer un tel événement, j'ai orienté mon regard auprès de mes voisins, mais constater leur pathologie ne rendait en rien la situation moins gênante, bien au contraire.


Une femme se tenait l'oreille, qui avait pris une ampleur considérable, elle lançait des regards menaçant à l'homme à sa gauche.


- Ne me regarde pas ainsi !


- Je voulais t'aider... Je...


- Dis-moi à quel moment pointer ta baguette sur moi et m'accabler d'un sort, était une aide ?!


- J'ai vu cette chose à ton oreille et j'ai pensé que tu étais coincé...


- CE SONT DES BOUCLES D'OREILLES, tu me les as toi-même offertes !!!!


Inlassablement 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant