Prologue

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Les traits tirés de la femme d'âge mur trahissait son train de vie bien plus actif que le permettait son âge. Pourtant, il se dégageait toujours d'elle une aura éblouissante et fraîche, particulièrement présente ses dernières semaines. En effet, la matriarche de la famille Logan allait bientôt pouvoir assouvir un de ses penchants les plus récurrents : son insatiable désir de nouveauté culinaire.

Quelques temps après qu'Eliot, son fils bien aimé avait été élu juge de ce concours d'entrepreneurs qui cette fois-ci devait récompenser le meilleur crémier, elle avait élu domicile dans sa luxueuse demeure dans la zone la moins fréquentée de New Town, attendant avec impatience cet évènement qui allait lui apporter sur un plateau d'argent le meilleur beurre qui soit.

Sortant de sa chambre dans son élégante robe noir, elle avançait cantonnée dans ses mufles dans les couloirs avec la grâce et l'agilité d'une jeune femme de vingt ans à la recherche de son fils. Sans chercher outre mesure, elle alla directement vers cet endroit qu'elle ne connaissait que trop bien pour entrer sans toquer dans la pièce où elle était sûre de trouver son cher Eliot.

De ses trois enfants, il était celui qui ressemblait le plus à son père autant dans son apparence à la fois élégante et virile que dans son caractère bien trempé. Avec son aura naturellement imposante, ses airs de seigneur de guerre, sa classe non feinte, sa finesse innée et par-dessus tout, sa chevelure rousse sombre et son teint pâle, Eliot Logan était le troublant sosie du mari de Diana.

Il avait aussi hérité de son père son leadership et son flair pour les affaires. Pencher sur ses dossiers, il examinait sans doute le bilan trimestriel des performances de ses employés avec cette minutie qui lui était propre de même que ce pli qui lui apparaissait entre les sourcils.

-            Bonsoir maman, dit-il de son éternel ton mesuré les yeux rivés sur ses chiffres. Que se passe-t-il ?

-             Eh bien ton père a appelé, soupira Diana en s'asseyant sur un des sièges faisant face à son fils. Il menace de venir me chercher de force si je ne rentre pas tout de suite.

-          Et que comptes-tu faire dans ce cas ?

Soudain intéressé par la tournure des évènements, il posa ses mains jointes sur la table en fixant son regard azur sur sa mère. Il aimait sa mère d'un amour inquantifiable mais il fallait qu'elle parte de chez lui au plus vite. Dans le cas contraire, il allait devenir fou à la voir entrer partout sans frapper ou encore s'incruster partout et tout le temps. Pour en revenir à ce qu'il disait plus tôt, il aimait sa mère plus que tout mais s'il devait choisir entre sa mère et son intimité, il choisirait son intimité sans hésiter.

-           Je veux que tu l'appelles et que tu le convainques de me laisser rester encore un peu, implora-t-elle les yeux exagérément triste plongés dans ceux de son fils.

-            Ecoutes maman, je n'en ferai rien du tout, lança-t-il totalement insensible à sa manœuvre avant de se replonger dans ses dossiers.

-              S'il te plaît mon garçon ce concours est seulement dans quatre jours.., implorait-elle toujours.

-               Et tu peux tout aussi bien l'attendre dans les bras de ton mari que tu as laissé pour venir t'assurer que je mette bien ton beurre dans les grands pots que tu as apporté avec toi.

Diana Logan blasée de la réaction de son fils qu'elle interprétait comme une trahison sortit boudeuse de la pièce sans un regard pour un Eliot complètement indifférent, trop coutumier de ce genre de frasques.  Le but d'Eliot Logan en se rendant à cet évènement était non seulement de juger un concours, mais aussi de parrainer l'entrepreneur qui lui semblerait suffisamment digne de son intérêt.


-             Ma chérie ? Ton père et moi avons tout préparé pour ton voyage. Nous tenions à te dire combien nous sommes fiers de toi et de la jeune femme magnifique et ambitieuse que tu es devenue. Tu es si jeune et déjà tu t'envoles vers un autre continent pour assurer l'expansion du business familial. Si tu avais eu des frères, tu aurais été un parfait exemple. 

La matriarche de la famille Khalifa était émue et fière de sa jeune fille déjà si indépendante pour son âge. A seulement 23 ans, elle avait tout pour elle et dans leur culture, une jeune femme aussi instruite et belle restait rarement célibataire jusqu'à cet âge. Le teint cuivré, le visage ovale et les traits harmonieux, Dior était la beauté peuhle par excellence mais à la vie de femme au foyer, elle avait préféré celle de future dirigeante de Di-laiterie, la société de son père, qui avait fait sa richesse et sa renommée sur toute l'étendue du territoire  béninois. C'était leur dernier dîner en famille car le lendemain, Dior devait se rendre à l'aéroport en direction de l'Ecosse qui si tout se passait bien deviendrait leur prochaine implantation professionnelle.

-             Arrête ça s'il te plaît Aicha, tu la mets mal à l'aise, réprimanda gentiment Marwan le patriarche à sa bien-aimée le regard rieur.

- Je n'ai qu'une hâte, vous rendre encore plus fier en décrochant ce contrat, sourit Dior le regard déterminé.

La jeune femme n'avait jamais rien connu d'autre depuis sa plus tendre enfance. Sa vie se résumait à l'école, la culture sur la laiterie et l'entreprise familiale. Elle n'avait d'ailleurs jamais été intéressée par autres choses si ce n'était la musique qu'elle préférait d'ailleurs écouter que jouer et faire de la danse avec sa mère quand celle-ci n'écrivait pas.

En bref, ce concours était pour elle l'occasion de prouver à son père ainsi qu'à ses vautours d'oncles qui n'attendent rien d'autres qu'une erreur de sa part pour lui arracher son droit de succession qu'elle avait les épaules pour diriger. Elle espérait trouver ce qu'il lui fallait dans ce pays si unique et elle n'allait pas être déçue.     

Sous le Ciel d'EdimbourgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant